Le nouveau film de Léonor Serraille, à qui l'on doit l'étonnant et explosif Jeune femme, présente plusieurs caractéristiques très intéressantes.
Tout d'abord, il s'agit d'une des rares tentatives de raconter sur le temps long la destinée d'une femme d'origine africaine en France, en y intégrant toutes les dimensions : sentimentales, sociétales, familiales.
De ce point de vue, le film réussit parfaitement à donner à l'écran ce sentiment du temps qui s'écoule, des trajectoires qui divergent inexorablement sans que personne n'y soit vraiment pour quelque chose.
Un petit frère est remarquable en ce qu'il parvient à dessiner des situations qui sont intrinsèquement liées à la condition d'immigrés (le racisme latent, l'importance de la communauté) et en même temps à s'en extraire résolument (les enfants qui dessinent leur propre chemin, la difficulté de construire des relations sentimentales durables).
Le film doit beaucoup à la prestation d'Annabelle Lengronne, qui utilise parfaitement toutes les nuances de son vaste registre.
Une fresque intimiste qui met en relief avec subtilité les mécanismes complexes de l'intégration.
Ambiance du film social dans un registre quasi-documentaire avec des scènes de vie d’une famille monoparentale ivoirienne fraichement arrivée en France, aidée par des proches, pendant que le reste de la fratrie est resté au pays. Mais rapidement, on perd le sens du propos, de la démonstration (de quoi ?) au fur et à mesure que les enfants grandissent. Les scènes s’étirent trop en longueur sans que le spectateur n’en cerne l’utilité, ce qui le conduit à chercher un fil conducteur que sans doute tous ne trouveront pas. Tout ça pour faire près de deux heures au total, la signature du film dit d’auteur ! Il n’y a que dans les dernières vingt minutes que le message social s’éclaire et distille sinon sa morale, du moins les éléments de réflexion amenant à la recherche d’une vie meilleure pour les enfants par leur travail (intellectuel ici) mais semée d’embuches et d’aléas. Globalement assez ennuyeux.
J'ai détesté ! Une mère défaillante, des situations glauques, des enfants qui subissent ! La mère pense à elle avant de penser à ses enfants. Ultime tromperie : Ahmed Sylla qui apparaît 5 minutes à la fin. Mention spéciale aux jeunes comédiens très crédibles et très justes !
Un film magnifique, tout en finesse, avec des personnages complexes décrits à travers une succession d'élipses. Les personnages sont profondément attachant, et cet attachement se construit progressivement. Le film nous mets dans l'embarras à de nombreuses reprises, et c'est justement le propre du cinéma que de faire vivres dans un court laps de temps toute la palette d'émotion et de réflexion qui ici se déroule sur quelques décennies de vie. Il y a 3 personnages principaux, et à chacun à sa manière, ou de part la façon dont la cinéaste les a mis en scène, est le personnage principal. Cette femme est très touchante, éprise de liberté, dans la complexité de la confrontation culturelle. Cette fresque de vie est pleine de vérité.
5 etoiles pour la prestation magistrale d'Annabelle Lengronne!!! Une actrice aujourd'hui sous côtée mais qui j espère grâce à ce rôle , se verra proposer beaucoup d autres films de haut niveau!
Un petit frère retrace l'histoire de Rose et de ses deux fils à leur arrivée en France, en provenance de Côte d'Ivoire. Centrée sur Rose, femme libre et debout quels que soient les aléas, l'histoire nous montre ce qui fait -et défait- une famille, sans jugement et avec tendresse. Annabelle Lengronne est une magnifique découverte.
excellent film qui restitue la construction et la deconstruction d'une famille française issue de l'immigration. la mère, picvot de cette famille est remarquable
Un magnifique film, sensible et inattendu. Le regard subtil d'une grande auteure sur une époque et un pays. Sur une jeune femme tiraillée entre son appétit de vivre et son devoir de mère. Un récit sur plusieurs époques où l'on se rend compte que rien ne change tout à fait pour les minorités.
Un petit frère donne le sentiment un peu étrange d'avoir à la fois partagé, au fil des années, la vie des trois membres de cette famille d'origine ivoirienne débarquée en France à la fin des années 80, tout en ayant peut-être raté l'essentiel dans leur cheminement sur plus de deux décennies. La faute en incombe aux ellipses temporelles qui empêchent de s'attacher pleinement aux personnalités des uns et des autres. Alors, oui, le film fonctionne bien par séquences, à l'intérieur de trois chapitres qui permettent de s'intéresser tour à tour à la mère puis aux deux fils, en terminant par le plus jeune, à l'aune de son intégration dans la société française d'aujourd'hui. On apprécie la douceur du trait de Léonor Serraille, avec cette volonté de garder toujours présent un sous-texte social fort qui ne prend jamais le pas sur l'intime et l'humain, en un geste romanesque qui ne manque pas de panache. Mais certains comportements et évolutions des personnages restent un peu mystérieux, faute d'informations. Cela a toutefois le mérite de faire appel à l'intelligence du spectateur, invité à combler les trous d'une narration rehaussée par une mise en scène qui fait constamment preuve d'élégance. Chacun pourra plus particulièrement être touché par l'un ou l'autre des différents protagonistes, au sein d'une interprétation séduisante où brillent notamment Annabelle Lengronne, Stéphane Bak et Ahmed Sylla.
.Ce film confirme pleinement le talent et la sincérité de Léonor Serraille. Il faut courir le voir pour apprécier le don de conteuse et le goût du risque de cette jeune réalisatrice dont j'avais déjà apprécié le premier film "Jeune femme", On la sent touchée au plus profond d'elle-même par les joies et leurs peines de ses "héros"; Cette promiscuité affective, elle nous la fait partager avec pudeur. L'image de la femme que propose le personnage de Rose est éminemment féministe..Venue d'Afrique avec ses blessures, elle se bat pour ses fils, et sa liberté de femme au travers le choix de ses hommes et de moments volés sur son exploitation.. La violence ressentie par le grand frère, Jean, qui ne pourra jamais voir ses rêves se réaliser nous révolte et le cheminement très particulier d'Ernest, le petit frère, qui le conduira à des retrouvailles pleine de respect avec sa mère à la fin du film nous intéresse par sa vérité et son originalité.. Vous serez pris par l'énergie qui se dégage de ce film et sa douceur mélancolique qui fait ressentir la souffrance de l'immigration et la difficulté pour trouver sa place en France au plus profond de l'intime.