L'Île rouge
Note moyenne
2,7
1144 notes En savoir plus sur les notes spectateurs d'AlloCiné
Votre avis sur L'Île rouge ?

160 critiques spectateurs

5
11 critiques
4
30 critiques
3
41 critiques
2
41 critiques
1
21 critiques
0
16 critiques
Trier par :
Les plus utiles Les plus récentes Membres avec le plus de critiques Membres avec le plus d'abonnés
Ciné-13
Ciné-13

128 abonnés 1 108 critiques Suivre son activité

2,0
Publiée le 11 janvier 2024
Les souvenirs du réalisateur seront le fil conducteur de ce film, suite de situations et d'ambiances, ponctuée de saynètes enfantines à la gloire de "Fantômette" (ambiance comparable à la moiteur de PACIFICTION en Polynésie française).
La cancel-culture affleure, qui se veut moralisatrice, à travers cette période méconnue de la colonisation par la France de Madagascar. Situations troublantes aux yeux de cet enfant, qui juge ces adultes tour à tour machistes, pernicieux, amoraux,...
Les musiques sont minimalistes et créent un climat intrigant. Et puis cet épilogue politique qui nous présente enfin des Malgaches en révolte, sans les confronter à tous les acteurs précédemment illustrés. L'insatisfaction sera le sentiment final.
Guy Chassigneux
Guy Chassigneux

7 abonnés 25 critiques Suivre son activité

3,0
Publiée le 21 juin 2023
Comme ci comme ça, moite/moite pour ce film en milieu militaire où pendant la première partie le rouge de la latérite est le seul indice d’une localisation à Madagascar et devient en conclusion la coloration d’une décolonisation arrivant en 1972 dix ans après sa proclamation.
Loin de « Coup de torchon » vraiment moite
https://blog-de-guy.blogspot.com/2021/04/coup-de-torchon-bertrand-tavernier.html
nous pouvons regretter aussi la puissance subtile de Gaël Faye
https://blog-de-guy.blogspot.com/2021/05/petit-pays-gael-faye.html
cependant des séquences sous leur aspect anodin laissent percevoir une inquiétude; l’innocence va se perdre, fatalement.
Le tendre récit à hauteur d’un enfant amateur de Fantômette disparaît quand les autochtones fantomatiques s’émancipent au moment des prolongations qui nous ont menés à près de deux heures de projection, Napoléon d’Abel Gance on the beach, compris.
Décidément, touristes, fils de parachutistes, nous ne sommes plus les bienvenus à la descente de gros porteurs dans les îles aux plages magnifiques.
Emmanuelle De bona
Emmanuelle De bona

1 critique Suivre son activité

4,0
Publiée le 1 juin 2023
Le petit angle de la boîte en bois dans laquelle se réfugie l'enfant restitue parfaitement ce kaléidoscope de points de vue, intimiste, social et politique
Carulu-andria PAZZONI
Carulu-andria PAZZONI

4 abonnés 128 critiques Suivre son activité

3,5
Publiée le 4 juin 2023
Un bon film qui illustre bien la vision coloniale française du passé, les acteurs sont bien dans leur rôle même s'il y a certaines choses que je n'ai pas compris.
traversay1
traversay1

3 721 abonnés 4 901 critiques Suivre son activité

3,0
Publiée le 1 juin 2023
Le début des années 70 marque un tournant pour Madagascar, où la population manifeste son intention d'en finir avec la tutelle française, symbolisée notamment par la présence de bases militaires. C'est aussi un paradis d'enfance pour le futur réalisateur Robin Campillo qui, 50 ans plus tard, nous livre une vision sensorielle de cette période, où il est témoin de certaines réalités, sans les comprendre, et où il s'évade en compagnie de Fantomette. Puisqu'il est à hauteur d'enfant, L'Île rouge n'est pas le film historique, et foncièrement anti-colonialiste, que l'on attendait. Cette enfance de l'indépendance d'un pays et, partant, la morgue de ses occupants étrangers, ne s'appréhende qu'à travers des paroles échangées et des attitudes, d'une manière certes subtile mais qui dessert en partie le film, que l'on espérait plus politique. L'image est belle, l'interprétation excellente (Nadia Tereszkiewicz confirme l'étendue de sa palette) mais son scénario, impressionniste, se love dans une certaine nonchalance, manquant d'au moins un ou deux temps forts pour séduire davantage. La fin du long-métrage avive d'ailleurs les regrets, avec des dernières scènes plus frontales quant au développement promis de son thème. Mais s'il avait pris cette voie plus engagée, Robin Campillo aurait sans doute trahi, en quelque sorte, l'enfant innocent et observateur qu'il était à l'époque.
sameplayerparis
sameplayerparis

