Premier épisode d’une longue série, Rocky est un excellent film, réussisant l’équilibre délicat entre film de sport, drame, romance, comédie, un mélange des genres qui débouche sur un métrage des plus agréables, presque un chef-d’œuvre.
Presque, car ça reste un film un peu naïf, un peu décousu parfois, qui n’est pas sans quelques maladresses narratives. Néanmoins, ce serait mentir que de dire que Rocky n’est pas une réussite, notamment par son histoire. Loin d’être uniquement un bête film d’action, divertissant mais sans grand enjeu, Rocky s’achemine au contraire sur une voie plus ardue. Il s’attache moins à la boxe qu’à son personnage, et lui apporte beaucoup de volume, prenant le parti de lui écrire une réelle histoire d’amour, de lui bâtir un passé, un présent, de donner des détails parfois incongrus sur son quotidien, bref, on rentre dans la vie d’un personnage, et cela fait que les amateurs d’action seront sûrement déçu de ne pas avoir de combats toutes les cinq minutes. A la fois drôle, touchant, sérieux sans se prendre trop au sérieux justement, Rocky est un très joli film équilibriste, qui sans échapper totalement à la facilité, est nettement au-dessus de ce que je pensais voir. Il y a des passages réellement très réussis (le rendez-vous amoureux côté humour, la relation Young-Shire côté drame…).
Forcément Rocky se devait d’avoir un casting à la hauteur, vu que c’est avant tout un film à personnages. Stallone trouve probablement son meilleur rôle. Celui qui l’a imposé comme une star certes, mais surtout comme un vrai acteur, avec un vrai jeu, bien davantage que Rambo à mon sens. Montrant un vrai talent dramatique et comique, il est touchant, et son rôle est probablement un des mieux dégrossis de ceux qu’il a tenu au cours de sa carrière. Brillant, il est entouré d’une charmante Talia Shire, au jeu subtil et agréable, et de seconds rôles qui deviendront récurrents : Burt Young, très convaincant aussi, et Carl Weathers, assez discret et au rôle peu dégrossi, qui prendra bien plus d’envergure par la suite.
Formellement Avildsen signe son meilleur métrage, avec quelques scènes anthologiques (la scène des poings levés par exemple). C’est nerveux, bien emballé, avec, donc, la présence de motifs devenus archétypaux pratiquement tant ils ont été repris. Esthétiquement peu critiquable, imposant une vraie ambiance (le soin du détail apporté à l’appartement de Rocky révèle à lui seul toute l’attention porté aux décors), et une bande son au diapason. Même si ce n’est pas ici que se trouve, à mon sens, les meilleurs morceaux de la saga Rocky, il y a déjà du très très bon !
Pour ma part, Rocky est un incontournable des années 70, et il méritait son succès et la reconnaissance qui fut la sienne. C’est un film ambitieux, avec une réelle volonté de faire fort et bien. Le résultat a quelques aspérités, mais franchement, il n’y a pas grand-chose à redire. 4.5