Pour une première incursion dans l’épouvante (et même pour un premier film tout court), ‘His house” est, toutes proportions gardées, un coup de maître, qui parvient à conférer un nouveau souffle au film de maison hantée dont on pensait tout connaître. En lieu et place du manoir victorien poussiéreux, c’est un logement social répugnant planté dans ce que l’Angleterre a construit de pire en matière d’urbanisme et ceux qui s’y installent ne sont pas une gentille famille modèle mais un couple de réfugiés africains, encore traumatisés par ce qu’ils ont vécu avant et pendant leur migration, et qui s’opposent sur la manière de réagir au déracinement culturel, lui tentant de montrer par tous les moyens qu’il est désireux de s’intégrer, elle se réfugiant dans ses souvenirs et ses traditions. La grande réussite du scénario est de prendre habilement le contre-pied de ce qui était attendu : tant de réalisateurs auraient pu choisir de tels personnages pour se donner une stature conscientisée à peu de frais, avant de plonger sans vergogne dans une logique opportuniste et putassière, mais Remi Weekes n’est pas taillé dans ce de ce bois-là. Après avoir sacrifié brièvement aux effets classiques du film d’horreur, à grands renforts de regards diaboliques dans les fissures des murs, de bras décharnés et d’ombres rôdant dans les ténèbres, ‘His house’ prend la tangente et se concentre sur ses protagonistes, qu’il refuse de réduire à des instruments pour films Woke et dont il dévoile les failles, les tourments et les secrets inavoués. Remi Weekes n’hésite pas à dénoncer l’inhumanité de leur situation, et la cruauté barbare de celle qui les a forcés à choisir l’exil mais il refuse toute compassion facile. Ces deux personnages, et les rares autres qu’on rencontre par ricochet, sont humains avant tout, avec tous les paradoxes, toutes les lâchetés et toute la noblesse que cela peut simultanément recouvrir et, alors même que ‘His house” gère très correctement ses effets horrifiques, Bol et Rial gagnent haut la main le titre de personnages les plus intéressants qu’on ait vu depuis longtemps dans un Thriller d’épouvante, là où les films américains qui travaillent la question raciale, même ceux de bonne facture comme ‘Us’ ou ‘Get out’, ont tendance à les négliger à un moment ou à un autre pour se recentrer sur le spectacle et les effets de manche.