Lorsque Martin Scorsese, a prétendu que son « Les Infiltrés » n’était pas un remake mais une « adaptation », il se foutait malproprement du monde. Son principal argument avancé étant que l’action de son film se passe à Boston alors que celle de « Internal Affairs » se passe à Hong Kong. Un tel foutâge de gueule a non seulement été accueilli avec complaisance par les critiques mais a été plusieurs fois récompensé. Or, seuls quelques détails plus ostentatoires ont été ajoutés par Scorsese, mais quasiment tous les éléments du scénario original ont été gardés. Lorsque Jon Amiel parle de son film comme étant un remake du « Retour De Martin guerre », on ne peut qu’admirer la grande modestie du réalisateur par rapport à la malhonnêteté intellectuelle de Scorsese. Si Amiel conserve deux ou trois idées directrices de Martin Guerre, son effort consistant à reconstruire des situations propres au contexte de reconstruction sudiste après la guerre de sécession est édifiant. Au final, on se retrouve avec une toute autre histoire. Non plus au moyen âge, mais au 19ème, non plus en France, mais aux Usa, et surtout, sans effets ostentatoires et rallonges de scènes. En dépit de toute la qualité des résonnances socio historiques purement américaines du film, de l’excellence de ses acteurs et de sa mise en scène, ni les éloges, ni les récompenses n’ont déferlé sur le film d’Amiel, encore peu connu à l’époque. Une preuve s’il en était encore besoin du conformisme des critiques et de la servilité des instances officielles des festivals vis-à-vis des notables de l’industrie cinématographique, comme l’est devenu Scorsese.