Bien que ne mentionnant pas de nom réel, « Goliath » est évidemment fortement inspiré des révélations sur Monsanto de ces dernières années, en particulier autour du glyphosate. On suit ainsi trois personnages, tous liés à ce produit chimique réputé cancérogène, et pourtant clé des pesticides.
Un avocat, qui défend la veuve d’une agricultrice décédée d’un cancer. Une militante dont le mari est malade. Et un lobbyiste qui tente d’éteindre les flammes des scandales, tout en orchestrant le renouvellement de l’autorisation du produit en question par le Parlement Européen.
Souvent tourné caméra à l’épaule, avec un éclairage parfois presque naturel, et très documenté, « Goliath » a des allures de documentaire. A l’image de cette introduction qui montre les arguments valables des deux camps. Risques des produits employés mais agriculteurs ne respectant pas les consignes d’utilisation. Etudes et avis scientifiques en pagaille, mais conflits d’intérêts. Etc.
Sauf que rapidement, l’objectivité est mise au placard. Les lobbyistes étant clairement les « méchants », tous vêtus de costumes noirs et maquillés froidement, navigant dans le luxe. Et faisant preuve de technique sournoises : manipulation des faits et du public, mauvaise foi, prétexte de défendre des valeurs nobles, endossement de scientifiques peu regardant, corruption, menace, agression, raids numériques, tout y passe !
Il y a sans doute pas mal de vrai là-dedans, et des pratiques réelles pointées du doigt. Mais ce n’est pas toujours ultra-subtil. Il aurait été intéressant de pointer que les militants emploient aussi les services de lobbyistes, et des techniques pas plus glorieuses.
Néanmoins, le film se laisse suivre de bout en bout. Les acteurs sont bons, la mise en scène tient la route (à part peut-être de rares scènes d’action assez mal filmées). Et le trio du film est poignant à suivre.