Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
LesFilmsduYang
7 critiques
Suivre son activité
3,5
Publiée le 6 janvier 2022
Habile. Le nouveau film du maitre iranien deroule sa toile lentement mais surement et finit, malgre quelques longueurs, par nous convaincre de son propos universel - le totalitarisme froid et moral de nos institutions.
Après le ratage espagnol de Everybody knows, je me méfiais de ce nouveau Asghar Farhadi. Mais le réalisateur iranien n’est jamais meilleur que quand il tourne dans son pays (bien que Le passé produit en France était réussi). Avec son Grand Prix au dernier festival de Cannes et un excellent bouche à oreille, je me suis décidé à la voir pour finir l’année. C’est donc bien vérifié l’Iran lui réussit mieux. J’ai trouvé le film aussi bien écrit que mis en scène. On s'attache au personnage d’entrée, même si petit à petit notre intuition et nos certitudes s'effritent, il est donc au final très ambigu. L'interprétation est de qualité comme toujours chez le metteur en scène, le très agréable à regarder Amir Jadidi (vu dans le très désagréable Valley of stars) est parfait, tout le reste du casting suit le mouvement. Au final, un film prenant, un vrai thriller, une belle descente aux enfers, où l’on voit que même en Iran les réseaux sociaux peuvent engendrer aussi beaucoup de mal. Pas le meilleur de son auteur (qui pour moi reste A propos d’Elly) mais un très bon cru.
On connaît maintenant par cœur le cinéma d'Ashgar Farhadi, son inspiration pour ne pas dire son obsession vitale à visiter les défauts de la société iranienne, à hurler à bas bruit contre le machisme, à critiquer un sens dévoyé de l'honneur dans son pays, à crier contre une Administration omniprésente et tatillonne. De film en film, il accuse ce pays de museler sa population et de censurer toute forme de liberté individuelle. Malgré toute notre empathie à l'égard du réalisateur, la répétition des critiques ne fait pas forcément du bon cinéma. Il y a comme une forme de bégaiement du cinéaste dans son expression...On a envie de lui dire de passer à autre chose. Dans cette histoire de trésor trouvé, de dettes, de familles et d'honneur, on finit par se désintéresser du fond du récit et on aurait préféré approfondir ces histoires de couples, d'amour dans une société aussi corsetée moralement que sur le plan de la religion. Sur le plan cinématographique, on reste sur un niveau peu sophistiqué de déroulé chronologique, les scènes - parfois longuettes - se succédant sans surprise dans un esprit assez documentaire peu enthousiasmant. Interprétation de qualité comme toujours chez Fathadi.
Encore un film iranien sur nos écrans. Et tant mieux car belle découverte que de suivre Rahim qui essaie de sortir de prison et finalement se retrouve dans une situation encore plus compliquée. Beau film à voir
On sait la place qu’occupe le cinéma iranien depuis les années 80 dans le monde si riche et si divers du septième art. Certains noms ont acquis une envergure médiatique considérable : Abbas Kiarostami, Jafar Panahi, Asghar Farhadi pour ne citer que les plus célèbres, mais on a encore beaucoup à apprendre de ce cinéma issu d’un pays au passé si glorieux. Asghar Farhadi fait donc partie de ces cinéastes dont on aime à suivre l’évolution de l’œuvre et assurément il n’est jamais si brillant que lorsqu’il tourne dans son pays. De ce point de vue, rappelons la déception causée par son avant-dernier film, « Everybody knows », tourné en Espagne. Certes le cinéaste apparaissait comme toujours maître de ses moyens, mais incontestablement le cœur n’y était pas – si l’on ose s’exprimer ainsi. Avec ce « Héros », Asghar Farhadi retrouve sa veine proprement iranienne. Il nous présente des personnages ancrés dans une société où les traditions sont reines, où la famille est de tous les instants et peut même se montrer écrasante et où le jugement d’autrui est parfois impitoyable. D’autant que l’Iran, comme tous les pays du monde, a découvert la force des réseaux sociaux avec les inévitables fake news qu’ils peuvent véhiculer. Rahim purge une peine de prison pour ne pas avoir remboursé un créancier. A la faveur d’une permission de deux jours, il trouve une belle occasion de s’offrir une caution afin d’obtenir sa libération. L’affaire est dans le sac… N’en disons pas davantage. Contentons-nous de révéler qu’il deviendra un véritable « héros » au vu du geste qu’il a soi-disant accompli. Un plaisir qu’il ne goûtera que peu de temps car sa situation fera l’objet d’un retournement complet dans la deuxième partie du film. L’occasion est belle pour Asghar Farhadi de se livrer à une satire méthodique et fort drôle de l’administration iranienne qui du reste présente toutes les rigueurs et les absurdités kafkaïennes de la plupart des administrations mondiales. Mais c’est surtout, comme nous le disions précédemment, le jugement d’autrui qui est au centre du film, façonné par les racontars que l’on se colporte d’un appartement à l’autre, mais exacerbé aujourd’hui par la télévision et les réseaux sociaux. Asghar Farhadi est d’abord un homme de théâtre et sa conception de la mise en scène cinématographique s’en ressent vivement. On se souvient de la scène inaugurale d’« Une séparation » : un plan unique d’un comique irrésistible. Ici, Fahradi nous propose une succession de scènes plus ou moins longues, filmées toujours à hauteur d’homme et le plus souvent en plans rapprochés. Le verbe y est constamment présent et pour qui ne maîtrise pas le farsi – nous pouvons nous consoler en nous disant que notre cas n’est pas unique – il y a là quelque chose d’étourdissant. Mais l’intelligence du propos est si vive que l’on ressort de la séance secoués assurément, mais sûrs d’avoir vu un film d’exception. C’est bien ce qui a motivé l’avis des jurés cannois lorsqu’ils ont décerné au film leur Grand Prix lors de la dernière édition du Festival. On ne leur donne pas tort.
