En 1963, les festivités d'Halloween d'une petite ville du Midwest prennent une tournure bien différente de ce que l'on aurait pu en attendre. Et pour cause, chaque 31 octobre signe le réveil de SawTooth Jack, une créature à tête de citrouille déboulant de son champ de maïs pour semer le chaos en ville et engendrer de terribles fléaux durant l'année suivante si elle n'est pas éliminée avant minuit.
Heureusement, la population se tient prête en envoyant ses jeunes garçons affronter le monstre, avec la promesse d'une vie meilleure pour le vainqueur et de confort matériel pour ses proches.
Après avoir vu son frère aîné arriver à bout de l'homme-citrouille et partir pour un périple à travers les États-Unis en récompense, Richie souhaite prouver qu'il vaut aussi bien que lui en participant à la chasse au monstre de cette année. Seul hic, le frère d'un gagnant n'a plus le droit d'y concourir...
Adapté d'un roman de Norman Partridge, "Dark Harvest" a pour lui sa bonne idée de départ: prendre à revers la légion de longs-métrages d'Halloween mettant en scène un assaillant à tête de potiron en conservant son rôle de dangereux prédateur mais également en lui donnant le statut de proie face à ses habituelles victimes adolescentes, le tout dans un climat de petite ville US refermée sur elle-même et moulant les aspirations de jeunes mâles sur le seul diktat de sa folle nuit chargée d'assurer sa survie.
Véhiculant l'atmosphère idoine pour un bon film d'Halloween, les premières minutes de "Dark Harvest" donnent même envie d'y croire en présentant les fonctionnements de cette chasse à travers l'affrontement de sa créature et le gagnant précédent. Incarnation physique des spécificités de la fête, notre introduction au monstre cucurbitacéen (convaincant) est aussi réussie que les étapes manifestement figées dans le poids des traditions des célébrations de son bourreau, le tout filmé avec un indéniable savoir-faire par David Slade ("30 Jours de Nuit") en vue de nous faire ressentir l'importance du poids de ce rite sur la destinée des habitants de la ville.
Ensuite... plus grand chose malheureusement, "Dark Harvest" aura beau nous entraîner dans les préparatifs suivie de l'exécution bien plus révélatrice de sa nouvelle nuit d'Halloween désormais bouleversée par la volonté de son héros d'en briser les régles, avec notamment quelques belles séquences de massacres juvéniles et d'autres chargées d'expliciter le caractère sacrifié de cette génération de garçons intoxiqués par les préceptes conservateurs de la précédente, il peinera en permanence à aller au-delà de ses fondations, ne se donnant qu'un bête twist prévisible comme boussole chargée de renforcer son discours.
La rébellion du cadet, la petite amourette défiant les conventions, les zones d'ombres levées sur les secrets des adultes via diverses interactions ou les différentes péripéties de la cavale du Pumpkin-man (les meilleurs instants) vont ainsi s'assembler et donner le sentiment de phases de remplissage qui se répètent (du côté des adultes, c'est très souvent le cas avec le personnage insupportable du policier) uniquement pour retarder une échéance qui ne fait guère de mystère, surtout si vous êtes vous-mêmes un habitué de ce genre de récit.
En cela, "Dark Harvest" est terriblement frustrant car, arrivé à sa conclusion tristement banale, il donne l'impression d'avoir gâché à la fois son potentiel, ses temps forts et la volonté de livrer un vrai film d'Halloween au sens noble du terme de son réalisateur pour un résultat qui n'a pas su réellement quoi en faire, sinon se diriger vers la voie la plus facile et loin d'être à la hauteur de ses composantes les plus intéressantes.
La récolte n'est pas à la hauteur de ses prometteuses semences.