Un long-métrage très difficile/déconcertant, comme si Christophe Karabache avait, une nouvelle fois, saisi les pulsations disharmoniques d'un monde vacillant, blessé, cassé ou malade... J'ai beaucoup pensé au dernier film de Lars von Trier, mais aussi à Antichrist, Fight club
(schizophrénie, côté désenchanté, relations "morbides" entre les personnages...)
, au Dieu d'osier/The Wicker Man
(paysages, retour à la nature, rites...)
, et un peu à Blue Holocaust
(aspect morbide, relations troubles, cannibalisme,...)
. Comme pour son précédent film (Ultravokal), j'ai beaucoup apprécié la musique, qui joue un grand rôle. Il y a des images (très) fortes, puissantes. Selon moi, Christophe Karabache est un véritable poète du "traumatisme" ou de la blessure (fracture, fêlure, fissure, rupture, déchirure...), d'abord intérieure. Je dirais que le souffle de liberté et de créativité (comme un "effort de vie" malgré les vicissitudes de l'existence) qui se dégage de ses oeuvres me rappelle parfois Robbe-Grillet ou la Nouvelle Vague. Christophe Karabache évitant - avec art - le film de genre, son film reste "inclassable" (c'est un film de Christophe Karabache, avant d'être un film de tel ou tel genre). Ce côté non-conventionnel passe beaucoup par le jeu des acteurs, qui sont vraiment dirigés d'une certaine manière (je trouve qu'il y a des points communs avec le travail de Vassiliev, même si ce dernier est un metteur en scène de théâtre). On voit que le cinéaste ne cherche pas la facilité, qu'il ne caresse pas le public dans le sens du poil, comme on dit ; je trouve qu'un tel geste d'auteur reste essentiel face à la production dominante (films familiaux, blockbusters, etc.).