Chez lui, Pádraic vit entouré d'animaux, cueille ce que la vie lui offre et semble satisfait de son sort. Colm quant à lui, s'obstine à vouloir composer de la musique pour vaincre son désespoir, refuse son destin, ce destin figé et atroce qui attend tous les hommes. L'angoisse du temps, la peur du vide et de la déchéance poussa Colm à mettre un terme à son amitié avec Pádraic
Comme si Pádraic cristallise le mal absolu et qu'il fallait à tout prix le combattre, sauf que ce pauvre Pádraic n'y était pour rien. Absolument pour rien. Malheureusement l'homme ne peut vaincre son inéluctable destin, sa condition ne permet rien, enfin si, il peut toujours trouver un coupable, ensuite s'inventer milles raison pour le haïr, se persuader qu'il est forcément la source de tous ses maux.
La souffrance de Colm ne savait où se diriger, c'est donc par dépit qu'elle choisit Pádraic pour se trouver un sens, un but, une direction. Pádraic, cet homme candide et simple qui partageait ses repas avec son âne, lui qui ne pensait pas vraiment, lui qui préférait les sentiments à l'art, sa soeur à Bethoven, lui qui ne demandait finalement pas grand chose à la vie. Peut-être qu'a travers son apparente naïveté, Pádraic avait- il mieux saissit le sens de la vie, pressentais parfaitement l'inutilité de toute révolte.
Sous le tragique de l'existence s'y dissimule nécessairement l'absurdité de toute chose, comme pour nous prévenir qu'il ne fallait surtout pas prendre la vie trop au sérieux, que rien n'a véritablement d'importance, et qu'au final, notre sérieux trahit énormément de peur et surtout un manque d'humilité qui caractérise la plupart des hommes. La vanité c'est croire que nous avons le pouvoir de changer quoi que ce soit. Colm etait si fiévreusement possédé par l'idée de laisser une trace qu'il ne se rendait compte de l'insignifiance même de cette trace, de ce meme désir. Le sentiment de l'éternité demeure l'illusion la plus tenace, celle que l'homme semble ne pouvoir dépasser.
Colm compris rapidement que Pádraic n' y 'était strictement pour rien, ce qui précipita son désespoir à se détourner du monde pour se diriger contre lui même.
La mutilation pour punir un corps qui doit se détruire, pour punir l'atrocité du temps, pour hurler son désaccord contre l'éphémère et l'insignifiance d'une vie. Ainsi Colm se mit à menacer Pádraic de se couper les doigts s'il persistait à vouloir être son ami. Le désespoir peut quelques fois prendre la forme d'un tel ridicule, à l'instar de toutes nos théories et remèdes pour soutenir l'insoutenable, pour lutter contre une fatalité qui ne peut être évité. Pádraic symbolise la résignation du sage, le gentil qui accepte la vie d'être ce qu'elle est, sa naïveté sans cesse moqué, ridiculisé et méprisé par ses semblables. Lui même semblait de plus en plus confus, ne comprenait pourquoi tous les êtres semble si triste et tourmenté. Le désespoir de Colm lui était étranger, maïs alors qu'il semblait être épargné, s'insinua insidieusement en son âme le venin qui coule dans les veines de tous ces êtres avec lesquelles chaque jour il était confronté. A son tour, Pádraic commença à souffrir, pénétra le sentiment de solitude, tentait de se soulager à travers la mesquine souffrance qu'il infligeait à autrui ( le mensonge sur la mort du père), le rejet et l'isolement (comportement de Colm et barman) l'impuissance ( souffrance de la soeur et décès de son âne) pour finalement aboutir à une cruelle vengeance, au point de désiré la mort de son ami. Comme si la souffrance seule devenait l'unique possibilité, l'unique façon pour que les hommes puissent à nouveau se réconcilier entre eux, redevenir frère au plus près de l'enfer.