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Yves G.
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3,5
Publiée le 3 octobre 2020
Dans les années soixante, alors que se levaient les soleils des indépendances africaines et que la Cuba castriste espérait devenir l’un des phares du mouvement des non-alignés, une dizaine de musiciens maliens sont allés, tous frais payés, se former à La Havane. La joyeuse équipe a formé un groupe, Les "Maravillas de Mali", joué dans les concerts et enregistré un 33 tours auréolé d’une gloire éphémère. Un producteur de musique français, Richard Minier, en entend parler à la fin des années quatre-vingt-dix et décide de reformer le groupe.
Ainsi présenté, "Africa Mia" rappelle "Buena Vista Social Club", le groupe cubain pré-castriste dont la reformation fut filmée par Wim Wenders à la fin des années quatre-vingt-dix. Que le projet de Richard Minier ait pris forme à la même époque laisse planer le soupçon d’avoir voulu en reproduire la recette. Une recette éculée qui joue sur les deux tableaux de la nostalgie et de la mode des musiques rétro.
Pourtant, contrairement à ce qu’on pouvait redouter, "Africa Mia" n’est pas une fade resucée de cette formule. Il réussit le double pari de nous intéresser et de nous émouvoir. Son succès tient à trois facteurs.
Le premier bien sûr est la joie que l’on partage à ces retrouvailles chantantes et à ces rythmiques chaloupées joyeusement désuètes.
Le deuxième tient à la persévérance de Richard Minier qui n’eut pas assez de quinze années pour mener à bien son projet. C’est une véritable enquête policière qu’il mena pour retrouver les "Maravillas". Son documentaire, d’une heure et dix-huit minutes à peine, est trop modeste pour nous en raconter tous les rebondissements ; mais eu égard au laps de temps qui s’est écoulé entre sa première rencontre à Bamako avec Dramane Coulibaly et le retour de Boncana Maïga à La Havane, on imagine sans peine l’obstination qu’il lui a fallu pour renverser les obstacles sur sa route.
Le troisième enfin est la tristesse qui nous étreint face à une entreprise placée sous le double signe de la nostalgie et de la mort. La nostalgie des souvenirs d’un passé révolu qui, même si on cherche à l’exhumer, ne reviendra jamais. La mort qui fauche un après l’autre tous les "Maravillas", au point qu’on se demande s’il en restera encore un dernier pour remonter sur scène.
C’est une recherche sur près de vingt-ans à laquelle nous convie le producteur-réalisateur quand il s’imagine pouvoir reformer un groupe totalement inconnu en Europe mais célèbre au Mali et à Cuba, Maravillas de Mali. Si au début de sa quête la technique ne l’accompagne pas favorablement il en va de même pour les musiciens dispersés ou à l’image de leur leader, parti sous d’autres cieux . Et au fil du temps, ils disparaissent peu à peu, ne laissant que Boucana Maïga, leur chef seul avec ce projet qui ne l’intéresse pas trop, ayant fait par ailleurs une carrière solo plus qu’honorable. Mais au bout du compte, et là sur de belles images et un son adéquat ( réalisation malgré tout approximative ), le retour à Cuba aura bien lieu, là où dix-huit ans plus tôt dix musiciens maliens étaient partis pour étudier la musique. AVIS BONUS Un entretien avec le réalisateur, une séance courte de l’enregistrement et cinq clips des titres de l’album Pour en savoir plus : lheuredelasortie.com
Sympathique docu sur l'histoire des Maravillas, tourné avec des moyens apparemment limités mais avec la volonté farouche d'aller jusqu'au bout. Le projet initial n'aboutit hélas pas, tous les musiciens maliens disparaissant les uns après les autres, à l'exception de la seule vedette, Boucana Maïga. Ce dernier finit tout de même par retourner à Cuba, là où tout a commencé, pour jouer une dernière fois avec des musiciens locaux dont certains avaient participé à l'aventure des années 60. Les choix au niveau du cadre sont parfois discutables et on peut également regretter que le film ne fasse pas une part plus belle à la musique. Nonobstant, ce (court) long-métrage est un témoignage intéressant sur la rencontre de deux univers musicaux et de quelques jeunes hommes formés à la musique, dans une langue qu'ils durent apprendre, à plusieurs milliers de kilomètres de chez eux.
Plus qu'un documentaire musical, Africa Mia est un film sur la naissance d'un film. La grande Histoire se mêle à celles de ces musiciens doués et attachants. Sur leurs pas on voyage de Bamako à La Havane au rythme d'une musique entrainante !
Un film documentaire sur de belles valeurs, sur la vie, le temps qui passe, la chance et les opportunités, le succès, l'oubli, les désillusions, l'amitié, la persévérance ,la passion , une belle histoire bien racontée sur des images bien montées et sur un texte simple, naturel, agréable. Un bon moment dont il ne faut pas se priver.
Un film unique qui retrace une histoire méconnue mais captivante. Beaucoup d'émotion et des musiques incroyables. Bravo pour toutes ces années de travail, à voir !!