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    Il n’y aura plus de nuit
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    jroux86
    jroux86

    7 abonnés 46 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 20 novembre 2022
    Le rythme et le style du commentaire font beaucoup penser aux films-documentaires de Chris Marker. A la différence que ce qui est montré ici est extrêmement sérieux (et totalement sidérant) : derrière les silhouettes, les ombres, il y a des combattants qui sont tués à distance par des militaires restés derrière leurs écrans. Quid de la loyauté en temps de guerre (cf. Conventions de Genève) ?
    Et puisqu’on en revient toujours aux racines du cinéma, difficile de ne pas penser à l’invention de Marey, le fusil photographique, inspirée d’une invention ultérieure, le revolver photographique.
    Il est assez saisissant, je trouve, que dans le domaine de l’intelligence humaine, infiniment créatif et innovant, on ait une l’idée, à une époque, de singer une arme à feu pour tenter de résoudre le mystère du mouvement. Il y a bien entendu des raisons techniques à cela mais, quand même, ce n’est peut-être pas totalement neutre (ce qu’ont dû également penser des cinéastes comme Powell, Hitchcock, De Palma, Antonioni ou encore Coppola - voir certains de leurs films). Et je me laisse tenter par la comparaison funèbre :
    S’agissait-il seulement de « capter » ou fallait-il, par ce biais, « voler » au réel une forme de vie que l’œil seul ne pouvait percevoir ? Fallait-il arracher à la vie ce phénomène imperceptible pour pouvoir le conserver précieusement ? En jouir indéfiniment en le voyant et le revoyant - au ralenti, en accéléré, à l’arrêt, à l’envers… ? Un « crime de lèse-réalité » qui a permis à l’homme d’acquérir un degré de maîtrise jusqu’alors inégalé dans le domaine de la représentation.
    Ce qui est assez fou avec le film dont il est question ici, c’est qu’il ne s’agit plus seulement de capter le réel. Ces drones, en plus de leur pouvoir omniscient et panoptique (leur permettant notamment de voir de nuit comme en plein jour), semblent avoir le pouvoir de le modifier. On me dira que cela fait longtemps que le cinéma a compris comment faire… Mais là, il y a la possibilité de modifier le réel… en temps réel ! Il suffit d’appuyer sur un bouton, comme dans un jeu vidéo auquel on pense inévitablement, pour changer le « scénario » de la scène, avec droit de vie ou de mort sur les « acteurs ». Vertigineux… Avec ce fusil photographique 2.0, Il n’y aura plus de nuit semble nous dire qu’après les découvertes d’hier, le degré de maîtrise de l’homme sur l’image n’est plus celui d’un scientifique un peu poète (ces magnifiques vols d’oiseaux décomposés…), mais celui d’un dieu ayant tout pouvoir et sur la réalité et sur sa représentation.
    VOSTTL
    VOSTTL

    100 abonnés 1 955 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 23 février 2022
    Film instructif mais trop redondant. Une petite heure aurait été suffisant. La mécanique se répète. Cela dit, on alterne entre indignation et résignation. On sait pertinemment que la guerre est sale, et je comprends qu’il n’y a pas d’état d'âme à avoir quand on est sur le terrain. La guerre génère aussi des bavures, des maladresses terrifiantes et irréparables pour les familles concernées.
    Ce qui est aussi terrifiant à bien y réfléchir c’est d’assister à des vrais morts.
    Ce qui nous est proposé sous nos yeux, ce sont des êtres humains abattus et pourtant, je me suis surpris à la longue à regarder ceci sans émotion. Voilà pourquoi, j’emploie « résignation ». L’émotion du début finit par disparaître sous le son hypnotique des pâles d’un hélicoptère et des longs silences de la narratrice !
    Je suppose que cela aurait été plus saisissant et insupportable si les images n’étaient pas infrarouges ou thermiques. Voir les Tours du World Trade Center frappées par les avions et voir tous ces désespérés se jeter des fenêtres me sont toujours insupportables. Je baisse les yeux ou les ferme.
    Ici, je ne crois pas avoir baissé le regard une seule fois à part de fatigue ! Les morts sous le prisme de l’infrarouge ou thermique seraient-ils plus acceptables ? « Il n’y aura plus de nuit » signifierait-il : il n’y aura plus d’émotion…
    Si, l'émotion est là avec ces caméras si sophistiquées au point de voir comme en plein jour avec des étoiles pour nous prouver que c’est bien la nuit. On ne peut rester indifférent devant tant de prouesses techniques et là pour le coup, il n’y aura en effet plus jamais de nuit…
    gimliamideselfes
    gimliamideselfes

