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Fêtons le cinéma
665 abonnés
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3,5
Publiée le 10 septembre 2024
Ce portrait croisé de trois détenus ramenés, le temps d’une permission de deux jours, à la vie civile fait le choix judicieux de filmer les corps au plus près de leurs expressions, de leurs cicatrices pour compenser les non-dits et les silences qui sinon entourent leur retour. La présence de motifs, qu’il s’agisse de la table autour de laquelle se réunit la famille temporairement réunie, du lit où l’intimé des amants s’esquisse, de l’opposition entre l’extérieur et l’intérieur, interroge la pertinence des rituels dans la structuration de nos existences : à la façon de Jean-Luc Lagarce, Ève Duchemin révèle la violence des protocoles qui, rassurants lorsque tout va bien, broient l’individu en le raccordant encore et encore à l’événement unique qui détermine depuis l’entièreté de son passé. Ce dernier se dévoile par petites touches, à la manière d’un peintre dont les impressions se retranscrivent par coups de pinceau successifs : il apparaît dès le départ comme une épée de Damoclès suspendue au-dessus des personnages, menaçant à chaque instant de leur transpercer l’âme, que désamorcent les tentatives de vivre le temps présent – pensons à la volonté exprimée par Hamousin de quitter le bus de ligne pour poursuivre son voyage à pied, le long de la forêt. Le paradoxe tient alors à ce que l’échec de toute réinsertion au sein de la famille découle des efforts entrepris par de chacun de ses membres pour la rendre possible : qu’il s’agisse de l’épouse, de la sœur ou de la mère, tripartition hautement symbolique, les trois hommes disposent d’une figure tutélaire au contact de laquelle ils éprouveront réconfort, détresse et solitude. C’est cette thématique de la réintégration périlleuse qu’investit courageusement un film interprété à la perfection, sujet rare qui en justifie à lui seul le visionnage.
Cette réalisation belge traite à travers trois personnes différentes au comportement différents le retour à la vie normale lors d'une permission de sortie de prison, ce qui lie les trois protagonistes est la précarité. Ils vont se retrouver face à la leur familles respectives et au regard de ceux ci , mais aussi face à leur propre regard sur eux mêmes. Trois histoires ou l'on passe de l'une à l'autre durant deux heures. Ce film est réussi, on plonge vraiment dans cet univers pas très rose, la mise en scène d' Eve Duchemin donne une impression d'immersion, et les acteurs sont vraiment au top. un 7/10 mérité.
3 prisonniers en permission de week-end, découvrant la désespérance face à leur passé, se confrontant à la dure réalité de la vie hors les murs. LEKLOU halluciné, violent, psychotique, tendre, insaisissable, est admirable... SAWADOGO résigné, triste, sage, est attendrissant... COUSYNS rebelle, consterné, frustré, sevré d'amour, est étonnant de naturel... Rarement la dramaturgie des libertés éphémères n'avait été aussi bien montrée : 3 claques magistrales!
Rien de neuf sous le soleil. Un autre film sur les difficultés de taulard en perm. Donnez moi une bonne raison d'aller voir ce film. L'intention est louable, c'est bien joué (Surtout Kamel), mais il n'y a pas de mise en scene, de montage, de lumières, de sons, même pas de scénario. C'est du niveau d'un documentaire. Aucune originalité. He lachez vous les réalisateurs et les producteurs, proposez nous du neuf...On s'ennuie ferme.
Ces trois portraits quasi documentaires laissent de marbre: aucun des personnages, que ce soient les permissionnaires ou leur entourage, n'est suffisamment développé pour emporter l'adhésion. On a toujours l'impression de rester en surface et à distance, sentiment exacerbé par des dialogues souvent laconiques. Le choix narratif d'un cloisonnement total entre les trois parties accentue un peu plus l'indigestion induite par ce récit finalement peu inspiré.
Bénéficiant d'une permission de sortie, ce film retrace le temps d'un week-end la vie de trois prisonniers avec des profils différents. La cinéaste belge, Eve Duchemin, dresse le portrait de détenus brisés par l'amour perdu de leurs proches. Karim Leklou est une nouvelle fois énorme dans son rôle d'alcoolique psychotique spoiler: retombant dans ses travers . Les deux autres acteurs sont un ton en dessous, l'un muré dans le silence, et l'autre cherchant à renouer avec sa mère. L'ensemble donne un résultat très sombre qui aurait gagné à se faire croiser les trois personnages ou à ne se focaliser que sur un seul. Le résultat est quand même correct.
Que dire, sinon que les 9.000 entrées sont largement excessives. Que veut démontrer le film ? Avoir de la peine pour ces bandits, partager leur(s) douleur(s)... La prison n'est pas là pour les moutons ou les anges. Un navet de plus qui a coûté plus de 2,5 millions d'euros.
