Les banshees d'Inisherin : A-t-on le droit de ne plus vouloir d'un ami ? Histoire banale, qui nous arrive parfois... question posée, qui pourrait aussi être celle d'un amour... Pour qui est-ce vital ? Le quitté ou le quittant ? Cette fois, le quittant trouve une solution radicale pour faire comprendre que la liberté de ne plus être ami peut être encore plus vitale que le délaissement. L'envie de mieux. Ne pas se contenter de cette amitié pour s'approcher de quelquechose de plus grand, plus fort (ici, la musique), qui semble incompatible avec l'ami que l'on finit par percevoir comme médiocre. Mais pour vivre mieux, vivre, il faut se séparer de ceux qui croyaient en vous. Quitte à renoncer au meilleur (cette musique), l'essentiel devenant d'écarter l'autre, qui vous empêche de vivre. L'histoire se déroule sur une île. Plus difficile de fuir. Nous sommes en 1923, vers la fin d'une guerre civile qui durera 11 mois et fera 4000 morts. Un scénario simple, mais un montage énergique et efficace. Comme quoi la qualité d'un film peut se juger à son montage et non à son scénario. C'est l'anti "Parfum Vert" (sur le plan du montage). La photographie est parfaite. La musique aussi. C'est aussi une illustration de l'entêtement et la bêtise (ou folie) humaine. Le "fou" n'est pas celui que nous croyons. Bien au contraire. Et il sait, lui, le fou reconnu, pourquoi il est dans cet état. Critique de la société patriarcale, en fond. La folie est dans cet univers clos, où tout le monde juge tout le monde, quitte à répéter bêtement les phrases dites par son voisin de pub. Un personnage, une femme, décide pourtant de partir, sur la grande île, où il y a la guerre : ça ne peut être pire que ce village où les huis clos et les racontars vont virer au tragique. La reconstitution est parfaite. L'image est somptueuse, menée avec beaucoup de doigté, parfois sanguinolente. Les cadrages parlants. Du beau cinéma qui rappelle celui des les frères Taviani. Après le très réussi 3 billbooards et avec très peu de film à son actif, Martin McDonagh devient la coqueluche de La Mostra, des Oscars et surtout très prochainement des Golden Globes vont bientôt avoir une revanche historique sur Cannes, en reconnaissant un cinéma d'auteur oublié de la Croisette. Il est précisé au générique de fin que les animaux (dont un âne adorable) n'ont pas été maltraité. Je suis plus inquiet pour l'admirable acteur Brendan Gleeson.