Science sans conscience…
Après deux premiers films pitoyables, Gareth Edwards (V) avait réalisé l’épatant Rogue One : A Star Wars Story. 7 ans après, le revoilà avec ces 133 minutes à très gros budget manichéennes à souhait mais dont il faut reconnaître que ça fonctionne très bien. Soldat américain infiltré en Asie, Joshua est séparé de sa femme Maya au cours d’un assaut. Supposant que celle-ci est décédée, il rentre aux États-Unis, complètement dévasté. Cinq ans plus tard, l’armée lui demande de revenir sur le terrain, craignant qu’une puissante intelligence artificielle n’ait créé une arme qui permette à l’Orient de gagner la guerre qu’elle livre à l’Occident. Sentant son utilisation proche, elle souhaite qu’il la trouve et la détruise. Lorsque la colonelle Jean Howell apprend à Joshua que Maya est peut-être en vie et qu’elle se trouverait dans la zone de combat, celui-ci trouve soudainement un nouvel enjeu dans cette mission qu’il avait tout d’abord accepté à contrecoeur. De la dystopie dans l’air du temps qu’on peut se contenter de prendre au 1er degré mais qui dont le sujet ne peut laisser totalement indifférent. Solide, efficace, mais pour amateur du genre.
Dans un futur proche, humains et intelligence artificielle (IA) se livrent une guerre sans merci. Bon soyons clairs, ici, les humains sont américains, et les méchants IA ont la peau jaune et les yeux bridés… Suivez mon regard. Heureusement, le postulat ne restera pas aussi simpliste jusqu’au bout du film. Je me suis bien gardé de vous retranscrire l’intégralité du pitch proposé par les distributeurs qui vous divulgâche allègrement le cœur de l’intrigue. C’est donc du grand spectacle qui lorgne sans vergogne vers les univers de Star Wars et Blade Runner. Vous me direz, dans le genre, il y a pire comme inspiration. Les effets spéciaux sont superbes, le montage virtuose et la musique d’Hans Zimmer toujours aussi symphonique que belle. Donc du grand spectacle réussi, - paysages d’Indonésie, du Viet-Nam, du Népal, du Cambodge, de Thaïlande -, qui ne tranche pas directement dans le débat sur les IA. Mais, une question cruciale est tout de même posée : quand l’IA atteindra la conscience, la débrancher sera-t-il considéré comme un acte de maintenance ou comme un meurtre ? … Vous avez 4 heures !
Il y aurait encore beaucoup de choses à dire sur cet énorme machin de SF, mais qui reste un des plus réussis qu’on ait vu depuis longtemps. Certes le scénario est fuligineux à souhait et on s’y perd rapidement, mais on se laisse séduire par les personnages centraux très solidement interprétés par l’impeccable John David Washington et la petite Madeleine Yuna Voyles, - une véritable découverte -, tout comme Gemma Chan, Ken Watanabe, Sturgill Simpson, Allison Janney. Sublimé par son esthétique cyberpunk, ce film de science-pas-si-fiction-que-ça, est au cœur de préoccupations très actuelles puisqu’à l’heure où l’IA met la création artistique et la propriété intellectuelle au défi. Qu’on aime ou pas, tout ça plane à des encâblures au-dessus du tout-venant hollywoodien.