Après le très médiocre "Eté 85" de 2020 ("romance" uraniste entre ados, plate et racoleuse), voilà donc par François Ozon l'adaptation du livre-document d'Emmanuèle Bernheim, narrant le détail des derniers mois de son père octogénaire très diminué par les suites d'un AVC. On dirait presque une oeuvre de commande - c'est en fait un hommage à celle qui fut la scénariste de 4 de ses films, et qui, à son tour, succomba à la maladie, après avoir, avec Alain Cavalier, un ami de 30 ans et cinéaste singulier, adapté, dans une optique strictement documentariste, son "Tout s'est bien passé", sous le titre "Être vivant, et le savoir" (EB mourant en mai 2017, le film est présenté au Cannes 2019, hors compétition).
Il faudrait avoir vu le film de AC, pour apprécier la valeur de celui signé par Ozon - n'ai pas eu cette faculté. Dommage.
Tel que (sans "appareil critique" donc), que vaut le dernier Ozon en date (en sélection officielle lors du Cannes 2021) ? Tout comme dans son antépénultième opus (2019), "Grâce à Dieu", il adopte un déroulé par le menu - reprenant la démarche documentaire (et sa "distance"), qui était la ligne de l'auteur et de AC (voir supra). L'aspect "fictionnel" étant assuré par la distribution, dorée sur tranche, de Sophie Marceau en écrivain se faisant (auto)biographe, à Géraldine Pailhas (la soeur d'Emmanuèle, Pascale), en passant par André Dussolier, qui incarne un autre "André", André Bernheim, le pére grand bourgeois (industriel prospère), collectionneur et esthète, qui s'était marié, bien que "gay" (comme on ne disait pas encore), avec une femme sculpteur (Charlotte Rampling, l'ombre d'elle-même), l'ayant toujours su, mais souffrant des gigolos qu'on lui impose (le dernier en date incarné par Grégory Gadebois), brisé par son attaque et
réclamant, dès que possible, d'être euthanasié (la famille en ayant les moyens, la chose se fera en Suisse, où le "suicide assisté" est légal).
Sans oublier les apparitions de Hanna Schygulla (la "facilitatrice" helvète - qui aura le dernier mot : "Tout s'est bien passé").
Sur "Grâce à Dieu", écrivais : "C'est long, très long, fastidieux, et sans point de vue d'auteur - au mieux, c'est du travail journalistique.... Et l'on s'ennuie copieusement !". Voilà qui pourrait resservir ici...
La mort fait partie de la vie. Sur la douloureuse question de la fin de vie (peut-on en choisir l'heure et le lieu ?).... on peut nettement préférer la vision de Stéphane Brizé (en 2012), avec "Quelques heures de printemps" (Hélène Vincent - magnifique/Vincent Lindon), et surtout le remarquable "Miele" de Valeria Golino (2013). À cet Ozon-là - nouvelle déception...