Un film bouleversant sur le destin tragique d'un jeune homme qui avait et s'était donné tous les moyens pour réussir. C'est aussi l'histoire d'une relation difficile entre deux frères, leur déracinement, leur place dans la famille et dans le coeur de leurs parents. Le combat d'Ismaël pour rendre justice à son frère est aussi, sous certains aspects, son chemin initiatique pour se découvrir lui-même. Dommage que cette histoire ne soit pas qu'une simple fiction. Une belle prestation des enfants !
Un film qui surprend de par la neutralité de son auteur - on s'attend à une critique du système, c'est tout le contraire qui se déroule sous nos yeux. Ses acteurs émouvants, sincères. Merci à Rachid Hami pour ce film, dans lequel il partage sa douleur et celle des siens. On en sort émus, et à la fois désolés. Le message est si beau, si (ir)réel. Et les acteurs sont bluffants. On partage un peu la même peine, la même désolation. Il rend un très bel hommage à son frère disparu.
"Pour la France" est un très beau film, politique sans jamais être militant. Pas de jugement, pas de moral, les faits sont posés et livrés à la suggestion de chacun. Beaucoup d'implicites et de non dits amènent à réfléchir. Ce sont aussi les blancs de dialogue qui sont assourdissants de sens et de significations. Leclou y est bouleversant de bout en bout, tout comme la maman Lubna Azabal, dans la pudeur du chagrin de la perte de son fils et la colère froide face à une institution responsable du celle-ci. Le frère du réalisateur (Aïssa dans le film) y est sublimé par l'interprétation juste et retenue de Shain Boumédine. En filigrane sont évoqués le fonctionnement (et le manquement de l'armée) mais aussi les liens qui se tissent ou non dans une famille, se pose aussi la question de comment on habite ses origines, sa culture, sa religion, sur 3 continents. Un drame familial d'un destin français : bouleversant et percutant, du très beau cinéma.
En éclatant son récit entre différents pays et différentes temporalités, Rachid Hami raconte une épopée familiale sensible, cruelle, portrait de deux générations d’immigrés qui revendiquent leur place dans la société française. Un grand film !
Film riche en émotions surtout quand on sait que c’est l’histoire vraie du réalisateur qui a perdu son petit frère qui était prêt à se battre pour la France.
Film inspiré de l'histoire vrai d'un brillant étudiant à Saint-Cyr, d'origine algérienne, mort lors d'un bizutage. Le film est réalisé par Rachid Hami, frère du défunt. Ce dernier ayant, à l'époque, contesté le jugement peu sévère envers les bizuteurs, on aurait pu s'attendre à un film qui relate ce jugement mais ce n'est pas le parti pris par le réalisateur. Le film traite un peu du combat de la famille pour que le défunt soit décoré et enterré dignement et non dans un cimetière quelconque à Bobigny. Mais il s'agit surtout d'un hommage de Rachid Hami à son frère défunt à travers une chronique familiale, la mère ayant choisie, au moment de la révolution islamiste en Algérie, d'emmener ses deux enfants en France, tandis que le père a choisi de rester au pays. Et surtout, il s'agit de l'histoire de deux frères aux tempéraments diamétralement opposés, l'un brillant étudiant et préféré des parents, l'autre un peu raté; deux frères souvent en conflit mais qui s'aiment malgré tout. Le seul défaut du film peut résider dans son rythme très lent mais j'ai aimé cette mise en scène très sobre avec beaucoup de plans fixes qui laissent parler l'émotion. Le casting, lui, est parfait. De Karim Leklou et son faciès si particulier à l'interprète d'Aissa (vu apparemment dans le dernier Kechiche mais que je découvrais avec ce film) en passant par la mère ou encore le père joué par Samir Guesmi. Dommage que ce bel hommage à un étudiant brillant, tragiquement décédé, n'ai fait que 60 000 entrées.
Définitivement un film lent qui aurait mérité un meilleur traitement tant le sujet des bahutages est une plaie dans les écoles de formation. On navigue entre les problèmes filiaux, les questions d'intégration et le devoir de servir.