Depuis 25 ans que je suis régulièrement la carrière du réalisateur franco-kurde Hiner Saleem, le bougre m'a fait passer de l'enthousiasme avec "Vive la mariée ...et la libération du Kurdistan" à une réception totalement négative avec "kilomètre zéro" avant de me replonger dans l'enthousiasme avec "My sweet paper land". Autant dire que, quand je vais voir un film de lui, je n'ai absolument aucune idée de ce que j'en penserai à la sortie. Dans "Goodnight soldier", il nous fait rencontrer un jeune couple kurde, Ziné et Avdal, dont les familles ont longtemps refusé qu'ils se marient et qui découvrent lors de leur nuit de noce que Avdal, le mari, "ne peut plus monter", comme le dit poétiquement Ziné : peu de temps avant la noce, Avdal, peshmerga blessé au combat contre Daech, a dû être opéré et, depuis il ne sent plus rien, sa virilité a disparu. Sur ce sujet, rien d'égrillard dans "Goodnight soldier" : au contraire, chaque fois qu'il est question d'amour entre Ziné et Avdal, le film dégage un érotisme raffiné avec, en particulier une scène magnifique qui voit les 2 amants s'embrasser et se caresser virtuellement puisque, lors de cette scène, une vitre les sépare. Si ce très beau couple est le sujet principal du film, Hiner Saleem n'oublie pas de mettre en lumière la lutte des kurdes contre Daech ainsi que de nous donner son sentiment sur l'évolution de la société kurde en particulier concernant la place des femmes, que ce soit leur rôle dans le couple et la possibilité pour elles de s'émanciper par le travail. De ce qu'on voit, il y a encore pas mal de boulot ! Tourné dans la région autonome du Kurdistan irakien, "Goodnight soldier", dont vous avez compris qu'il se situe pour moi dans la catégorie supérieure des films de Hiner Saleem, a en plus le grand mérite de nous faire découvrir la comédienne turque Dilin Doger, l'interprète du rôle de Ziné : elle n'est pas seulement sublimement belle, elle est également une comédienne de grand talent, vive, spontanée, lumineuse. La grande classe !