Vu au ciné "GOLIATH" de Frédéric Tellier, thriller écologique et sociétal inspiré de faits réels, à savoir l'utilisation d'un pesticide d'abord présenté comme cancérigène par l'Oms (ici baptisé Tetrazine) puis laissé sur le marché, affaire fortement inspirée de l'affaire du glyphosate.Trois personnages vont évoluer autour de cette médiatisation qui va voir le jour suite au décès d'une agricultrice et au suicide de sa compagne: une militante écolo, agricultrice activiste (dont le mari est malade), un avocat spécialisé dans le droit environnemental et un lobbyiste représentant de l'industrie des pesticides. Le film progresse comme un thriller humain, engagé et militant, toujours passionnant, en alternant et en confrontant les points de vue et les défenses de chaque partie: pour le jeune lobbyiste il s'agit de contourner le problème de santé en sensibilisant l'opinion publique (intérêt de la rentabilité à outrance pour sauver les agriculteurs, expliquant aussi que la dangerosité supposée de ce pesticide n'est pas supérieure par exemple à celle des bonbons que mangent chaque jour nos enfants, et qui pourtant ne sont pas interdits!), pour l'avocat un peu "borderline" dans sa vie personnelle il s'agit de redorer son blason et pour la militante c'est juste une question de survie et d'humanité.Le film n'élude pas les compromissions, les conflits d'intérêt et les transactions financières qui viennent se greffer inévitablement dans ces affaires, comme celle proposée aux parents de la défunte.L'interprétation est formidable et gravite autour de trois comédiens qu'on ne présente plus: Emmanuelle Bercot, écorchée et rageuse, apporte une poignante composition, bouleversante aussi à la fin dans sa fragilité et son rêve d'un autre monde, d'un monde meilleur, Gilles Lellouche confirme (après "Bac Nord" et "Adieu Mr Hoffman") l'étendue de sa palette avec ce personnage en quête de rachat, avocat des causes perdues d'une touchante intégrité, malgré les menaces et les perversions à son égard, un David programmé contre un Goliath apparemment invincible, et Pierre Niney pour la première fois dans un tel rôle, homme de communication froid et sans scrupules, arriviste, il excelle une nouvelle fois, on regrettera peut-être qu'il n'y ait qu'une seule confrontation entre les deux hommes, entre ces deux formidables comédiens.Plus la participation de Jacques Perrin et Laurent Stocker extra aussi en collaborateur du lobbyiste. Un film, à l'instar du récent "Un autre monde", qui fait réfléchir sur cette privatisation excessive de notre nature, tout en étant très cinématographique, puissant lanceur d'alerte qui évoque les dérives du capitalisme sans être jamais trop didactique.Une vraie réussite.