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soniadidierkmurgia
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3,5
Publiée le 7 mars 2015
Au début des années 80, Robert Altman a un peu perdu la main après divers échecs commerciaux successifs dont "Popeye" le dernier en date et l'arrivée aux commandes des Spielberg, Coppola et Scorsese. Il s'est alors tourné vers le théâtre pour la mise en scène à Broadway de la pièce d'Ed Graczyk (1976) , "Reviens Jimmy Dean, reviens" qu'il décide de transposer à l'écran malgré son accueil critique mitigé. Sachant qu'il ne peut rivaliser avec les productions de prestige de ses jeunes rivaux , Altman répètera l'exercice tout au long de la décennie (Streamers, Secret Honor, Fool for love et Beyond Therapy) dans l'attente de jours meilleurs qui viendront avec le succès inattendu de "The player" en 1992 . Le lieu unique de l'action est un bar où se réunit tous les ans un petit groupe de femmes, fans de James Dean venu vingt ans plus tôt tourner dans la région son dernier film "Géant" juste avant de disparaître tragiquement à 24 ans. Les six camarades d'enfance qui vont évoquer leurs souvenirs de jeunesse et surtout les désillusions qui ont suivi cette période ressentie comme dorée après le passage des ans qui estompe tout. "Reviens, Jimmy Dean, reviens" porte en vérité dans son titre une langoureuse nostalgie à propos de ces années envolées où tout semblait possible y compris de croire et de faire croire qu'on avait eu une idylle avec la star disparue. Une rumeur qui s'est colportée dans toute la région sans qu'on ne fasse rien pour la démentir bien au contraire. Qui sait même si l'acteur disparu en pleine jeunesse n'aurait pas un descendant ? On comprend dès lors le culte jamais démenti voué à James Dean par Mona (Sandy Dennis) qui s'est trouvée piégée dans la toile d'araignée qu'elle a elle-même tissée . Altman n'a pas son pareil pour diriger les femmes, il l'avait magistralement démontré en 1977 dans "Trois femmes" un de ses meilleurs films et il récidive ici avec des actrices toutes bouleversantes, exposant tour à tour leurs blessures intimes face à une caméra qui sans jamais les agresser s'évertue à faire revivre à chacune ses espoirs de jeunesse fracassés par les aléas souvent douloureux de vies démarrées sur des rêves inaccessibles générateurs d'autant de frustrations. De Cher à Kathy Bates elles sont toutes émouvantes on l'a dit plus haut mais c'est incontestablement Sandy Dennis trop tôt disparue qui nous chavire le plus tellement elle imprime une détresse sans fond à Mona, la midinette qui n'est jamais sortie du rêve qu'elle s'est bâti un soir d'été de 1955 pendant le tournage qui avait bouleversée les habitudes de Mc Carthy la petite ville du fin fond du Texas. Altman avait déjà dirigé cette merveilleuse actrice pour son premier film de cinéma "That cold day in the park" (1969) où elle avait exposé à l'écran sa fragilité intérieure en jeune femme frustrée, tragiquement trompée dans sa quête d'amour . Le film d'Altman n'est pas simple d'accès et il se mérite, demandant des efforts pour entrer dans cette confession sans fard d'un groupe de femmes qui se retourne sur leurs demi-vies. Ceux qui parviendront à surmonter une entame un peu déroutante seront largement récompensés par Sandy Dennis, Cher , Karen Black et Kathy Bates, un quatuor magique qui se livre sans réserve à ce formidable directeur d'acteurs qu'était le grand Altman
Je n'ai jamais saisi l'intérêt de faire des versions filmées de Broadway, ni celui de faire des pièces qui enfoncent interminablement leurs personnages dans un tourbillon de cruauté humaine. Enfin... non : c'est en partie mon préjugé qui parle (et c'est bien pour ça que je me répands en intro) car cette pièce a en fait le mérite de le faire comme il faut (comme d'autres qui me séduisent moins, j'imagine), révélant la dualité humaine à de nombreuses reprises derrière des rebondissements pas trop sensationnalistes.
Mais voilà : je parle bien d'une pièce et non d'un film. Altman a été réduit par l'absence de succès à un statut de technicien et de directeur d'acteurs, des tâches qu'il remplit d'ailleurs très bien, étant presque surqualifié, par exemple, pour le jeu de miroirs dont il dote son tournage pour créer un effet flashback.
Le Texas profond, il faut aimer, mais il y a plus déplaisant dans le genre si l'on n'a pas mes préjugés dessus et que ça ne nous fait rien de voir un réalisateur se convertir sans façons de l'hollywoodisme au broadwayanisme.
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3,5
Publiée le 16 octobre 2022
Film rare quasi invisible depuis sa sortie et qui n'eut pour ainsi dire aucun succès, "Come Back to the 5 & Dime, Jimmy Dean, Jimmy Dean" (1982) est l'une des oeuvres les plus oublièes de Robert Altman! C'est à la fois doux et triste, drôle et dèsespèrè! Mais on sent, ici, l'amour du cinèaste pour ses personnages que la vie n'a pas toujours èpargnèe! Altman sait filmer un petit magasin de souvenirs en huis-clos, en respirer l'atmosphère et mener à son terme plusieurs monologues bien sentis en une seule prise! La belle idèe du film, c'est que chaque femme a une histoire à rèvèler, vue à travers des miroirs! Les actrices sont excellentes avec une mention tout particulière pour Sandy Dennis qui met tellement de conviction et de nèvrose dans ce qu'elle raconte! Dans une pèriode brève mais glorieuse, le 5 and Dime ètait le plus frèquentè et le plus prospère des magasins Woolworth's du Texas tout entier! Aujourd'hui il ne reste plus que les souvenirs d'un endroit poussièreux où l'on buvait de l'Orange crush à volontè en parlant de James Dean jusqu'à plus soif! Sans doute la rèalisation la plus ètonnante d'Altman...
Un huit clos bouleversant et mélancolique. Comme d'habitude avec Altman, très en avance sur son temps (spoiler: la question de la transidendité ). Le film n'a pas trouvé son public à sa sortie (certainement à cause de problème de distribution mais aussi) à cause de son sujet. Altman nous dresse le portrait de ces femmes "blessées de la vie", les oubliées du rêve américain, qui vivent dans un souvenir.