Robert Mulligan est un cinéaste humaniste. Après les excellents "Du silence et des Ombres" et avant "Un été en Louisiane" (qui ouvre et clore sa carrière), il explore ici les rapports intra-familiaux d'une famille Italo Americaine issue de la working class en plein les années 70..
Mulligan dépeint avec beaucoup d'empathie et de sincérité cet univers où règne à la fois la joie de vivre, la difficulté de vire au quotidien, la violence et le mal être de cette famille dysfonctionnelle (ou plutôt tout à fait ordinaire pour l'époque) . Le père (Tony Lo Bianco) est un macho violent avec sa femme, dur avec son fils, d'une fierté démesuré, mais qui donnerait tout pour faire vivre sa famille. sa femme, mère au foyer, dépressive, malheureuse et violente avec son petit dernier, l'oncle sympa célibataire (Paul Sorvino) a perdu un enfant a la naissance et aime son neveu (l'ainé) comme un fils, cet ainé rebelle (Richard Gere) qui rêve d'une autre vie mais se sent lié à ce père d'un autre temps qui ne peut que lui faire du mal et l'attirer vers le bas.
Si la réalisation est très classique, que la mise en scène n'a rien d'exceptionnel, c'est surtout les acteurs et la psychologie des personnages qui a attisé mon intérêt. Richard Gere, souvent sous estimé, campe ici un ado rêveur tiraillé entre son envie de s’émanciper et de rendre fier son père avec beaucoup de finesse mais c'est surtout pour moi la découverte d'un grand second rôle des 70' qu'est Tony Lo Bianco surtout cantonné à des rôles de mafieux dans French Connection ou Police Puissance 7. il interprète cet homme à la fois touchant et détestable, typique du mâle toxique de l'époque avec une grande conviction et plus vraie que nature. On en ressort ému en ayant envie de voir ou revoir les autres œuvres de ce metteur en scène discret qui a écumé pas mal de genre entre 1958 et 1991, et qui vient de la télévision, à l'époque de l'essor de Frankenheimer, Lumet, Ritt, Penn, Altman..