Je l'attendais, je l'attendais, comme je l'attendais....un film politique, un vrai de vrai, réalisé comme un polar.
Goliath a cette véritable qualité.
Lucie a été mariée à Margot, décédée trop tôt d'une longue maladie due à un pesticide distribué par la société phytosanis. Elle a engagé Patrick, avocat environnementaliste, un peu looser sur les bords qui hélas n'obtient pas la reconnaissance de la maladie de Margot. Mais Patrick vient de se propulser dans un dossier, dans un monde, dans une démarche qui va changer sa vie professionnelle, sa conviction personnelle et sa vie personnelle. Il rencontre Mathias, lobbyiste de charme et de choc, doué d'une grande intelligence professionnelle, redoutable communicant. Patrick rencontre aussi France, professeure d'EPS le jour, cariste la nuit qui regarde, en essayant d'agir, son compagnon mourir d'un cancer du...au pesticide de phytosanis.
A partir de cette trame Frédéric Tellier nous plonge dans les arcanes de l'agro-bizness mené par les très, très grosses sociétés, multinationales, transfrontalières qui imposent aux gouvernements et qui étouffent la société civile. Il dresse le portrait des citoyen.nes qui prennent conscience, qui se lancent dans le combat juridique voire flirtent avec l'illégalité pour s'imposer au même titre, même mieux, que ces multinationales.
Ce qui a d'intéressant dans ce film c'est que ces 2 camps ne se croisent pas directement, frontalement à l'exception d'une fois. Le reste du temps, F.Tellier nous déroule les armes, les coups bas, les détournements, les arguments des lobbyistes. Il nous montre l'organisation de la société civile, faible et partant de loin par rapport à ces sociétés mais pleine de ressources, de volontarisme et de coups pas uniquement médiatiques.
Le film nous parle des effets médicaux, sanitaires mais aussi sociaux, sociétéaux ,économiques etc...des pesticides et
surtout le film nous démontre les zones grises, les flous juridiques qui bénéficient aux un.es et pas aux autres et vice-versa.
Par moments, on peut avoir l'impression que la réalisation est un peu crade dans les plans, les images etc...Que nini ! Il faut bien suivre, bien replacer dans le contexte, le propos de l'histoire et la vie des personnages (je pense à la 1ère scène dans le tribunal).
La conduite des acteurs.trices : TRES TRES BIEN ! Tous les acteurs.trices sont parfaitement bien choisis dans leur rôle. P.Niney a le physique, le regard, l’intonation, les costumes etc...pour le rôle de Mathias le lobbyiste. Emmanuelle Bercot cadre parfaitement dans ce rôle de femme qui s'engage de plus en plus et de plus en plus loin, la rage du désespoir. Le plus réussi : Gilles Lelouche en avocat looser mais qui a encore cette petite flamme et va s'en servir pour foutre le feu. Jusque dans son look: coiffure, costumes.
Après il y a des irritants ou des contresens voire limite mensonges d'où mes 4 étoiles et pas 5.
Pour en citer 2 :
- Si E.Bercot est professeure d'EPS à l'éducation nationale, selon de le droit de la fonction publique, les règles de rémunération et de déontologie elle ne peut pas cumuler avec un taff' de cariste de nuit. En revanche, elle pourrait, selon des limites imposées, faire des heures en plus comme éducatrice sportive dans des écoles de sport ou de loisirs, comme entraîneur etc....
- Toujours E. Bercot, le côté gauchiste avec son compagnon Zef qui vivent dans une espèce de maison fait de plein de matériaux, compagnon qui fait faire du cirque à leur fille. Très cliché, très caricature;
Franchement film à voir !