Bon, j'ai fini par voir le dernier Kechiche qui me manquait. J'ai mis un peu de temps avant de le voir, sans doute parce que j'avais peur que ça soit moins bon que les trois films suivants qui sont d'une qualité remarquable.
Ici on retrouve déjà tout ce qui fait de Kechiche un des réalisateurs contemporain les plus intéressants et qui font les meilleurs films.
Voilà, on a une tranche de vie, c'est exactement ça, il n'y a pas d'intrigue, pas besoin, on raconte juste ce qui se passe, la vie de ce Jallel fraichement immigré. Il n'en faut pas plus pour faire du cinéma. La caméra virevolte, colle aux personnages, mais surtout il y a un respect pour les personnages, Kechiche filme tout un tas de gens assez différents, mais jamais ils ne sont jugés. Que l'on soit en hôpital psychiatrique, un clochard, un mec un peu violent, etc. Pas de jugement, ils sont tous mis sur un pied d'égalité, pas de bons, pas de mauvais, juste des gens.
Et il faut dire que ça, c'est quand même une putain de bonne chose, ce n'est pas manichéen ni rien, ça se contente d'être vrai. On n'a pas l'impression que c'est joué, on est systématiquement dans le vrai, jamais ça ne sonne faux, jamais il n'y a une fausse note. Le film prend le pari d'être subtil, tout n'est pas dit, finalement il n'y a que peu de dialogues narratifs, beaucoup de scènes se passent en ellipses et le film se concentre sur le principal : la vie.
La fin, je dois dire que je m'y attendais, je ne saurai dire si je l'aime ou non, mais ce que j'aime dans ce film c'est qu'il dure 2h et qu'il y a 2h de tendresse. Tout est prétexte à de la tendresse. Même dans les coups durs il se dégage du film une tendresse hors du commun. Ces gens qui vont s'entre aider, s'aimer. C'est juste beau. Difficile de décrire à quel point on peut se sentir bien dans ce film. Pour une fois que l'on parle de gens qui existent réellement, où le réalisateur se donne le temps de les faire exister...
Ma scène préférée c'est sur la fin, la chanson de Brassens, la fête populaire, l'effervescence, la joie, le tout magnifiquement bien capté par Kechiche. D'ailleurs Kechiche semble se foutre du faux raccord, il y va, la vie immerge l'écran avec le beau et le sublime. Et il reste tous ces regards, ces sourires, ces petites phrases anodines, ce qui fait la vie.
En somme dès son premier film Kechiche confirme qu'il est loin devant les autres.