Je revois pour la 4ème fois je pense, « Chute libre » de Joel Schumacher sorti en 1993 et je reste épaté par la prestation de Michael Douglas incarnant William Foster, un cadre qui a « toujours fait ce qu’on lui disait de faire » dans une industrie de guerre où il « a construit des missiles contre les communistes » mais qui a été licencié depuis un mois, et qui va « péter un câble » et coûte que coûte essayer de « rentrer à la maison pour fêter l’anniversaire de sa petite fille » alors qu’il est divorcé et interdit d’approcher son ex-épouse. Dès le générique, on sent que cette journée chaude et moite va être oppressante et dès qu’il quitte sa voiture immatriculé "D-Fens", coincée dans un embouteillage bruyant, on sait que le processus destructeur est inexorablement en cours… et William d’aller implacablement en ligne droite à travers Los Angeles vers Venice où résident son ex-épouse et sa fille, s’opposant à toute personne qu’il l’en empêche au mépris de toute loi, l’œil fixé sur sa montre et harcelant son ex-épouse au téléphone. Le personnage du policier, Prendergast (Robert Duvall), juste et droit, et qui va comprendre rapidement le trajet de cet « homme blanc en cravate », est je dirais plus « classique », bien qu’il vive le dernier jour de sa carrière ayant demandé une retraite anticipée en raison de la psychose de son épouse suite au décès d’une fille unique à l’âge de 2 ans. Le rituel des blagues lors d’un départ en retraite au commissariat est assez lourd et seule Sandra, l’ « inspectrice » (comme dit par le gérant du magasin de guerre), dénote du lot et fera à la fin équipe avec lui.
Ce qui m’a frappé cette fois-ci c’est le multiculturalisme des américains et les grandes inégalités sociales entre les joueurs de golf, la maison du chirurgien esthétique bref le rêve américain… et les vétérans du Vietnam, les « non-économiquement viables » … et aussi la violence qu’on lit sur les affiches (peace, war, kill...) et qu’on vit (racket, arnaque, agressions verbales, armes, fusillade dans la rue...) traduisant in fine une société malade !
Face à cet homme qui « a dépassé le point de non-retour », je n’ai vu que 2 petits moments de détente (le chef du fastfood et le petit garçon expliquant à William le fonctionnement d’un bazouka car « il l’a vu dans les films »).
Ce thriller policier mais aussi et surtout sociologique et psychologique, nous tient en haleine et nous oppresse jusqu’à son dénouement attendu sur l’estacade.