    3 096 abonnés 3 969 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 23 septembre 2021
    Il n'y aura plus de nuit est un documentaire composé quasi uniquement d'images prises depuis des hélicoptères sur des zones de conflit. On y filme donc des civils qui vivent et surtout des gens que l'on suppose être des soldats, ou du moins des gens hostiles (enfin... hostiles... on se comprend) qui se font tirer dessus par l'armée (américaine la plupart du temps, je suppose).

    Et en fait le sujet du film est tellement fort que finalement je ne suis pas certain que la voix off commentant les images, les propos rapportés de militaires analysant les images, soit vraiment importante. Je m'explique, il y a des documentaires où clairement la voix off fait partie de l'identité du film, un texte écrit par Godard, Herzog ou par Marker ça se reconnait, on prend du plaisir à l'écouter, à jouir de leur sens de la formule, etc. Là j'ai un peu l'impression que n'importe quel autre réalisateur aurait mis un texte similaire et que le film ne brille pas grâce à ça.

    Je veux dire que rien qu'en voyant les images les questions on se les pose déjà en tant que spectateur : comment il arrive à voir une arme là ? on ne voit rien...
    Comment peut-il être sûr ?

    Et surtout on voit plein de gens mourir pour de vrai, mais ça ne fait rien... ça ne fait tellement rien que ça en devient gênant, on aurait aimé ressentir quelque chose... Mais ces gens ne sont que des points qui brillent dans la nuit noire, des points qu'on peut viser et sur lesquels on peut tirer. Et en réponse aux tirs il n'y a que le silence...

    C'est peut-être ça le parti le plus audacieux finalement : ne pas mettre de musique. La réalisatrice ne cherche pas à créer le pathos artificiellement, et encore moins à rendre ça épique. Elle a bien conscience qu'on regarde des gens se faire canarder pour des motifs plus ou moins valables (j'aime beaucoup le commentaire rapporté d'un militaire français disant que le type marche de manière insolente et trop décontractée... (un motif légitime visiblement)

    Et surtout il y a l'erreur, la fois où l'on sait après coup que le pilote a tiré sur un journaliste avec son appareil photo et pas sur un type armé d'un lance rocket... C'est particulièrement marquant puisqu'en tant que spectateur on n'a rien remarqué, ce n'était qu'un tir de plus parmi tant d'autres... il ne semblait ni plus, ni moins légitime que tous les autres... et pourtant c'était une "bavure".

    C'est un film glaçant, où l'accumulation de ces images permet de se rendre compte de l'irréalité du réel. Tout ça semble si faux, si loin... et pourtant les conséquences sont bien réelles. Et il est difficile à plusieurs centaines de mètres d'avoir la moindre estime pour la vie de l'humain qu'on a en ligne de mire...

    Franchement le film part d'une bonne idée, a été très bien exécutée, c'est pas trop long... c'est à voir.
    🎬 RENGER 📼
    🎬 RENGER 📼

    7 351 abonnés 7 543 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 2 juillet 2021
    C’est une plongée fascinante en zone de guerre à laquelle nous convie la réalisatrice Eléonore Weber. 75min d’images provenant d’hélicoptères prises sur le front (en Afghanistan, en Irak, en Syrie…). Des images saisissantes qui portent un regard froid sur des images réelles de guerre.

    Il n'y aura plus de nuit (2020) est une compilation d’images infrarouges portée tout au long par la narration monocorde de Nathalie Richard, ainsi qu’un regard militaire, celui de "Pierre V.", un pilote français qui décode ce que nous, simple citoyen, ne percevons.

