Brillant! Je ne vois pas d'autre mot pour décrire ce film. Dubitatif au début face aux premières minutes à faire froid dans le dos (vous savez, ce frisson d'horreur indescriptible des thrillers psychologiques?), la soudaine rupture du héros, 'D-Fens', cet homme anonyme aux allures d'employé de bureau modèle, un être lambda, dans une voiture quelconque, perdu sur un périphérique banal au milieu de la vie quotidienne. Ce genre de contexte me lasse et me laisse froid, usuellement, mais le film ne traine pas en longueur sur l'exposition mille fois narrée de ce que l'on sait déjà, ce qui nous entoure tous les jours. Non, le réalisateur nous entraine directement dans un voyage, un 'retour à la maison', qui nous poussera à découvrir les immondes facettes de notre propre vie, au travers d'un héro-méchant si loin des concepts manichéens que seules les répliques de l'ultime scène parviennent à résumer. Oui, le méchant, c'est lui, c'est ce héros qui tue des gangs, qui abat des néo-nazis, qui s'est fait viré parce qu'il n'était plus 'économiquement viable', et dont la société lui a tout pris, jusqu'à sa fille et sa propre santé mentale.
Les acteurs sont excellents. La réalisation, exemplaire. Le scénario, si simple en résumé, si mystérieux en synopsis, mène une cadence parfaitement mesurée et pondérée pour toute la durée du film, ni plus, ni moins.
On a tous été dans la position de D-Fens. On a tous rêvé de frapper ce mec qui klaxonne et beugle dans sa voiture ; on a tous songé avec froideur qu'une fraction de ce que gagnent les 'chirurgiens plastiques' pourrait nourrir une petite ville ; personne n'est jamais resté indifférent devant ces injustices criantes, ces stupidités bureaucratiques, ces abscondités issues de quelque sombre recoin des rouages du cerveau humain. D-Fens, c'est nous, un pas en avant. D-Fens, c'est l'homme que nous aurions tous été si nous avions, ce jour-là, laissé place à notre colère.
Et en ça, ce film est une œuvre d'art.