Envole-moi !
Pour l’émotion
On ne devrait s’autoriser à parler d’un film qu’après l’avoir vu. Ne pas se laisser influencer par les ouï-dire, par les critiques, même pas par la bande annonce. Rien tout cela ne peut préjuger de la déception ou du plaisir que l’on aura à voir ledit film. Christophe Barratier fait parti de ces réalisateurs qui n’a pas la carte, comme on dit. Aussi, bien avant la sortie de ses films, la critique institutionnelle est dans les starting-blocks pour l’éreinter. C’est exactement ce qui se passe avec ces 91 minutes de comédie dramatique. Le hiatus entre les notes des pros et les avis du public est trop important pour être véritablement sinon honnête, au moins incompréhensible. Thomas passe ses nuits en boites et ses journées au lit, jusqu’au jour où son père, le docteur Reinhard, lassé de ses frasques, décide de lui couper les vivres et lui impose de s’occuper d’un de ses jeunes patients. Marcus a douze ans et vit seul avec sa maman. Il souffre depuis sa naissance d’une maladie grave qui rythme ses journées, entre le centre d’accueil médicalisé où il est scolarisé et des séjours répétés à l’hôpital. Cette rencontre va bouleverser le quotidien de l’un et de l’autre, et tout simplement changer leur vie. Ce nouvel opus du réalisateur de Les Choristes n’est certes pas exempt de facilités et de défauts, mais l’émotion est bien présente et le casting, bourré de nouvelles têtes, tout à fait à la hauteur. Ce n’est pas un chef d’œuvre, ni même le film de l’année, mais une heure et demie sympathique… et c’est déjà ça en ces temps de morosité.
Inspirée d’une histoire vraie, le scénario nous propose des personnages auxquels il manque des armes pour faire face à la vie. L’un à cause de la maladie, l’autre par une immaturité improbable. D’aucuns parlerons de naïveté et de candeur, mais pourquoi pas et, de toutes façons, ses sont des traits de caractère récurrents dans les films de Baratier. Et alors ! Ce n’est pas une maladie honteuse, bien au contraire. Aussi, on n’évite pas tous les écueils du feel-good movie classique. Un peu de pathos, mais pas trop, des personnages un tantinet stéréotypés, des situations à la limite du plausible, et le happy end de circonstance. L’insolente fortune étalée par le fils du grand chirurgien rend toutes les folies possibles, mais, comme on dit, on est plus à l’aise pour pleurer dans une Cadillac. Mais tant pis, oublions toutes ces facilités pour s’attacher à l’humanisme du propos et au côté solaire de ce petit film sans prétention, sinon celle de faire passer un joli moment au spectateur… Et ça, c’est irremplaçable.
Victor Belmondo, petit-fils de…, apporte une part de fantaisie, un côté incongru et iconoclaste, qui lui donnent un air de famille évident. Il tient aussi de son grand-père la grâce, le côté élancé presque élastique, cette attitude apparemment nonchalante qui reste la marque de fabrique du grand Jean-Paul. Le petit nouveau, Yoann Eloundou, est le choix ultime issu d’un casting de 200 jeunes. Un choix judicieux. Présence, justesse de ton… à revoir avec plaisir. Gérard Lanvin bougonne mais cette fois la sensibilité en plus. Marie-Sohna Condé et Ornella Fleury complètent le casting avec bonheur. Contrairement à ce qui s’écrit ici ou là, on est loin du propos d’Intouchables auquel beaucoup trop de gens ont tendance à le comparer. Je le répète, les ficelles sont énormes, les surprises trop prévisibles, le sentimentalisme un peu envahissant, mais l’émotion finit par l’emporter. Et c’est le plus important.