36 abonnés 149 critiques Suivre son activité

4,0
Publiée le 26 juin 2023
Je ne comprends pas les critiques si négatives que je vois. J'ai été pris sous le charme de ce fil (presque) d'un bout à l'autre. C'est un film fin, sensible, original, qui capte des moments de vie à hauteur d'enfant. La fin sonne un peu comme une arrière-pensée bien-pensante qui n'a pas forcément sa place dans la narration d'un gamin de 8 ans, mais on la pardonne bien volontiers.
Klaus
Klaus

3 abonnés 32 critiques Suivre son activité

3,0
Publiée le 10 juin 2023
De jolis moments et de belles images, mais c'est quoi, le message ? Le réalisateur semble avoir été envahi par une nostalgie coupable d'avoir apprécié, enfant, cette période post-coloniale, avec comme conséquence d'hésiter en permanence dans le traitement des personnages, et dans la narration. J'en ai perdu le fil
Fêtons le cinéma
Fêtons le cinéma

718 abonnés 3 119 critiques Suivre son activité

4,0
Publiée le 5 juillet 2024
L’Île Rouge représente un temps rarement investi par la littérature et le cinéma, ce temps de décolonisation perçu tout à la fois comme fin d’un monde – point de vue des colonisateurs – et comme reconquête d’un autre – point de vue des colonisés – qui ne pourra cependant jamais redevenir à l’identique, en témoignent les revendications politiques dernières. Cette temporalité historique et géographique retranscrit également celle de l’enfance, écartelée entre la cape de super-héroïne et la forêt des amoureux où viennent flirter et s’embrasser les jeunes couples. L’entreprise de Robin Campillo, soit l’articulation du gigantesque et du minuscule, reproduit ainsi l’approche narrative d’un Marcel Proust dans sa Recherche, puisqu’elle advient par le prisme d’un garçon qu’aucun discours adulte ne reconstruit artificiellement, un être qui, faute de comprendre pleinement les enjeux de ses parents et de leur entourage, ne peut que mobiliser ses sens pour habiter son environnement et l’investir par l’imaginaire.
La réalisation recourt alors à des gros plans sur des corps au contact l’un de l’autre ou sur des éléments du paysage comme captés à hauteur d’enfant, immortalisés dans sa mémoire. À l’image d’Andrea dans le film de Luigi Comencini Incompreso (1966), l’évasion du petit Thomas prend l’aspect d’une errance somnambule durant laquelle rêve et réalité se confondent : en surprenant les Malgaches parler dans leur langue et mettre à distance le bel amant blanc – perçu comme une porte de sortie, comme la promesse d’un nouveau départ –, en refusant de paraître sur la photo souvenir qu’organise son père, en se cachant dans un coffre en bois pour épier aux environs et visionner Fantômette, il revendique son statut de gardien d’un paradis perdu qui le définira à tout jamais. Un très beau long métrage.
Tumtumtree
Tumtumtree

