Si vous n’avez jamais vu Sylvester Stallone dans un rôle à contre-emploi, alors "Copland" vaut la peine d’être vu, d’autant plus que l’acteur joue assez bien le coup. Car en cette année 1997, c’est pour ainsi dire la première fois qu’il ne revêt pas un rôle musclé. Mieux, sous un physique grassouillet, il campe un personnage tellement blasé et désillusionné qu’il n’est plus que l’ombre de lui-même. Votre curiosité serait-elle titillée ? Attendez, ce n’est pas tout : le casting est enrichi de quelques grands noms en plus de celui de Stallone. Harvey Keitel, Ray Liotta, et Robert De Niro sont venus donner de la consistance à un scénario qui en avait bien besoin. Parce que celui-ci a beau revêtir un style scorsesien, il n’est pas suffisamment clair pour que le spectateur ne se perde pas dans les volutes de la confusion (voire l’incompréhension) à un moment ou un autre, au risque de le décrocher définitivement. Je m’explique : nous avons des flics qui sont des flics (jusque-là tout va bien), et des flics qui ne sont pas des flics. Ah !... Avouez qu’il y a de quoi perturber un peu. Et là-dessus, on rajoute des flics qui n’en sont pas vraiment mais qui en sont quand même. Vous ne comprenez rien ? Eh bien ça reflète à peu près ce que vous allez ressentir. Mais rassurez-vous, tout va s’éclaircir en regardant le film. Point de crapules donc. Enfin telles que nous les attendons. Que des flics. Des flics par-ci, des policiers par-là, certains en civil, d’autres en uniformes. Cependant une question demeure : pourquoi un flic en uniforme n’en serait pas un ? On ne peut pas dire pourtant que le scénario ne soit pas fouillé. Parce qu’il l’est. Et c’est parfois nécessaire pour traiter de la corruption, des non-dits, et des manipulations, même si le sujet n’est pas nouveau en soi. Il n’y a guère que le lieu qui change de ce qu’on a pu voir auparavant. Le contexte est d’ailleurs bien implanté par l’introduction narrée en voix off. A cela a été rajoutée une ambiance lourde, grâce à laquelle on ressent bien la menace de certaines paroles et les diverses pressions qui s’exercent de partout. Il en ressort une ambiance délétère, où la suspicion est omniprésente, au point d’être sur ses gardes en permanence, quitte à plonger dans une paranoïa qui n’est jamais très loin. Tout cela a été élaboré sur un rythme lent, si lent que même la fusillade finale est montrée au ralenti. Le bien nommé "Copland" ne comporte donc pas de scène d’action à proprement parler, James Mangold ayant préféré se placer exclusivement sur l’évolution psychologique des personnages, en particulier celui du sheriff Freddy Heflin (Sylvester Stallone). En résumé : intéressant, mais ne laissera pas un souvenir impérissable.