On a grandi avec cette horreur, merci à notre maminette qui s'est trompée en pensant acheter Les 101 Dalmatiens (la pochette de Dingo Pictures est ressemblante, en même temps). Pour nous, Les 101 Dalmatiens, ce n'étaient pas Cruella, Jasper et Horace, Pongo et Perdita, mais un corbeau qui fait "GNAAAAAH" à chaque début de phrase, un couple de doubleurs français qui fait 90% des voix (et ça s'entend), 3 dalmatiens au lieu de 101 (ça ne fait pas beaucoup), des dessins figés (ils courent sans plier les pattes, sont toujours de côté pour une seule raison : les vues de face ressemblent à vos pires cauchemars), qui courent après des chats la moitié du film (le scénario ? Kessessé ?), des dialogues éclatés au sol ("On vient de PERPIGNAN !", mais, euh... D'accord.), et des chiots séquestrés dans une usine pour coller des étiquettes sur des boîtes de conserve. Oui, vous avez bien lu, on a un scénario glauque à souhaits, où des dobermans ("Grr grr") obligent des chiots à bosser à la chaîne dans un sous-sol miteux, et sans pause-pipi (le pire du pire). Mais heureusement, Pastille ("Perdita", c'était sous royalties, "Pastille", étonnamment, non.) va les chercher avec un chien bulldog qui pose un préavis de 48h avant de terminer ses phrases (le doubleur est en roue libre), un basset-comptable ("C'est déductible des impôts !" / "Avant d'aller les secourir...Il faut remplir un formulaire d'identité ! Allez, nom, âge, situation sociale...", et autres dialogues obscurs), un lévrier fringué comme le Prince de Bel Air (et dont la tête grossit quand il voit un chat), et un chien gris qui regarde en l'air (alors qu'il n'y a rien). Vous pourrez aussi voir des museaux dépasser des côtés de l'écran de temps en temps, vous pourrez voir le narrateur qui n'en a plus rien à faire d'être à la narration (goal volant !!! : il résout tout le film tout seul !), vous pourrez voir des décors dessinés par Timéo 4 ans (toujours les mêmes, en boucle, il n'avait plus assez de Velleda), et globalement une musique indescriptible (des trompettes, des cris, des instruments du Far-West...). On redécouvre ce chef-d’œuvre incompris au bonheur d'une vidéo du Joueur du Grenier qui commente le film de la meilleure des façon (foncez voir ça, on n'était pas prêt à découvrir qu'on se souvenait parfaitement de cette ignominie : qu'est-ce que cela a influencé sur notre cinéphilie ? On se remet en question), et nous a redonné une crédibilité face à nos potes qui pensaient qu'on inventait ce film de toutes pièces ("Mais je te promets, ils viennent de PERPIGNAN, ils collent des étiquettes au fond d'une usine clandestine, et 80% des dialogues c'est GNAAAAAAH" : on admet que le résumé du film ressemble à un bad-trip devant Disney+) . Et ce qu'on oublie de vous dire, c'est que comme le film fait 20 minutes, la VHS était comblée de dessins animés aléatoires (et incompréhensibles) pour tenir 1h. On n'était jamais trop pénibles, chez mémé, probablement car cette VHS nous aspirait les méninges.