177 abonnés 536 critiques Suivre son activité

5,0
Publiée le 20 juin 2023
Respect à ceux qui n'ont pas pu entrer dans ce récit d'enfance africaine, mais pour moi L'Île rouge est un pur joyau. J'y allais à reculons, découragé par une presse et des critiques-spectateurs pointant tous les défauts supposés de la chose : un film éthéré sans récit structuré, une vision d'homme blanc sans attention portée aux autochtones, de belles images sans réelle signification... Et puis le film commence et je crois m'être trompé de salle. Une héroïne d'enfance, digne des BD des années 1950, se bat dans une laverie automatique contre d'improbables méchants. Dès cette séquence, Robin Campillo situe son point de vue : l'enfance, ses fantasmagories, ses souvenirs recomposés. Et les 4/5 du film qui suivront reposent sur ce postulat, mais avec ceci de particulier qu'on est sur une île africaine, aux ambiances tropicales traversées de couleurs et de lumières irréelles, où père et mère prennent des allures de personnages oniriques.
Suit alors un récit parfaitement structuré où l'on découvre progressivement la réalité d'une colonisation, les militaires et les bordels, le mal du pays, les soldats qui tentent l'aventure avec une femme locale, la hiérarchie qui prive certains d'assister aux cérémonies du général, l'aide apportée par l'occupant à l'armée nationale lors de ses opérations de maintien de l'ordre, etc. Tout est raconté en un récit organique, où le quotidien et sa trivialité se nourrissent des récits que la voix du père rapporte depuis la base. Les flash-backs se multiplient alors pour témoigner de la mort accidentelle de deux bidasses, d'une mission aérienne dans le sud, d'une révolte des prostituées locales. Mais comme tout enfant, notre personnage principal feint la naïveté tout en comprenant parfaitement ce qui se joue lors des messes basses. Il décrypte les propos des adultes et leurs sous-entendus, de sorte que l'idée directrice du film tient précisément à cette patiente observation du monde révélatrice des secrets de chacun et des groupes sociaux auxquels on appartient : à quoi jouent les adultes le soir quand ils ont trop bu ? le couple formé par maman et papa est-il aussi solide que ça ? pourquoi les prostituées se révoltent-elles ? pourquoi les locaux ne sont-ils réduits qu'à des fonctions secondaires ? Exorcise-t-on vraiment les Européens amoureux des Malgaches ? Etc.

La situation de l'enfant, Français parmi d'autres Français, ne pourrait donner qu'une place subalterne aux Malgaches. Longtemps on pense que Campillo se limitera à quelques beaux plans de visage pour nous faire comprendre son empathie pour le peuple colonisé, mais c'est oublier le cinéaste politique qu'il est depuis 120 battements et même Eastern boys. spoiler: Par un stratagème scénaristique étonnant, le cinéaste retourne complètement son point de vue et adopte la langue des opprimés. Certes ce twist nous prive de derniers instants avec cette famille qu'on avait tant appris à aimer, rompt avec la douceur nostalgique de cette chronique africaine, mais il s'impose pour d'évidentes raisons éthiques et politiques.
Charge alors au spectateur d'accepter que la règle du jeu a changé et de s'engager lui aussi dans ce nouveau film devenu militant.

Robin Campillo réinvente la chronique familiale, tant par la structure de son récit que par la fluidité de sa mise en scène. L'île rouge sera probablement le plus beau film de 2023, le plus beau au sens strict. L'organicité des séquences, leur lumière, leurs couleurs, les cadrages, les effets de flou, les choix musicaux, etc. sont indépassables. Et rien n'est gratuit : toute cette beauté est la traduction mythifiée d'une réalité vue à travers le prisme du souvenir d'enfance. La démultiplication des plans répond à cette récollection de mémoire, d'hypothèses, de rêve, d'incompréhension, d'imagination sur laquelle nous fondons nos réminiscences les plus anciennes. Et non, la beauté n'est pas gratuite : pour ceux qui seraient parvenus à entrer dans le film, elle ancre durablement dans le souvenir les moments de ce récit cinématographique exceptionnel. On pense aux débuts de Claire Denis, à Tabou de Miguel Gomes, à la sophistication de Tree of life (dans ce que cet autre récit d'enfance avait de meilleur), à la fluidité kaléidoscopique de Serre-moi fort de Mathieu Amalric, etc. etc. D'autant que Campillo a en commun avec tous ces gens-là le souci du casting, jusque dans ses troisièmes et quatrièmes rôles. Tous les comédiens de L'île rouge sont parfaits, du père au serveur du mess des officiers, en passant par la mère, les amis des parents, les insurgés malgaches, le curé du village et le vendeur de pierres précieuses.

