Une gentille petite comédie romantique qui résume parfaitement, à elle seule, ce que devait être un film sur la Maison Blanche dans les années 90. On retrouve, ainsi, un Président Américain charismatique en diable et sexy, doublé d’un homme courageux (même lorsqu’il prend des décisions difficiles) et humain, qui a dû surmonter le deuil de sa femme et élever sa fille seule. L’homme est, également, montré sous un angle moins reluisant puisqu’il n’élude pas les manœuvres politiciennes dont il s’est servi… mais ses menus défauts ne sont rien par rapport à l’intégrité de l’homme et au bien qu’il fait à la Nation. Bref, un homme parfait comme l’Amérique les aime tant (le mythe de Kennedy plane sur tout le film) et une fonction respectée par tous… sauf par le "méchant" sénateur républicain qui veut son poste, et qui est, donc, intronisé "politicard sans morale" ! Un tel portrait ne peut que faire sourire aujourd’hui tant il est caricatural et peu crédible, ne serait-ce qu'en raison des "exigences" du poste. Mais, paradoxalement, près de 20 ans après, le film ne manque pas d’un certain charme, avec sa mise en scène sage, ses décors si propres et sa BO archétypale, au point de faire penser, toutes proportions gardées, aux films de Franck Capra. On retrouve, en effet, cette invraisemblable innocence et cette légèreté si confortable. On se prend, ainsi, à sourire, voir à rire devant le décalage existant entre la fonction présidentielle et les velléités de normalité du Président (voir sa tentative d’acheter des fleurs) ou encore sur les différentes gaffes de la fameuse Miss Wade. A ce titre, le film peut compter sur le charme de ses deux interprètes vedettes, que ce soit Michael Douglas en Président plus que parfait à la coupe de cheveux impeccable ou Annette Benning en militante pleine de fraîcheur et de spontanéité. On en oublierait presque la crédibilité du coup de foudre de cette avocate écologiste pour le dirigeant d’un des pays les plus pollueurs du monde parait, en effet, assez invraisemblable, surtout au vu du projet de loi qu’elle est censée défendre. Pour autant, on se laisse gentiment porté par cette love story, atypique sans être vraiment originale… où le cynisme et la raison d’Etat n’ont visiblement pas droit de citer. Autre point fort du film, la qualité de ses seconds rôles, surtout pour ce genre de production. On retrouve ainsi Martin Sheen en conseiller présidentiel et surtout ami de longue date (dont le rôle est d’humaniser un peu plus le personnage du Président), Michael J. Fox en chargé de communication en perpétuel désaccord avec les choix du Président ou encore Richard Dreyfuss en adversaire politique immoral. Enfin, malgré le bon sentiment ambiant, le scénario réussit à s’achever de façon plutôt intelligente
puisque, plutôt que de dévoiler le résultat de d’élection, il préfère laisser le spectateur dans l’incertitude de la réélection du Président
. Au final, même s’il ne restera pas comme le plus grand film de Rob Reiner (qui a quand même signé "Misery" et le fantastique "Des Hommes d’honneur"), "Le Président et Miss Wade" n’en demeure pas moins une gentille madeleine de Proust, à la fois caricaturale et charmante… pour peu, bien sûr, qu’on ne soit pas animé d’un anti-américanisme primaire !