J’ai déjà eu deux expériences malheureuses avec les films de David O’Russel (« Hapiness Therapy » et « American Bluff ») et c’est donc avec une petite appréhension que j’ai mis le pied dans la salle de cinéma pour son nouveau film au titre un peu étrange : « Amsterdam ». Même si la reconstitution du New York des années 30 est assez réussie d’un point de vue visuel, on est quand même un peu désarçonné par la reconstitution sur le fond. C’est la période la plus douloureuse du XXème siècle pour l’Amérique, la crise économique fait des ravages et la discrimination raciale sévit encore violemment (et elle en a encore pour plusieurs décennies). Et pourtant, dans « Amsterdam », pas de misère au coin des rues, et ça ne pose aucun problème de voir un noir entrer dans un palace par la porte principale, s’attabler avec une femme blanche et commander un verre ! Il y a un peu de légèreté je trouve, dans la reconstitution du New York de 1933 de David O’Russel ! Même s’il est plutôt bien filmé, son film est trop long (2h15) et surtout très bavard. Je passe poliment sur le fait que certaines scènes (l’hôpital de guerre en France) flirtent avec le grotesque et que le passage à Amsterdam soit trop long et trop « bizarre ». Quant aux digressions récurrentes sur l’ornithologie, je ne les ai pas comprises du tout ! « Amsterdam » est un film qui, dans sa forme, ne sort pas des sentiers battus. La musique est sympathique mais un peu passe partout, les passages en français (pendant la guerre) sont difficilement compréhensibles même si je salue l’effort de faire parler 3 comédiens dans la langue de Molière pendant une scène assez longue. A cause de quelques longueurs et de dialogues un peu verbeux, le film finit par lasser un peu et j’ai faillé décrocher quand même, un peu avant le passage final du gala de charité. Il y a un casting de fou, c’est vrai, de Margot Robbie (délicieuse) à Christian Bale (pas mal), de John David Washington (j’adore cet acteur, de plus en plus) à Zoé Saldana en passage par Mathias Schoenaerts, Taylor Swift, Mike Myers (méconnaissable), Chris Rock et Michael Shannon, c’est un déferlement de star au programme, avec Robert de Niro au-dessus du reste. Je n’ai rien à reprocher à aucun comédien, sauf peut-être à Rami Malek que je n’ai pas senti hyper à l’aise dans son rôle de milliardaire, comme s’il n’arrivait pas vraiment à cerner son personnage. Beaucoup de ces stars sont réduite à des rôles très courts et bien peu écrits, parfois anecdotiques, et je trouve un peu dommage de s’offrir un Chris Rock ou un Michael Shannon pour leur donner si peu à jouer ! Mais dans l’ensemble, ce casting 4 étoiles fait très bien ce qu’il a à faire, et c’est sans doute l’atout n°1 du film. Le scénario, assez touffu, évoque un fait historique édifiant que je ne connaissais pas. C’est vraiment à mettre au crédit de ce film, je le reconnais, que d’évoquer un fait historique passé totalement au-dessous des radars. Difficile d’en parler sans en dire trop mais la mort très suspecte d’un général très respecté des vétérans de la Grande Guerre cache une bien vilaine conspiration.
Ce général revenait en bateau d’une visite en Europe, nous sommes en 1933, je n’ai nullement besoin d’en dire davantage… Si je ne m’étais pas assurée après la séance que ce fait historique est bien réel (le Business Plot), je ne sais pas si j’aurais cru à quelque chose d’aussi énorme et j’aurais probablement taillé un costard sur mesure au scénariste d’ « Amsterdam » !
L’enquête de Burt, Harold et Valérie (évidemment accusé d’un meurtre qu’ils n’ont pas commis, c’était inévitable) les amène jusqu’aux portes du pouvoir, avec l’aide (très et curieusement) discrète du MI6 et des services secrets américains. Même si le scénario est assez compliqué on finit toujours par tout comprendre : les coups de théâtres ne nous surprennent pas plus que cela mais ils fonctionnent.
Le scénario laisse sous-entendre au détour d’une phrase que Mussolini et Hitler n’étaient au fond que des marionnettes entre les mains de puissances économiques plus ou moins occultes, des marionnettes qui auraient fini par s’émanciper de cette tutelle pour le pire, ce qui est historiquement assez discutable mais bon, le complotisme étant un sujet à la mode, on peut accepter cette assertion dans une fiction.
Je ne sais pas si je dois recommander « Amsterdam » qui souffre quand même de pas mal de petits défauts. Mais disons que grâce à lui, j’ai appris un fait historique je j’ignorais totalement, alors cette séance de cinéma n’aura pas été inutile.