Quand Campillo a surgi avec Eastern Boys, on évoquait la savante scène d'ouverture gare du nord où, en dix minutes, uniquement par la mise en scène, le cinéaste disait quelque chose de nos sociétés urbaines, des migrations, de l'espace et du mouvement, etc. Avec L'île rouge, il parvient à porter cette même perfection à l'échelle d'un film complet de 2h, en s'émancipant de tout didactisme inutile. En cela, il s'agit de son meilleur film.
Patricia D.
Patricia D.

77 abonnés 181 critiques Suivre son activité

4,5
Publiée le 3 juin 2023
Robin Campillo s'est largement inspiré de son histoire personnelle pour écrire et réaliser L'île rouge. Fils d'un militaire, il a vécu deux ans sur une base militaire française à Madagascar avec ses parents et ses deux frères aînés au début des années 70. Bien que l'indépendance de Madagascar soit officielle depuis 1960, les personnages du film se comportent en colons, profitent à chaque instant de ce "coin de paradis" et semblent indifférents à la vie des Malagasy.
L'île rouge est un film de sensations, filmé à hauteur d'enfant. Thomas (épatant Charlie Vauselle), 8 ans, grand admirateur de Fantômette est un observateur discret du monde qui l'entoure. Il pose un regard attentif sur les humains et les paysages. La relation avec sa mère (magnifique Nadia Tereszkiewicz) le porte et va l'aider à quitter Madagascar avec sa famille pour rejoindre la France. Les dernières images de ce film tout en nuances spoiler: montrent l'allégresse de jeunes malagasy qui défilent en chantant le bonheur de vivre et d'écrire désormais leur histoire.
Loquita
Loquita

3 abonnés 9 critiques Suivre son activité

5,0
Publiée le 3 juin 2023
D'abord, j'ai adoré la bande annonce. C'est rare que j'aime une bande annonce, mais celle de ce film-là m'a bercée, comme une chanson qui vous entre dans la tête et qui ne veut pas en ressortir.

Ensuite, j'ai adoré le film ! La question du regard est essentielle au cinéma, non ? Qui regarde ce qui nous est montré ? Quel est le point de vue ? Si on ne se pose pas cette question, on peut se faire manipuler. Eh bien je trouve génial que ce soit un enfant qui regarde cette communauté de colons. Parce qu'un enfant n'a pas encore d'a priori, donc son regard est objectif, il ne pose pas de filtre sur les faits qui se déroulent sous ses yeux. Et les faits, ce sont des Français qui se sont créé une bulle paradisiaque, qui se sont appropriés des terres, au détriment de la population locale qui ne fait que bosser pour eux, trimer pour eux, et dans l'ombre si possible, pas sous leurs yeux. Pour moi, ce film est une oeuvre de salubrité publique parce qu'on n'a pas assez décolonisé les esprits, en France, on n'a pas assez expliqué les méfaits de la colonisation ; c'est tellement vrai qu'une bonne partie de notre classe politique en est encore à vouloir vanter les "bienfaits" de la colonisation !

En plus, je trouve le film subtil. C'est par des petits bouts de scènes sur les côtés de ce qui se passe au centre de l'image, qu'on comprend que les coulisses de ce paradis artificiel sont le mépris de la population locale, son humiliation parfois, et la collaboration avec l'armée qui réprime les indépendantistes.

Instant génial : le moment où on passe de ce que se disent les Français entre eux, à ce que se disent les Malgaches entre eux !

Enfin, visuellement, le film est splendide, à l'image de l'île rouge qui lui donne son titre. Rien que dans la bande annonce je devine cette splendeur, le panoramique le long de la piscine, l'avion qui lâche des parachutistes en survolant le territoire... Vraiment, je suis à l'opposé de ceux qui font la fine bouche, devant ce film qui me fait mettre Robin Campillo dans la catégorie des cinéastes dont J'ATTENDS chaque prochain film !
Marius M.
Marius M.

