On a le droit d'avouer qu'il y a des réalisateurs et des réalisatrices chez qui, lorsqu'on va voir leur dernier film, le doute est faible en ce qui concerne la façon dont on le recevra : positive ou négative. Et puis il y a celles et ceux chez qui on trouve parfois son compte, et parfois pas du tout. Pour moi, François entre dans cette catégorie, avec des films que j'ai trouvés excellents ("Frantz", "Potiche", ...) et d'autres exécrables ("Swimming pool", "L'amant double"). Qu'allait donc donner cette adaptation au cinéma du livre autobiographique d'Emmanuèle Bernheim ? Un livre au sujet important puisque cette amie de François Ozon, qui a travaillé sur plusieurs scénarios avec lui, raconte comment elle a aidé son père à mourir, après qu'il ait souffert d'un grave AVC. Il semble acquis que le film est très fidèle au livre d'Emmanuèle Bernheim (J'avoue : je ne l'ai pas lu !). L'interprétation est magistrale : Sophie Marceau est absolument remarquable dans le rôle d'Emmanuèle, Géraldine Pailhas au même niveau dans celui de Pascale, sa sœur, et André Dussolier exceptionnel (et méconnaissable !) en vieil homme atteint d'un AVC. A leurs côtés, on ne retrouve que de grands comédiens et comédiennes : Charlotte Rampling (Claude, la mère), Eric Caravaca (Serge, le compagnon d'Emmanuèle, dont il n'est jamais précisé qu'il s'agit de Serge Toubiana, directeur de la cinémathèque française à l'époque), Hanna Schygulla, Grégory Gadebois, Jacques Nolot, Judith Magre, Daniel Mesguich, Nathalie Richard). Le film est très documenté et nous montre un pays, le notre, très en retard en ce qui concerne le droit à mourir dans la dignité, tout cela par la faute d'une poignée d'élus et d'une certaine lâcheté présidentielle. Si on ajoute que le film évite tout pathos et arrive même à placer quelques notes d'humour dans ce contexte difficile, on peut avoir l'impression que je suis en train de parler d'un film que j'aurais trouvé tout à fait à mon goût. Eh bien, en fait, je ne vais pas jusque là, sans que je sache vraiment où se situent mes réticences : une question de montage, me semble-t-il, avec, comme résultat, un film au rythme un peu trop plan-plan.