La chair est triste
Les frères Foenkinos, s’ils sont de bons écrivains, ne sont évidemment pas de bns cinéastes. On sait que le film à sketches est un genre truffé de pièges. Et là, les frangins n’en n’ont évité aucun. Ils y sont même allés franco au point qu’il n’y a rien, ou presque, à sauver de ces 100 minutes à inscrire au florilège des plus beaux navets de l’année. Face à leurs fantasmes, six couples tentent d’explorer les faces cachées de leur vie intime. Six questionnements sur l’accès au plaisir. Du jeu de rôle à l’abstinence, en passant par l’exhibition, six histoires séparées avec au centre le même questionnement sur le désir aujourd’hui. Le sien mais aussi celui de l’autre… Et pourtant, ils avaient mis les petits plats dans les grands avec une distribution XXL… du lourd ! C’est le mot juste.
On nous dit que les réalisateurs se sont renseignés auprès de praticiens et ont effectué des recherches pour dresser une liste de près de 250 fantasmes. De ce catalogue, ils en ont extrait 6, pour 6 sketches mettant en scène 6 couples en proie à leurs démons sexuels. On a donc droit à une analyse (?) - plus que superficielle, je vous rassure -, de la ludophilie, la dacryphilie, la sorophilie, la thanatophilie, l’hypophilie et l’autagonistophilie (sic) – vous demanderez les explications à Mme Google, mais je vous préviens, ça fait dans l’abracadabrant -. On sait que le danger principal du genre, c’est l’inégalité de qualité entre les différentes parties. Ici, pas de problème, tout est très mauvais. Ça tourne à vide, tout est d’une sagesse ahurissante surtout quand on traite un tel sujet. Certes, tourner 6 histoires d’amour avec des scènes d’intimité en plein boom des gestes barrières, après le premier confinement, donc dans des conditions forcément particulières relevait de la gageure et d’un sens du timing tout particulier. Mais ça n’excuse pas l’ennui profond que l’on ressent devant les ébats foireux de nos couples et ce, malgré un casting qui aurait dû être de rêve. Hélas, si ce n’est pas un cauchemar, c’est tout simplement soporifique.
Karin Viard, Jean-Paul Rouve, Ramzi Bedia, Monica Bellucci, Carole Bouquet, Joséphine Japy, William Lebghil, Suzanne Clément, Denis Podalydès, Alice Taglioni, Joséphine de Meaux, Céline Salette, Nicolas Bedos… ça donne le tournis ! Mais, ça ne suffira pas à sauver ce tout petit film du naufrage. Tout bien pesé, il n’y a que le titre qui soit alléchant. Pour le reste, on reste sur sa faim car on n’arrive pas à rire devant ce catalogue d’une banalité affligeante. Vraiment pas quoi prendre son pied, ni même… fantasmer !