Pour être tout à fait honnête, Popeye n’est pas un bon film. Il n’est pas dénué de qualité, mais il n’est pas vraiment enthousiasmant.
Pour ma part le film a surtout deux qualités notables. D’une part les décors. Ceux-ci sont indéniablement réussis, et donnent une belle allure au film, qui fait authentique, et qui prend place dans une sorte d’atemporalité, ce qui est propice au déroulement d’une histoire sur le ton du conte. La photographie neutre mais assez agréable, met d’ailleurs relativement bien ces décors en valeur. J’entends par décors aussi les paysages.
Deuxième bon point, la mise en scène. Altman se débrouille vraiment bien avec son film, offrant un travail soigné, notamment dans l’usage des plongées et contre-plongées, et sans doute conscient d’avoir des décors de qualité, il sait les mettre en valeur notamment lors de plans larges très esthétique.
En fait, formellement le film ne souffre pas de reproche particulier. On trouve même une pieuvre géante très crédible. Non, le souci c’est le reste, à commencer par l’histoire. En fait ce film n’a pas d’histoire, et ressemble à une succession de sketch. Un peu comme si on avait mis bout à bout, en essayant de trouver du liant, des courts métrages de Popeye. C’est assez pénible, car du coup le sentiment d’assister à un métrage totalement décousu, et qui ne trouve laborieusement un début d’histoire que dans ses dernières vingt minutes, est très forte. C’est creux, et Popeye n’est donc pas soutenu par une trame de fond qui harmonise l’ensemble. Autre souci majeur pour un film musical, les musiques et les chansons ne cassent pas du tout la baraque. Hormis la première qui est appréciable, pour les autres l’harmonie musicale est faible, et les paroles sont plus que minimalistes. Alors je ne sais pas, c’est peut-être fait pour que les enfants puissent les répéter plus facilement, mais honnêtement Popeye ne tient pas là-dessus.
Alors il reste le casting. Et bien pour ma part, si Shelley Duvall est excellente dans le rôle d’Olive dont elle est un sosie indéniable, en revanche le jeu de Williams est moins convaincant. Autant Duvall arrive à faire passer son personnage avec légèreté, autant Williams force le trait, parait caricatural, et son personnage ne passe pas naturellement. Il y a un côté forcé, insistant, qui peine à totalement convaincre, même si les efforts de l’acteur sont notables. Ray Walston par exemple dans un second rôle approchant est plus soft, plus naturel.
Au final Popeye m’est apparu comme un film visuellement très plaisant, et les premiers plans du film mettent d’ailleurs dans de bonnes conditions, mais le fond ne suit pas du tout. Le défi n’était certes pas facile à relever, et malheureusement il ne l’a pas été. 2.