A la lecture d’un commentaire concernant le jeu d’un acteur, commentaire qui semble avoir un ton »autorisé », au moins une écriture familière de l’exercice critique, je pense à une réflexion qui me suit. L’écueil « connaissant ».
Ce qui peut « empêcher » le cinéphile érudit (comme le mélomane, le lecteur érudit).
Précisément, la liberté fondamentale dans la réalisation et la production de ce film est peut-être la clef de ce qui en fait à mon sens, un objet artistique.
Tel que le définit Bergson (pardon pour l’érudition :) ), par une définition en creux, négative, au sens littéral.
Définition dépassable sans doute, mais que je livre ici pour l’aimer particulièrement : « Si nous étions en contact direct avec la nature et avec nous-même, nous n’aurions pas besoin de l’art.(…) » Discerner l’art, du divertissement ou de la création « décorative », de cette mise en contact vitale depuis la préhistoire et l’émergence de l’art dans le comportement humain, cette mise en contact avec le réel, le réel existentiel, cosmique.
Cosmique vs cosmétique.
Par son traitement, surtout par le dispositif d’écriture dans son aspect temporel (on pense à Borges), « avec », les fragilités de jeu.
Ces fragilités, que je pense même en partie a u moins, assumées à l’écriture, viennent rapidement donner (au contraire de ce qui peut malheureusement arrêter certains donc), une richesse, en forme de légèreté, en troublant le regard, déjà pris dans les mises en abîmes sensibles, narratives et temporelles du dispositif.
Autrement dit, participe à libérer un peu plus ce regard, s’il y consent, lui permettant mieux de glisser sur le continuum des possibles entre cinéma documentaire et fictionnel.
Par sans doute donc la grande liberté des conditions de production et donc l’urgence respectée, celle indispensable au geste artistique, par la générosité visible dans la réalisation et le jeu justement, l’implication et les prises de risques évidentes, il me semble que ce film est rare et le lieu d’une expérience humaine véritable, dans laquelle je vous souhaite d’être emporté et mis en réflexion sensible, comme on doit sans doute l’attendre de toute production, « artistique », donc.
Une vraie découverte me concernant, et un réalisateur à suivre, si les affres du « système » lui permettent un avenir (français ou « ailleurs »), et que d’éventuels moyens nouveaux ne lui fassent pas perdre ses courages et élans essentiels.