Alors qu'il termine de tourner dans le monstrueux Les Affranchis de son ami Martin Scorsese, Robert De Niro enchaîne aussi sec avec une comédie dramatique au ton très différent, adaptation du roman "Union Street" de Pat Barker. Dans cette histoire tendre et originale, un quadragénaire analphabète se lie d'amitié avec une serveuse sans le sou qui va lui apprendre à lire, changeant dès lors considérablement toute sa vie et peut-être même aussi la sienne par la même occasion. Un sujet aussi poussif qu'atypique qui, malgré quelques erreurs de parcours, arrive à ne jamais trop sombrer dans le larmoyant... Il faut dire que le scénario joue la carte de l'exagération entre cet homme analphabète vivant seul avec son père qui a eu une jeunesse peu dorée et cette serveuse à la vie on ne peut plus compliquée, on a du mal à vraiment y croire. Cette dernière est veuve, travaille à la chaîne, vit avec ses deux enfants, sa sœur colérique et son beau-frère alcoolique et voit sa fille tomber enceinte alors qu'elle n'est encore qu'une adolescente. Poussif vous avez dit ? Heureusement, la mise en scène simple et envolée de Martin Ritt (Traître sur commande, Le Prête-Nom) nous fait oublier l'exagération du scénario, pareillement pour la complicité sincère entre les deux acteurs principaux, de Robert De Niro toujours aussi impeccable à la trop rare Jane Fonda, véritable vent de fraîcheur au long-métrage. Ainsi, grâce à une véritable légèreté et un ton radicalement opposé à la dureté du sujet, Ritt parvient à nous emballer 1h30 durant et ce en dépit de séquences parfois clichées (la demande d'aide sous la pluie, le passage à l'hospice, le final). Dans tous les cas, le film est dans son ensemble réussi et nous fait passer un très agréable moment de bonheur en nous rappelant quasiment à chaque fois que l'on affaire à un film, à du cinéma, cet endroit merveilleux où tout est possible. Au final, Stanley & Iris n'est certes pas la meilleure interprétation de Robert De Niro ni de celle de Jane Fonda mais réussit à demeurer un spectacle américain tout ce qu'il y a de plus touchant pour peu que l'on plonge dans ce récit peu commun.