3 abonnés 18 critiques Suivre son activité

3,5
Publiée le 23 juin 2023
J'ai trouvé très juste, dans ce film, la représentation de l'enfance et de la mémoire. Le regard rétrospectif de l'adulte qui a grandi n'étouffe pas celui du petit Thomas, étonnant de lucidité. Pour autant, j'ai beaucoup moins aimé la dernière partie du film: elle m'a semblée comme posée là, ayant pas ou peu de rapport avec ce qui précède. Si sa dimension politique est intéressante, elle aurait pu être davantage (et mieux) développée.
Retrouvez ici l'intégralité de ma critique: https://mariusmirone.wixsite.com/chimeres/post/l-%C3%AEle-rouge-la-bo%C3%AEte-%C3%A0-souvenirs-de-robin-campillo
Piccolo
Piccolo

2 abonnés 27 critiques Suivre son activité

3,0
Publiée le 1 juin 2023
Certaines séquences sont très belles, réussies, mais à chaque fois que le film m'attrapait émotionnellement il me relâchait ensuite, si bien que mon implication, ma concentration pendant la séance a été très aléatoire. Les images sont très belles, les plans très composés et l'atmosphère du film est un doux voyage. À travers ses souvenirs d'enfance Robin Campillo nous offre une fresque qui réussite les morts, le temps passé, est un doux hommage à l'enfant qu'il a été, mais a tendance à nous laisser un peu sur le bas coté. Je recommande tout de même ce film, qui, bien qu'il ne soit pour moi pas une réussite totale, est plein de qualités et porté par des acteurs toujours justes.

Petite note pour ceux ayant vu le film : Les crocodiles dans la culture malgache sont très respectés et considérés comme la réincarnation des ancêtres. spoiler: Je trouvais interessant d'avoir cette information en clef de lecture pour la séquence où le père en offre à ses enfants et les plonge en captivité.
gimliamideselfes
gimliamideselfes

3 130 abonnés 3 976 critiques Suivre son activité

3,5
Publiée le 4 décembre 2023
Souvenirs éparses de la fin de la présence militaire à Madagascar, L'Île rouge de par son sujet rappelle quelque peu Chocolat de Claire Denis. L'Afrique coloniale racontée à hauteur d'enfant qui ne comprend pas forcément tout, qui vit dans une sorte de bulle coupée du reste du monde.
Malheureusement Campillo ne peut pas s'empêcher de bien montrer qu'il condamne, que l'influence coloniale française sur Madagascar n'apporte rien de bon, etc et du coup on perd le regard naïf de l'enfant sur la situation. On n'est pas juste en train de rêver avec lui à se prendre pour Fantômette.

D'ailleurs le fait d'avoir fait de Fantômette une figure aussi importante du film est clairement la trouvaille du film. On ouvre carrément le film avec une séquence entière sur Fantômette, c'est gratuit, ça ne sert à rien et c'est tellement réussi. Visuellement on a quelque chose qui détonne avec le reste et qui permet immédiatement de comprendre à travers quels yeux on va suivre cette histoire. Ou plutôt cette non histoire parce qu'il n'y a pas vraiment d'intrigue, on suit une famille et le temps qui s'écoule sur cette base militaire française...

On voit donc ces femmes de militaires s'ennuyer, délaissées par leur mari, les maris boire un peu trop, faire semblant qu'ils ne fréquentent pas les bordels... Tout ça pendant que le petit garçon ne rêve que d'une chose : devenir Fantômette.
Si je crois que le choix de Fantômette vient des lectures de Campillo lui-même lorsqu'il était enfant, on peut noter que dans ce film on a le personnage principal qui s'identifie à fond à son héroïne préférée et que jamais ça n'engendre la moindre raillerie de la part de ses camarades ou de ses frangins. Disons que ça a le mérite d'être original, qu'on n'est pas dans un sentier balisé. Il adore Fantômette et c'est tout.