    Les images prises sur le vif ont toutes été filmées depuis des hélicoptères. Chaque tireur est équipé d’une caméra (obligatoire) qui filme et enregistre tout (ces images sont ensuite archivées et peuvent parfois tomber dans le domaine public sur internet, c’est comme cela que la réalisatrice à pu se fournir). Tout au long du film, la caméra est le prolongement du soldat, le point de vue est le viseur. En un quart de seconde, une rafale peut partir, une roquette peut venir s’écraser et anéantir un pâté de maison ou pulvériser des assaillants (et hélas, parfois des innocents).

    La réalisatrice s’intéresse aux rapports qu’entretiennent les militaires entre le pouvoir et la technologie. Le fait pouvoir surveiller, survenir ou anéantir sans être vu ou entendu (à bord des hélicoptères, ils peuvent filmer jusqu’à plusieurs km de distance). La frontière entre le jour et la nuit s’atténue avec les progrès technologiques, comme en atteste très justement le titre du film. Il n’y a qu’à voir les plans ahurissants filmés en pleine nuit où l’on y voit comme en plein jour (seules les étoiles viennent trahir « le faux jour »), à l’image de certaines caméras déjà utilisés par les militaires telles que la CMOS Kamelon ou la Falcon Eye KC-2000.

    Impossible de ne pas repenser à Good Kill (2014) d’Andrew Niccol, où Ethan Hawke pilotait des drones à plusieurs centaines de km voir des milliers de km et qui, derrière son écran, tuait des talibans. Le rapport de force via l’image infrarouge est exactement le même, le militaire tue par l’intermédiaire de sa caméra, il n’est pas réellement sur le terrain, en première ligne face à l’ennemi.

    Déshumaniser la guerre en remplaçant les individus par de simples cibles à abattre ou à laisser en vie. Un choix parfois cornélien car, comme expliqué dans le film, il n’est pas aisé de différencier l’arme d’un terroriste au râteau d’un agriculteur, quand la caméra infrarouge ne permet pas de faire la distinction, surtout lorsque le soleil vient se réfléchir dessus.

    Il en résulte un documentaire saisissant où la puissance des images s’en retrouve décuplées. Enfin, il est intéressant de constater que, comme expliqué dans le film, les américains donnent à leurs hélicoptères le nom de peuples indiens massacrés (Kiowas, Apaches ou encore Cheyenne), quand les français eux, donnent des noms d’animaux sauvages, oscillant entre proies et prédateurs (Puma, Gazelle ou encore Tigre).

    ► http://bit.ly/CinephileNostalGeek ★ http://twitter.com/B_Renger ◄
    Yves G.
    Yves G.

    1 498 abonnés 3 516 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 29 juin 2021
    Philosophe de formation, la documentariste Éléonore Weber a glané sur YouTube des images de guerre déclassifiées filmées sur des théâtres d’opérations extérieures (Afghanistan, Irak, Sahel…) depuis des hélicoptères américains ou français. La voix off de Nathalie Richard les commente.

    En 2014, l’excellent Andrew Niccol réalisait "Good Kill", une fiction dans laquelle Ethan Hawke interprétait le rôle d’un pilote de drone américain, passant des heures derrière son joystick, sur une base américaine du Nevada, effaçant quelques cibles, avant d’aller benoîtement chercher ses enfants à l’école à la fin de ses heures de service. Cette fiction soulignait, mieux que n'importe quel documentaire, la transformation de la guerre moderne en jeu video, la déréalisation du théâtre d’opérations, le déséquilibre des forces en présence et les questions éthiques qu’ils soulèvent.

    Le documentaire de Éléonore Weber traite le même sujet. Il a le mérite de le faire avec des images « vraies », celles muettes, gris blanc, captées par les caméras thermiques embarquées à bord. Pendant quelques minutes, le temps de la bande annonce voire celui du premier quart du film, elles produisent un effet fascinant, accru par la voix off hypnotisante de Nathalie Richard. On essaie de se repérer, d’évaluer les distances, de distinguer les cibles, en évitant, comme les tireurs, les « bavures » : cette silhouette est-elle celle d’un paysan qui porte un râteau ou d’un moudjahidine brandissant une kalashnikov ? Mais bien vite l’ennui s’installe.

