Difficile de parler d’un film aussi riche et complexe. Documentaire sur la mafia en Sicile et aux Etats-Unis, tragédie shakespearienne, chronique d’une époque (la chute du régime Batista à Cuba), film de gangsters… "Le Parrain, 2è partie" ne se laisse enfermer dans aucun genre. Avec pour seule faiblesse un scénario parfois haché, aux transitions brusques (irruption inattendue dans le cours du film de la Commission anti-mafia, par exemple), il entraîne ses protagonistes dans un engrenage infernal, qui broiera les liens les plus solides et anéantira tout espoir de salut, ou même de paix durable. Argent, pouvoir, trahisons, violence extrême derrière le tourbillon des fêtes… rien ni personne ne sera épargné. Au milieu de ce maelström, la figure d’Al Pacino, impavide et glacial, comme s’il n’avait aucune prise sur la tragédie, comme si tout cela était inévitable. Autour de lui, des comédiens impeccables, dans des personnages admirablement dessinés : Diane Keaton bouleversante, Robert Duvall impressionnant par son côté "professionnel propre sur lui", Talia Shire inquiétante en marâtre de l’ombre, John Cazale en minable velléitaire, Lee Strasberg (le grand manitou de l’Actor’s Studio, qui avait formé, entre autres, Pacino et DeNiro)… En parallèle de l’étouffante intrigue principale, le flashback sur la jeunesse de Vito Corleone paraît presque rafraîchissant : rues newyorkaises pittoresques, petits malfrats qui renversent le caïd du coin et se constituent une clientèle… presque une "success story" à l’américaine classique, mais déjà teintée de sang. Magnifique fresque en deux parties qui se complètent admirablement, ponctuée par la musique devenue classique de Nino Rota, "Le Parrain, 2è partie" tient solidement sa place (centrale) dans cette monumentale trilogie.