Tout ça est vraiment réussi, mais par moments Campillo ne peut pas s'empêche de sursignifier des choses au spectateur pour pas qu'on puisse l'accuser de complaisance et on sort un peu du regard enfantin. Alors c'est justifié dans la narration par le fait que Fantômette doit faire attention, être attentive pour voir au-delà des faux semblants, mais bon, j'ai quand même un peu de mal à croire qu'un enfant de 8 ans pige quelque chose aux aspects géopolitiques de la politique néocoloniale française à Mada...

Et c'est peut-être ce qui vient casser l'immersion du film, cette impression que par moment on doit quand même nous dire que c'est bien de manière assez frontale. Au début ça passe encore, on est à un repas, on ne sait pas encore bien quel est le contexte, on est en train de découvrir et on voit un tuyau d'arrosage qui traîne. Un employé dont on ne verra pas le visage veut le ranger et le père de famille se met à lui dire de faire ça plus tard, comme si le malgache ne devait pas gâcher la fête par sa présence.

Il y a vraiment ce côté communauté fermée et ça fonctionne bien. Mais par moments c'est encore moins subtil, notamment dans les discussions entre adultes et ça aurait pu mériter plus de finesse.

J'aime cependant bien la fin, tournée en malgache, entre personnages malgaches, où le français a disparu, ce qui permet une reprise en main du destin politique par les malgaches eux-mêmes, puisque leur gouvernement n'est plus soutenu par l'armée française, empêchant toute indépendance réelle du pays.

Si le film n'est pas parfait, il n'est reste pas moins assez beau et méritant clairement le coup d’œil.
velocio
velocio

1 345 abonnés 3 179 critiques Suivre son activité

2,5
Publiée le 25 avril 2024
On ne lui avait rien demandé mais Robin Campillo a tenu à nous faire partager ses souvenirs d'enfance à Madagascar, dans une base militaire de l'armée française, au début des années 70. Pourquoi pas ? Dommage qu'il ne nous ait rien demandé, car, sinon, on lui aurait demandé de réaliser un film exempt de longueurs inutiles, un film dans lequel on ne passe pas les 3/4 de son temps à s'ennuyer. Pendant la plus grande partie du film, on ne voit au travers les yeux d'un enfant que des familles françaises, père, mère, enfants, et pratiquement jamais des malgaches. L'enfant, il s'appelle Thomas dans le film, mais tout laisse à penser qu'il s'agit en fait de Robin Campillo. Un enfant qui observe le monde autour de lui, avec les yeux d'un lecteur assidu de Fantomette, "la terreur des malfaiteurs". A priori, l'idée n'était pas mauvaise mais elle est très mal exploitée et elle nous vaut de très longs, de trop longs intermèdes de film d'animation mettant en scène cette fameuse Fantomette. Quant au monde observé par Thomas, ces militaires français et leurs épouses, ce prêtre, ce médecin militaire, ce général et les officiers qui l'entourent, on aurait aimé que leurs états d'âme soient présentés de façon plus personnelle et non au travers du filtre d'une vision enfantine. En plus, à 10 minutes de la fin, le film change brutalement de sujet, ne s'intéressant plus qu'à la population malgache et au ressentiment qu'elle ressent envers la situation coloniale qui persiste plus de 10 ans après l'indépendance. Cette dernière partie du film est très intéressante, mais il est dommage qu'elle arrive comme des cheveux sur la soupe et qu'elle soit si courte, laissant les spectateurs sur leur faim. Autre problème grave de ce film, tourné en format 1.37 : Quim Gutiérrez, le comédien interprétant le rôle du père de Thomas, joue atrocement faux du début jusqu'à la fin. Ce qui, heureusement, n'est pas le cas des autres interprètes, en particulier Nadia Tereszkiewicz et Sophie Guillemin, toutes deux excellentes. En résumé, après "120 battements par minute", on attendait mieux de Robin Campillo.
Les meilleurs films de tous les temps
  • Meilleurs films
  • Meilleurs films selon la presse