    Car "Il n’y aura plus de nuit" souffre d’un défaut rédhibitoire : son absence de scénario. Il n’y a aucune progression dans ce film. Un seul point de vue nous est montré et répété ad libitum. La succession des séquences ne dessine aucune structure, n’articule aucun récit. Éléonore Weber aurait pu en montrer le double ou la moitié sans que l’équilibre de son documentaire en soit modifié. Reconnaissons lui le mérite de s’être borné à soixante-quinze minutes seulement.
    Gfa Cro
    Gfa Cro

    55 abonnés 573 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 22 juin 2021
    vu le 20210616, avis le 20210621

    pas mal, manque pour moi d'explications



    Durant le film, j'ai noté deux choses :
    Au bout d'un certain temps, les pilotes ne savent plus définir ce qu'est une bavure.
    Là où il y a eu la guerre, il ne peut plus y avoir la paix.

    Pour la seconde idée, j'imagine que l'idée n'est pas jamais à tout jamais. La paix peut revenir, mais elle est extrêmement compliquée parce qu'il y a des armes partout ensuite, il peut y avoir des mines, des pièges. Des blessures, des souvenirs, des absents et des défunts, etc.

    Le documentaire est intéressant mais nous ne bénéficions que d'une phrase explicative très occasionnellement. J'imagine que l'intérêt du documentaire est de se mettre à la place des militaires et de se demander, en fonction de ce que nous voyons, tirons-nous ou pas et si oui, quand. J'imagine aussi que le principe du film est aussi de nous faire nous rendre compte qu'il n'y a pas de vérité. Jamais il ne sera possible de savoir si une arme vue était bien une arme, si une personne qui semblait anodine était bien un simple villageois, etc. Tout ce que l'on peut faire, c'est espérer essayer de deviner. Et c'est là tout l'intérêt du film, montrer que la vie de gens ne devrait pas dépendre de devinettes mais de fait réels. Comprendre que ce que l'on nous présente aux actualités comme des faits, sont des interprétations, possiblement faillibles comme des devinettes plus ou moins bien racontées, conçues ; comprises par qui doit deviner.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 20 juin 2021
    A la fois terrifiant et instructif sur ces métiers si méconnus. Les commentaires sont justes et permettent de mieux décrypter les images qui oscillent entre jeux vidéos, chocs, humanité (famille des soldats, image de la femme voûtée...). Les images finales sont très troublantes et la conclusion mène à une réflexion profonde.
    Adelme d'Otrante
    Adelme d'Otrante

    179 abonnés 1 165 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 17 juin 2021
    Excellent titre pour un documentaire au dispositif radical soit entierement composé d'images tournées en vision nocturne. Celles qu'utilisent les soldats pour détruire l'ennemi depuis leurs drones ou hélicoptères. Ou quelquefois pour tuer des innocents. Car même avec une caméra dernier cris la nuit une fourche ressemble à une kalachnikov. Le film est livré totalement brut, seules une bande son ambient minimaliste et une voix-off complètent les images, cette aridité m'a lassé, je l'aurai sans doute plus apprécié dans un musée d'art moderne que dans un cinéma.
    Coric Bernard
    Coric Bernard

    382 abonnés 607 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 4 novembre 2020
    Dans ce documentaire saisissant en noir et blanc, on se trouve embarqué dans un hélicoptère en temps de guerre avec le tireur doté d'une caméra thermique qui transforme la nuit et cible ses ennemis. Une voix off accompagne ses images souvent très réalistes qui sont aussi parfois des interrogations et des cas de conscience pour celui qui filme et tue. Ce documentaire génère beaucoup de réflexions sur ces types d'interventions qu'on assimilerait à des jeux vidéos mais qui sont là bien réels.

    Bernard CORIC
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