En 1995, les quatre réalisateurs Allison Anders, Alexandre Rockwell, Robert Rodriguez et Quentin Tarantino surfaient sur des succès individuels. Amis dans la vie, ils décidèrent de réaliser un film à sketches.
Dans un hôtel de luxe, chacun réalise un segment mettant en scène Tim Roth, survolté et fatigant, avec des résidents de l’hôtel étranges. Comme dans tout film à sketch, le principal défaut vient de la disparité du ton et de qualités des différentes parties du film. Ici, on est en présence d’un film qui donne au mot “inégal“ ses lettres de noblesse. Le premier sketch d’Allison Anders possède une qualité visuelle indéniable mais la réalisatrice ne s’en sert pas à bon escient et nous sert une histoire de sorcellerie pas franchement passionnante, mais pas si nulle qu’on veut vous le faire croire. Le deuxième sketch d’Alexandre Rockwell, lui, est une catastrophe industrielle. Hystérique, incompréhensible jusqu’à en devenir pénible et irritant, les 20 minutes que durent ce segments sont une torture pour les yeux et les oreilles. Cependant, il faut savoir que dans sa mégalomania naissante, Quentin Tarantino, sommé par Miramax de couper la durée du film, a demandé à Rockwell et Anders de couper des parties de leurs segments, afin de laisser celui de Rodriguez et le sien intact (ce qui eut pour conséquence de refroidir leurs rapports).
Force est de constater que les deux derniers sketches sont quand même bien supérieurs aux deux premiers. Celui de Robert Rodriguez, tout d’abord, est un petit bijou de comédie noire, grâce à quatre acteurs en état de grâce et une résolution à hurler de rire. La réalisation du protégé de QT est parfaitement adéquate au sujet, ses gros plans marchant à merveille pour le sujet qu’il vise. On enchaîne ensuite avec le dernier segment, plus long que les autres, réalisé par Tarantino, avec Tarantino, qui nous fait du Tarantino dans un rôle qui rappelle le Tarantino IRL. Un peu mégalo, non ? Mais le sketch est sympathique à défaut d’être réellement passionnant et Bruce Willis & Jennifer Beals y sont absolument fabuleux. De plus, la musique irritante de Combustible Edison est relativement absente de ces deux ultimes segments.
Four Rooms porte encore un peu les stigmates de cette postproduction éreintante mais reste un OVNI sympathique à regarder et une curiosité pour les fans d’un des quatre réalisateurs.