Justice League n'est pas une œuvre comme les autres, une œuvre au destin chaotique, abimée, crucifiée pour être finalement réhabilitée avec une version inespérée de son réalisateur d'origine. Son visionnage pouvait paraitre intimidant, de part le chemin de croix de sa gestation, mais également pour le visionnage, 4h tout de même, en format 4/3, un format assez inédit, surtout pour un film d'action super heroique.
On se lance, un peu sur la réserve, surtout après avoir vu la version cinéma, catastrophique pour ma part, de 2017. Et après quelques minutes, la magie opère, la formule de Zack Snyder semble transfigurer les plaies de son bébé originel.
Une première évidence, rassurante, c'est la qualité visuelle, graphique si significative et propre au réalisateur. Il nous a habitué, au fil de sa filmographie, à identifier et comprendre le sens de sa mise en scène mais ici cela sonne comme un aboutissement.
Comment ne pas citer son cercle chromatique, sa gestion des teintes. On est face à une œuvre obscure, tenebreuse, tout est ici nuances noires voir bleutées, et paradoxalement l’expérience est cathartique, vidée de ses impuretés, claire, limpide, laissant place à de subtiles teintes orangées pour les lumières, comme une chaleur évanescente émanant de la torpeur.
Mais personnellement, ce qui me touche profondément chez Zack Snyder, ce sont les cadrages sur ses personnages. On touche a une vision religieuse, des héros devenus christiques au milieu d'un purgatoire tourmenté, balayé par les flots de la violence et la perdition. Chaque séquence devient une toile, une œuvre d'art, un nombre d'or savamment étudié, une situation de glorification fragile et éphémère de justiciers profondément humains par leurs doutes, leurs décisions et leurs actes.
Ces 4 heures de film permettent de développer avec plus de profondeur les personnages, qu'ils soient de la Justice League comme leurs pendants destructeurs.
Quel plaisir de découvrir cyborg et flash la où on les avait perdu dans la version cinéma. J'ai beaucoup aimé l'entrée en matière de Barry Allen, une scène spectaculaire mais également emplie de poésie. Ce personnage, avec ses réactions spontanées et juvéniles met une touche de candeur, dédramatise la situation désespérée du film et cela est plutôt bienvenu.
Cyborg voit aussi son histoire s’épaissir, avec la relation complexe entretenue avec son père. Un personnage tiraillé entre son âme meurtrie et son corps profondément modifié et qui cherche sa place, et son identité.
Steppenwolf a aussi bien plus d'allure, et devient un ennemi incontestable au même titre que Dark Seid qui apparait enfin, en antagoniste ultime de l humanité.
La musique est un important changement dans cette version. Étant très sensible aux OST, et considérant qu'elles sont un élément majeur à la réussite d'un film, celle si est un bonheur surtout si on la compare a la partition de Danny Elfman. Elle s’intègre parfaitement aux diverses situations, entre moments épiques et instants d’émotions. Song to the siren est magnifique d'ailleurs ! On retrouve également les thèmes propres a Superman et Wonder Woman, une continuité qui donne un peu plus de consistance au DC universe.
C'est un plaisir non dissimulé de voir enfin les super heros DC comics s'affranchir de leur version d'origine et s’épanouir sous la patte de Zack Snyder.
Un grand merci a lui pour avoir offert une crédibilité et de l'attrait a un univers auquel il a tant donné, après Man of Steel, Batman vs Superman.
Alors oui, le film est certainement loin d’être parfait, j'en suis conscient mais une restauration pareille fait chaud au cœur,
surtout pour un vieux fan et ses yeux d'enfant devant les super héros qu'il aime tant.