Vu la semaine dernière en présence de la réalisatrice. Un film coup de coeur et coup de poing tant on se laisse embarquer dans ces morceaux de vie cassée. De ce point de vue le jeu des acteurs est exceptionnel. Les gros plans accentuent les émotions qui traversent ces permissionnaires et leur famille. Malgré la violence des ressentis, Eve Duchemin filme avec pudeur et sensibilité pour nous amener à nous interroger sur la "réinsertion" dans la vie familiale, amicale et professionnelle après plusieurs années d'enfermement. A voir absolument.
Trois détenus bénéficient d’une permission le temps d’un week-end. La soixantaine, Hamousin est sur le point d’achever une longue peine. Il cherche un emploi pour se réinsérer et hésite à revoir sa femme et ses enfants avec lesquels il n’a eu aucun contact pendant les vingt années qu’il vient de passer en prison. La quarantaine, Bonnard souffre de graves troubles psychiques et d’une dépendance à l’alcool qui se marie mal avec son traitement médical. Son état l’empêche de renouer avec sa famille et avec son fils des liens normaux. La vingtaine, Colin est tombé pour un sombre trafic sans dénoncer ses complices. Sa mère ne le lui a pas pardonné.
La prison, Eve Duchemin l’a d’abord filmée avec l’oeil du documentariste avant d’avoir l’idée d’en faire l’objet d’une fiction. Cette familiarité avec son sujet se sent dans un film qui, comme le récent Je verrai toujours vos visages, mais avec moins de bonheur que lui, flirte avec les frontières de ces deux genres. Avec une grande sensibilité est exploré le défi de la réinsertion, un angle mort des films sur la prison (ils sont pourtant pléthore) qui filment à foison des détenus entre quatre murs sans envisager un jour leur élargissement (je suis injuste en ne pas mentionnant l’avant-dernier film de Robert Guédiguian "Gloria Mundi"). Que devient un ancien détenu après sa sortie de prison ? Comment ses proches l’accueillent-ils ? Retrouve-t-il sa place ? Retrouve-t-il une place ?
À ces questions, "Temps mort" apporte une réponse bien pessimiste à travers les cas presqu’archétypaux d’un vieux détenu dont la vie gâchée est désormais derrière lui sans espoir de nouvelle chance, d’un malade qui aurait plus sa place dans un hôpital psychiatrique que dans un centre de détention et d’un jeune dealer (dont je n’ai pas compris ce qu’il advenait à la dernière image) sevré d’amour maternel.
On reprochera au film son montage qui, un peu trop systématiquement, passe d’une histoire à l’autre sans établir de ponts entre elles. Le scénario et le montage de Je verrai toujours vos visages étaient, de ce point de vue, mieux réussis. Temps mort devient inéluctablement un film à sketches où fatalement on s’attache à une histoire plus qu’à une autre. Celle de Colin est, selon moi, la plus faible ; celle de Bonnard m’a plus marqué. La responsabilité en revient à Karim Leklou, grenade dégoupillée prête à exploser à chaque instant. Cet acteur est décidément incroyable. À chacune de ses apparitions, mes critiques lui consacrent un long paragraphe dithyrambique. Qu’y a-t-il dans son jeu, dans sa présence qui m’impressionne autant ? Sa corpulence qui rappelle Gérard Depardieu ou Raimu ? Son regard halluciné ? Sa voix ? Son rire dément ?
Bonnard, Hamousin et Colin sont trois détenus qui obtiennent une permission de sortie. Chacuns retrouvent ceux qui les attendent à l’extérieur et découvrent comment le temps qu’ils ont passé derrière les barreaux a été vécu aussi par leurs proches. Trois histoires parallèles fortes et touchante. Mais un film un peu long et lent.
Trois prisonniers bénéficient d'un week-end de permission et ce qui pour eux devrait être un moment de respiration ressemble plus à une asphyxie. Quelque soit la durée de leurs peines ceux qui sont dehors ne les attendent plus vraiment ou alors avec de la rancoeur. Ève Duchemin est documentariste, pour sa première fiction elle filme ces trois hommes à l'épaule en gros plan, on ne sait rien de ce qui les a amené derrière les barreaux mais leur double peine nous éclabousse, leur rédemption semble inaccessible et une seconde chance impossible. Les trois acteurs sont tout simplement exceptionnels.
Les critiques de la presse et de certains spectateurs sont incompréhensibles. Vraisemblablement écrits par des gens qui n'ont aucune idée de ce qu'est la prison, ni de près, ni de loin. Ce film est incroyablement beau, d'une justesse et d'une finesse absolues. Rarement (jamais?) Vu un film qui parle de la prison aussi justement. Tout est sublime : les 3 personnages principaux (...et tous les autres sans exceptions! Le casting est dingue), la colorimétrie, les cadrages, le son, le propos, tout... Quel tour de force !!! l'amie avec qui j'y suis allée était dithyrambique également. Je ne ceux rien spolier donc je dirai juste : si vous avez envie d'un film vrai et juste qui parle de prison, FONCEZ!