A chaque plongée en Iran avec Asghar Farhadi c'est le dépaysement total. cette culture de l'honneur, la place de la femme sont pour nous occidentaux un étonnement total. Vous ressortez de la séance avec des interrogations des questionnements. A voir absolument.
Fiction passionnante sur l'Iran dirigé par Asghar Farhadi qui offre une réalisation simple, qui n'en fait pas trop et qui met en avant ses acteurs. C'est brillant.
Après une “aventure espagnole” moyennement convaincante (Everybody Knows), Asghar Farhadi est donc revenu au pays pour ce film où il fait montre, à nouveau, de toutes ses qualités. Avec maîtrise et intensité. Sans beaucoup surprendre, peut-être. Mais sans forcer le trait, sans sombrer dans le mélodrame, comme dans Everybody Knows. La mécanique narrative est parfaitement huilée autour d’un personnage central aussi simple que naïf, objet de manipulations, embourbé dans des mensonges et s’enfonçant davantage à mesure qu’il essaie de trouver des solutions. Dans cet engrenage inextricable et oppressant, élaboré par un scénario et une mise en scène d’une belle précision, Farhadi s’approche plus que jamais d’un naturalisme à la Zola (avec un côté désespérant à la clé), adapté au contexte iranien et à la communication moderne. Comme souvent dans les films du cinéaste, il est question de cas de conscience, d’enjeux moraux et d’honneur. Plus nouveaux sont les leviers dramatiques qui servent à activer ces thématiques : les médias, les réseaux sociaux, qui tournent et retournent les opinions, font et défont les réputations, au gré des utilisations opportunistes. La réflexion critique sur ce jeu médiatique et la mécanique des foules, où tout le monde en prend pour son grade, donne à ce thriller social et intime une forte contemporanéité.
Un film qui aborde de façon intéressante le fonctionnement des réseaux sociaux et l'amplification toxique des histoires racontées et des mensonges associés qui peuvent sérieusement compliquer la vie de leurs auteurs par ailleurs pas très malins
Le portrait d'un homme qui veut s en sortir et qui se condamne sans le voir. Le film est prenant et désespérant. Les acteurs sont excellents. On retient notre souffle.
Le cinéma iranien est à l'image du personnage central du film, héroïque et discret. Dans une société corrompue, le courage équivaut à la solitude quand tout, des us archaïques aux réseaux sociaux, pousse aux compromissions.
Vous aviez aimé Midnight Express ? Vous allez adorer Le Héros. De la Turquie des années 80 (…) à l’Iran d’aujourd’hui (…), ce chef-d’œuvre nous plonge au milieu d’un système totalitaire qui englue son peuple aussi sûrement qu’une pieuvre. La première 1/2 heure - au cœur des iraniens - est pittoresque. La suite n’est qu’un long cauchemar… sans aucune violence physique. La perversité morale est totale... Bravo pour ce témoignage poigant.
Critiques précédantes très descriptives du méli melo impossible à démêler entre la vérité et le mensonge du personnage central du film, devenu héros malgré lui, emporté malgré lui par la vague médiatique qu'il suscite, victime et coupable à la fois. Que cache derrière ces personnages le réalisateur ? Quelle parabole cherche-t-il à mettre en scène ? C'est ce qui manque pour boucler la boucle me semble-t-il. Ici, on sort de la salle assez mal à l'aide effectivement, car qui n'a pas vécu une situation où on ne le croit pas alors qu'il est de bonne foi ? Où des destins antagonistes se croisent et s'entrelacent, aspirés dans une spirale ascendante qui les ramène au point de départ, malgré la bonne volonté de chacun ? Sans espoir aucun, malgré toutes les bonnes volontés, de changer le cours de leurs destins. Un film profond.
“Un héros” nous fait passer du feel good movie au drame et son personnage principal de héros à paria, via un engrenage sociétal irréversible et totalement crédible que son réalisateur et ses acteurs déroulent de façon magistrale.
Le cinéma iranien est prolixe dans la période. Et il a toujours sa part de mystère et ses effets de genre pour le spectateur occidental. Après en cette année 2021 « Le Pardon », « La loi de Téhéran », « Le Diable n’existe pas » qui avaient un fond d'immersion critique dans la société iranienne, celui-ci. Mais à la différence des premiers cités, on trouvera cette fois beaucoup moins voire même pas du tout (ou alors bien caché) un quelconque jeu du chat et de la souris avec la censure avec une remise en cause (subliminale si nécessaire) de la société, de son régime, de son conservatisme. Un homme, notre héros, qui après s’être retrouvé en prison pour dettes sur fond de conflit familial (un emprunt en vue d’un investissement qui a foiré), se trouve au centre d’un fait divers qui le propulse comme le plus vertueux d'entre tous. Réhabilitation passant par une proposition d'emploi dans une administration sur recommandation d'une organisation de bienfaisance, s’il n’y avait les autorités locales, soupçonneuses, procédurières, pointilleuses, cherchant à découvrir un possible stratagème et pas forcément disposées à "donner le Bon Dieu sans confession !". Cette fois ce n’est pourtant parce que c’est un film iranien, qui deviennent de moins en moins rares sur nos écrans, qu’il faille le considérer comme un chef d’œuvre. Un travers du Festival de Cannes !