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RedArrow
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2,5
Publiée le 5 février 2022
En périphérie d'une grande ville, un frère et une sœur vivent dans le seul but de subvenir aux besoins de sang de leur cadet frappé par un mal mystérieux...
Avec l'aide détournée d'une créature incontournable du cinéma fantastique, "My Heart Can't Beat Unless You Tell It" peut se prévaloir de la force symbolique de son postulat, la dévouement total d'une fratrie envers l'un des leurs, pour recouvrir le climat de désespoir de multiples situations familiales. La portée métaphorique de ce premier film écrit et réalisé par Jonathan Cuartas peut ainsi englober les énormes sacrifices induits à la fois par la maladie d'un proche, par les ravages toujours plus exponentiels d'une addiction ou même par un deuil si insurmontable qu'il condamne un entourage à un aveuglement total, à une spirale de déni sans échappatoire. Et, dans tous les cas, chacune de ses hypothèses enferme ces victimes collatérales dans une cage de solitude les coupant d'un monde extérieur qui choisit lui-même de détourner le regard de leur souffrance, les décors urbains du film sont ici par conséquent le plus souvent vides et déshumanisés (les rares contacts extérieurs directs n'ont lieu que dans le cadre d'échanges superficiels ou de mensonges). En vue de maintenir un semblant de normalité familiale autour du plus jeune, le frère et la sœur vont d'ailleurs ironiquement puiser dans le vivier d'autres laissés-pour-compte de cette ville, en capturant de pauvres hères afin de rassasier sa faim et, par là même, faire d'une misère sociale un instrument qui en nourrit une autre sans que personne n'y prête attention. En plus de son titre joliment trouvé pour signifier le phénomène de dépendance des liens du sang qu'il met en scène, "My Heart Can't Beat Unless You Tell It" peut donc réellement se prévaloir de l'intelligence de son approche qui n'oublie jamais que la désespérance née d'une situation intime est souvent en corrélation avec les maux ambiants de toute une société.
Seulement, passé une exposition qui nous dévoile plutôt brillamment les tenants et aboutissants de ce discours à travers la vie de cette fratrie pas comme les autres, le film s'applique ensuite à faire un peu trop ce qu'on attend de lui quant à l'éclatement de cette cellule familiale face aux conditions précaires de sa survie. Après la disparition du seul moyen d'évasion de l'aîné qui lui assurait encore un mince équilibre mental (un mirage de surcroît), l'ordre établi avec sa sœur pour servir le plus jeune va évidemment être amené à péricliter, parasité par les aspirations contraires de chacun des membres du trio, jusqu'à un point de non-retour. Sans rentrer dans le détail, et même si le tout est mené correctement avec une interprétation solide (le trop rare Patrick Fugit en tête), "My Heart Can't Beat Unless You Tell It To" n'offrira jamais de grande surprise du côté de la progression de cette chute inévitable, se contentant de péripéties attendues pour entraîner ses personnages au bord du gouffre, le tout dans une ambiance et sur un rythme lent qui, s'ils siéent à merveille à l'état d'esprit dépressif et vacillant de ses protagonistes (il y a toujours de vraies fulgurances en ce sens, comme un karaoké aux portes de la folie), ne sont clairement pas les vecteurs les plus efficaces du sentiment d'urgence ou du suspense dans lequel certains passages veulent nous plonger. En se fondant dans une espèce de miroir vis-à-vis du sacrifice ultime à accomplir pour assurer la pérennité de l'autre, la mise en parallèle des désirs de liberté de l'aîné et du cadet restera heureusement la meilleure boussole du récit, conduisant le film à une conclusion certes loin d'être imprévisible mais dont la teneur rendra pleinement justice, avec une belle pointe d'émotion à la clé, aux efforts déployés dans le traitement de ces personnages et des liens indéfectibles n'ayant eu de cesse de les unir jusque dans la plus sombre des épreuves.
Par le fond de sa proposition bien élaborée et l'atmosphère pesante qui l'accompagne, "My Heart Can't Beat Unless You Tell It To" avait de sérieux atouts à faire valoir mais, dès lors que l'engrenage pour conduire les personnages à leur perte est révélé, le film se retrouve captif d'une mécanique hélas un peu trop convenue. Dommage car on aurait vraiment aimé que les battements de coeur avec lesquel le long-métrage nous dit de le quitter soient ceux qui l'accompagnent dans son intégralité.
Dwight et Jessie, deux frères et sœurs, vivent ensemble avec leur petit frère malade qui demande beaucoup d'attention, mais surtout une chose en particulier que les deux ne peuvent obtenir qu'en faisant quelque chose de terrible. Avec son premier long-métrage, Jonathan Cuartas tente de revisiter un sous-genre du cinéma d'épouvante en mettant l'accent sur l'aspect dramatique de l'histoire. On suit les membres de cette famille dans leur quotidien morose. On ne sait rien d'eux ni depuis combien de temps ils font ça, mais que ce soit récent ou non, Dwight a toujours du mal à s'y faire et a de plus en plus de mal à supporter ce mode de vie. En plus de leur lourd secret, ce qui lie ces trois personnes, c'est la solitude. Ils sont ensemble, mais ils se sentent terriblement seuls. Une grande partie du film est répétitive, mais j'ai bien aimé l'angle choisi pour aborder cette histoire. Il y avait probablement plus à faire notamment au niveau de la psychologie des personnages, mais le film est pas mal principalement grâce à l'ambiance et aux acteurs.
Ce n'est pas la première fois qu'un film fauché reprend la thématique du vampire en le modernisant et en le socialisant. Le réalisateur s'évertue à montrer la misère (spoiler: les sans-abris qui sont tués pour nourrir le frère, la prostituée ) et la solitude destructive dont souffre tous les personnages. Il crée ainsi une ambiance malaisante sans échapper à une certaine répétitivité, mais c'est surtout l'enchainement des événements qui porte à critique, le comportement et les réactions des protagonistes étant souvent problématiques.