Leda passe des vacances relaxantes en Grèce, profitant du soleil et de la gentillesse du garçon de plage, tout en repoussant fermement les avances maladroites du vieux gestionnaire d’hôtel. Tout est presque idéal, jusqu’à l’arrivée brutale de cette famille gréco-américaine, volumineuse, bruyante, et agressive. Dont une jeune maman, qui va durement rappeler à Leda ses propres échecs maternels. 2021 semble être l’année de la parentalité, avec plusieurs films qui ont abordé ce thème (notamment « Titane »). Pour son premier passage derrière la caméra, Maggie Gyllenhaal livre un propos peu évident, et rarement montré à l’écran : le fait qu’au-delà de la difficulté d’être parent, toutes les femmes ne sont pas faites pour être mère. Propos qui sera élaboré à travers deux lignes temporelles. Dans le présent, Leda est amère, frustrée, et seule, probablement pleine de regrets, et va se prendre en pleine figure de douloureux souvenirs, ainsi qu’un étrange harcèlement de cette famille envahissante. Dans le passé, 15/20 ans auparavant, Leda est une jeune intellectuelle qui ne demande qu’à « exploser », mais qui est étouffée par la charge de ses filles et un mari absent. Ce mélange de drame et de thriller psychologique sera ainsi soutenu par ses deux actrices principales. Jessie Buckley qui semble au départ incarner la jeune et douce maman du passé, pour rapidement vriller vers le rôle de la femme asphyxiée par son quotidien. Une prestation sensible et juste. Mais surtout Olivia Colman, excellente dans ce rôle du présent qui aurait pu être détestable, sauf que l’actrice y injecte de la subtilité, de la culpabilité, et du tourment, qui nous permettent de comprendre son douloureux personnage. La troisième actrice notable étant Dakota Johnson, très convaincante en belle femme qui semble vouloir s’échapper d’un mariage, d’une parentalité, et d’une famille écrasante. A côté, il faut bien dire que les rôles masculins sont très secondaires (à part Ed Harris qui sort du lot), ce qui est normal vu le sujet. Le tout filmé avec un style caméra à l’épaule & gros plans, qui est parfois un peu frustrant (pour filmer les plages grecques, on aurait préféré de beaux plans larges fixes avec une jolie photographie !). Mais qui a le mérite de s’accrocher à sa double protagoniste (tout ou presque se situe de son point de vue), de nous immerger dans l’histoire, et de renforcer l’aspect dérangeant de certaines scènes. En résulte un premier film réussi et féminin pour Maggie Gyllenhaal, sur un sujet peu évident à traiter.