Il y a beaucoup de films que j'aime, et peu dont je fais la critique. Pour ce film, je donne mon avis car il fait partie de ces films rares qui posent leur empreinte dans le monde du cinéma. Et quand je vois le peu de diffusion et les notes basses, je trouve d'autant plus important de donner un autre regard, notamment pour les personnes auxquelles il pourrait parler.
C'est clair, ce n'est pas un film grand public, et il se démarque d'une façon exceptionnelle. Mais à mon sens, il a toutes les marques d'un chef d'oeuvre : son originalité, le jeu des acteurs, la profondeur avec laquelle il traite son sujet et ce petit quelque chose qui m'a fait sortir de là en me disant "eh ben... le cinéma est vraiment un art !!".
WOLF est un film intimiste d'un minimalisme incroyable, il y a peu de musique, tout est fait pour laisser les acteurs prendre tout l'écran, et Geroges MacKay ainsi que Lily-Rose Depp l'habitent avec une intensité et une justesse incroyable. Georges Mackay est juste magnifique dans son interprétation du loup (je savais pas qu'un corps humain pouvait autant se mouvoir à la façon d'un canidé !).
Dans le rôle du "gardien de zoo", Paddy Considine est tout aussi impressionnant. Son animalité cachée finit par être de plus en plus visible et les jeux de pouvoir entre médecins et patients ne sont pas sans rappeler ce qui peut parfois avoir lieu dans le milieu médical ou psychiatrique.
Il y a évidemment une vision métaphorique très intéressante qui peut parler de la différence, de la place de notre part animale dans une société normée, de la façon de considérer les maladies psychologiques, ou encore de questionner la différence entre une "maladie psychologique" et un trait de personnalité particulièrement marqué et incompris, hors norme.
Mais ce qui m'a surpris dans ce film (et qui est peut-être à l'origine des notes et du peu de diffusion), c'est à quel point il va au bout et au fond du sujet qu'il porte, sans fioritures et de manière directe, brute. Le film peut paraître surprenant voire déconcertant par moments, mais à mon sens, c'est un bijou de sensibilité et d'émotion qui reste d'une justesse remarquable. Une puissante ode à la liberté d'être soi-même, quel que soit ce "soi-même". Une œuvre maîtrisée et qui entraîne le cinéma encore un peu plus loin, dans un endroit où les humains sont plus proches d'eux-mêmes lorsqu'ils peuvent hurler à la lune sans muselière et courir dans les bois, dénudés de toute convention sociale.