D'origine iranienne, Sepideh Farsi a réalisé le splendide Red Rose (2014) mais aussi plusieurs documentaires. Cette expérience a nourri Demain, je traverse, non seulement pour évoquer le camp de migrants de l'île de Lesbos mais aussi le contexte économique et géopolitique du film, qui est bien davantage qu'une toile de fond. Ses deux héros, une policière grecque (Maria) et un réfugié syrien (Yussof) sont chacun à leur manière des victimes, de la grave crise économique de son pays, pour l'une, et de la guerre, pour l'autre. La rencontre des deux protagonistes principaux tient du hasard des soubresauts d'un monde détraqué et de leur reconnaissance mutuelle comme des solitaires blessés. Sepideh Farsi ne cherche pas à mélodramatiser les situations, optant pour une forme douce et un cheminement narratif que certains jugeront sans doute "conventionnel." Il en émane pourtant un parfum original, oriental pourrait-on le qualifier, et poétique, magnifié par une belle bande originale. La frustration vient plutôt de la brièveté du métrage (à peine plus de 80 minutes) tant Maria et Yussof se révèlent des personnages attachants et romanesques. Et l'alchimie sensuelle entre Hanaa Issa et Marisha Triantafyllidou (très remarquée dans le superbe Her Job, trop peu vu, hélas) y est pour beaucoup.
Même si on a parfois le sentiment que les conséquences de la disparition de Daphné et la brève histoire d’amour entre Maria et Yussof se marchent un peu sur les pieds, "Demain je traverse" a le mérite de confronter avec une discrétion louable les problèmes économiques de la Grèce et les horreurs de la guerre civile en Syrie. critique complète sur https://www.critique-film.fr/critique-express-demain-je-traverse/