Joel Schumacher, réalisateur prolifique et à la qualité inégale, a eu en 1993 la superbe idée de « Chute libre » : un thriller dramatique névrosé et complétement schizophrène, dont Michael Douglas serrait l’effigie. D’apparence originale et osée, la scène d’ouverte laisse présager le meilleur : mise en scène frénétique, mimiques hallucinées du personnage principal qui, en plein embouteillage, disjoncte complétement et décide de foutre en l’air sa triste vie d’homme de bureau divorcé. Nageant en plein dans la théorie du complot, la paranoïa et la violence outrancière, ce William Foster a tout de l’anti-héros corrosif et auquel on fait référence ,lors de conversations entre amis, en tant que personnage inspiré et follement inoubliable. Seulement, ce n’est pas vraiment le cas, malgré la prestation très convenable de Michael Douglas, visiblement très extraverti et décoincé. Même si le scénario n’exploite pas aussi brillement qu’espérer les facettes de cet homme névrosé et en parfait pétage de plomb, c’est surtout l’intrigue policière qui se développe en parallèle des calamités que va commettre William Foster qui irrite… accable même. A la manière d’un patchwork bon marché, Schumacher s’est visiblement amusé à englué une histoire sentimentale à travers ce qui était à la base conçu comme un film cru et transgressant délicieusement hors-normes. La fine équipe responsable de ce semi-crash est composée d’un vieux flic à deux doigts de la retraite (Pendergast), oppressé par sa femme archi-pénible, ainsi que la coéquipière de Pendergast, une jeune (et pas très belle) femme, Beth. Le scénario s’emmêle véritablement les pinceaux lorsque ces deux poulets se mettent à enquêter sur la pagaille que crée William Foster (à grand coup de braquage hilarant, de vol de sacs d’arme, de pagaille dans un Fast-Food, d’explosion au Bazooka en plein chantier…). De nombreux plans nous desservent ensuite leur approche sentimentale mielleuse, leur relation sentimentale peu houleuse. Robert Duvall, qui cabotine pas mal, incarne un personnage très peu palpitant, pour ne pas dire mou et agaçant. Ruth n’est pas bien mieux. Heureusement que Michael Douglas vient à la rescousse, à grand coup de grimaces faciales, de frénésie sauvage et d’hystérie pulsionnelle. On rit plus qu’on se passionne, même lorsqu’arrive le dénouement fatidique (et complétement prévisible) de l’histoire. La mise en scène tient la route et panse quelque peu les faiblesses et l’aspect un peu vieillot de ce film sous-exploité et mal-exploité. La dimension sarcastique de certaines scènes est plutôt bien trouvée aussi. On passe un agréable moment, mais il n’y a vraiment pas de quoi sauter au plafond. Un peu frustrant tout de même vu le potentiel de base ! 12/20