Trouble et troublant. Le deuxième long-métrage de la cinéaste russe Niguina Saïfoullaeva, née au Tadjikistan, interdit l'indifférence et laisse avec pas mal de questions concernant les actes et la psychologie de son héroïne. D'une nouvelle illustration de la jalousie au sein d'un couple, jeune mais déjà usé, Fidélité passe à tout autre chose avec l'exploration du désir féminin, comme un symbole d'une liberté à acquérir, à moins que ce ne soit tout à fait autre chose, à ressentir selon la sensibilité de chacun. La réalisatrice va assez loin en filmant quasi frontalement, et froidement, des scènes très charnelles. Il y a un côté minimaliste dans le film avec sa brièveté (guère plus de 1h15) et son intrigue ténue ramassée et, pourtant, sa densité et son intensité impressionnent, sa radicalité et son absence d'explications également. La mise en scène est très proche de ses interprètes, de son héroïne surtout, presque jamais absente de l'écran, alternant le chaud et le froid, les scènes en appartement, en voiture et sur la plage, et rien ne semble relever du hasard dans la réalisation. Fidélité fait appel aux sens et à l'intelligence mais son approche, presque clinique, de l'obscur objet du désir, a de quoi déconcerter et ce balancement entre étonnement et fascination est la grande force du film avec la subtilité de jeu de son actrice principale, Evguenia Gromova, absolument renversante, dans un rôle pour le moins difficile.