Le navet idéal
Xavier Durringer a une longue carrière - 30 ans - derrière lui, tout en films moyens, ou moyens-bons, mais qui, quoi qu’il arrive, restent le plus souvent confidentiel. A ma connaissance, c’est la 1ère fois qu’il s’attaque au genre de la comédie avec ces 85 minutes… il n’aurait pas dû. Florence, débordée par sa vie de famille et son travail, décide d’acheter un robot à l’apparence humaine et au physique parfait. Il répond à toutes ses attentes : entretenir la maison, s’occuper des enfants, et plus encore… Mais le robot va vite susciter de la jalousie chez Franck, son mari acteur je-m’en-foutiste au chômage. De peur de perdre sa femme, Franck décide de reprendre les choses en mains, d’autant que le robot semble trouver un malin plaisir à semer le trouble dans leur couple ! Malgré un casting grand luxe, ce film est un naufrage complet par faute d’un scénario indigent…
A l’origine, le script se déroulait sur la lune où des cosmonautes travaillaient avec des robots. L’idée de placer ce « Uman 3 » dans une famille banale d’aujourd’hui n’était pas forcément mauvaise. Le problème, c’est que scénario tourne en rond au point de vous flanquer le tournis. On est abasourdi par tant de nullité. Car, si les quelques misérables gags du début pouvaient passer, on s’aperçoit que, très vite, le seul intérêt se concentre autour de la fonction « Love-Love » de Bobby le Robot. Donc la comédie devient très vite une série de variations autour de la thématique « bite-couilles », dont personnellement, je me lasse avec une rapidité qui me surprend moi-même. Il y avait pourtant là matière à d’autres gags et d’autres réflexions, surtout à partir du moment où le robot accède aux émotions humaines, créant une atmosphère beaucoup plus anxiogène. Mais, c’est là la grand limite des scénaristes, ils n’en ont pas voulu, restant ainsi au ras du bitume dans la comédie boulevardière et franchouillarde.
Didier Bourdon et Valérie Karsenti, ont bien du talent pour sortir de ce guêpier… Hélas, ils ne sauvent pas le film du naufrage. Ça nous empêche d’apprécier à sa juste valeur la performance de Pierre-François Martin-Laval, qui campe un robot plus vrai que nature – si je puis dire – et, en plus il aurait pu créer un vrai malaise… ce qui n’arrive qu’à la toute dernière image. Quant à Philippe Duquesne, Frédérique Bel, Bernard Le Coq, Nicole Calfan, ils tentent de défendre l’indéfendable en forçant le trait jusqu’à la caricature. Gentillet, simpliste, parfois vulgaire, bas de gamme… Le cinéma français vaut mieux que ça, même quand l’été approche. Heureusement le 29, c’est la sortie de l’excellent Irréductible de Jérôme Commandeur.