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traversay1
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3,0
Publiée le 2 mai 2022
Le retour à la vie civile d'un militaire qui a subi un événement traumatique sur un théâtre de guerre. Oui, c'est un sujet que l'on a vu traité au cinéma à plusieurs reprises, ces dernières années, mais le premier film de Mathieu Gérault ne sent cependant pas le réchauffé. Au contraire, l'intrigue mélange assez habilement plusieurs genres : drame psychologique, évidemment, mais aussi film noir et réflexion plus large sur le sens de l'engagement dans des conflits lointains. De tous ces aspects, le côté thriller est le moins réussi, parce que trop forcé et finalement pas nécessaire à la compréhension globale de l'état mental de l'ancien soldat. A l'inverse, l'évocation guerrière, à proprement parler, est subtilement exposée, sans la lourdeur de flashbacks et avec des éléments plus sonores que visuels. Le récit de Sentinelle Sud est cependant assez chargé en termes de péripéties et l'accumulation de scènes violentes, dans sa dernière partie, sonne quelque peu artificielle, comme s'il fallait à tout prix régler tous les problèmes et permettre à son héros de solder l'ensemble de ses comptes. Mais la grosse déception, dans une histoire aussi étoffée, est la banalité constante de sa mise en scène, qui ne sort jamais des sentiers balisés. Pour combler cette lacune (en partie), il y a l'épaisseur de jeu de Niels Schneider, et ce n'est pas rien, mais aussi la qualité de seconds rôles plus que solides, excellemment incarnés par Sofian Khammes, India Hair et Denis Lavant.
Excellent film! Sur des jeunes cabossés après leur mission comme militaires en Afghanistan. Le scénario mêle habilement un côté polar et un côté sociétal. Le suspense est bien là. Il n'y a pas de scènes de guerre, pourtant on ressent bien ce qu'ils ont pu vivre là bas. Et l'impact au retour...Les acteurs sont formidables.
Mathieu Gérault, le réalisateur, prend le choix de montrer le trouble d’une guerre juste terminée, représentant un passé douloureux. Un traumatisme qui laisse des souvenirs encore plus douloureux pour nos protagonistes desquels ils ne peuvent échapper. Les restes d’une guerre atroce dont nos acteurs se sont beaucoup renseignés afin d’être le plus juste possible afin de mieux s’imprégner des enjeux, des ambiances. Niels Schneider nous a confié, qu’il trouvait au départ son jeu d’acteur trop poussé, trop marqué. C’est au fil de ses lectures et de ses recherches qu’il s’est rendu compte que son jeu était à la hauteur de ce que pouvaient vivre les soldats traumatisés par la guerre.
On y retrouve des soldats rongés, affaiblis, brisés qui essaient tant bien que mal d’avancer, de trouver un but à leur vie et qui essaient de se battre contre eux-mêmes. Les restes et les souvenirs d’une guerre brutale et sanguinaire de soldats rapatriés. Un retour brusque à la réalité. Une guerre qui n’est pas toujours visible, celle de la liberté, de la libération et de la survie. La seule échappatoire de leurs secrets ? Les guerres que l’on ne voit pas, sont parfois les plus meurtrières.
C’est face à cette liberté mais aussi cette prison, que nos protagonistes montrent via leurs « cicatrices » visibles ou non ce besoin d’aimer, ce besoin d’être aimé. Des soldats qui auraient tout donné dans leurs régiments pour la parole du chef ou du « Padre » comme ils le disent si bien. Un aveuglement de l’ordre et de la misère par l’amour, là où l’amour est leurs seules potentielles échappatoires. L’amour de la guerre et l’amour des supérieurs, un amour vache et aveugle qui est à l’origine de toutes leurs misères.
Des fractures visibles entres les caractères, un homme qui cherchait tout l’amour de son père et qui ne l’a jamais eu, et un enfant abandonné à la naissance à la recherche d’une famille. Ce sera face à de nouveaux conflits, un braquage et un deal d’opium que nos héros vont se révéler. Des facettes d’eux-mêmes inconnues, des démons refoulés, des anges enterrés.