La voici donc, l'une des « perles rares » du festival d'Annecy 2020 ! Alors, je ne dis pas : il est toujours possible de trouver un peu « généreux » ce Prix Contrechamp et du jury SensCritique pour ce qui est « seulement » un vrai bon film, m'offrant, au passage, l'occasion de découvrir pour la première fois un titre letton. C'est vrai, je n'irais pas jusqu'à parler de coup de cœur pour « My Favorite War », en définitive assez consensuel et probablement pas la plus originale ni la plus audacieuse des œuvres présentées durant la quinzaine. N'empêche, celle-ci a suffisamment d'atouts pour se rendre incontournable au milieu d'une sélection décevante dans les grandes largeurs. D'abord, je la trouve très cohérente. Pas ou peu de défauts gênants qui nuiraient au visionnage ou au plaisir que nous avons à la suivre pendant 80 minutes. Le scénario est bien structuré, faisant le choix d'une approche calme, apaisée pour un sujet pourtant difficile : une enfance en Lettonie sous le joug de l'URSS durant la Guerre froide. On ressent celui-ci sans qu'il soit écrasant, permettant ainsi aux personnages de s'exprimer et, surtout, de sonner juste. Le mérite en revient également aux dialogues, jamais surécrits, permettant de rendre crédible les différentes situations, échanges, notamment dans la relation unissant l'héroïne et sa mère, loin des excès habituels, au contraire d'une douceur lui faisant honneur. Certaines scènes sont ainsi particulièrement justes, avec un regard jamais simpliste ou caricaturale sur ce que peut être cette période de la vie, avec des aspirations d'enfant puis d'adolescente ressemblant vraiment à celles que l'on peut avoir à cet âge. Il y a vraiment un bel équilibre, y compris dans les intégrations « live », courtes et avisées, rappelant sans lourdeurs la dimension documentaire de l'entreprise. Enfin, elle n'a l'air de rien comme ça, mais cette animation simple se révèle en définitive assez élégante, précise, bien appropriée au sujet et à cet esprit de liberté, d'émancipation, la scène où
Ilze s'exprimant ouvertement lors d'une rédaction en pensant, suite à une incompréhension, que l'on peut s'exprimer librement en URSS
restant un moment assez touchant. Bref, s'il n'est pas interdit d'y voir un vainqueur par « défaut », n'enlevons pas ses mérites à « My Favorite War », film intelligent et avisé, pas très grand public mais suffisamment pour séduire une grande part du public qui se laissera tenter : sensible.