Des comédies comme cela, moi, j'en redemande.. Ce n'est pas parce que les réalisateurs sont argentins qu'il faut y chercher quelque parenté avec les premiers films de Pedro Almodovar, avant que l'homme ne se prenne au sérieux, qui étaient entachés d'un certain nombre de vulgarités assez lourdes... Non, ici on pense plutôt, parfois, à l'humour anglais de la belle époque. Car, en fin de compte, comme vous pourrez le vérifier à la fin, c'est un humour assez noir....
Bref, autant les abominables comédies françaises m'insupportent, autant je me suis réjouie au visionnage de Compétition officielle, même s'il y a quelques longueurs, et qu'Andrès Duprat et Mariano Cohn se regardent parfois un peu trop le nombril (encore un film dont on aurait pu couper un quart d'heure...)
Humberto Suarez (José Luis Gomez) est un homme d'affaires qui a réussi. Il a créé des milliers d'emplois, des dizaines de fondations charismatique mais, arrivé à quatre-vingt ans, il voudrait aussi laisser son nom à une oeuvre culturelle, quelque chose qui ferait briller ce nom dans les milieux branchés. Pourquoi pas, alors, produire un film? Oui mais, attention, un film pour intellos, pas une série B!
Pour cela, recruter le metteur en scène le plus brillant du temps. C'est Lola Cuevas, qui a eu une palme d'or dès son premier film, La pluie inversée. Pénélope Cruz, qui est irrésistible sous une envahissante crinière rousse frisée, est complètement perchée, adepte de la torture de ses interprètes pour, naturellement les obliger au meilleur, et accessoirement lesbienne. A son tour d'engager les deux acteurs les plus brillants du moment. Ivan Torres (Oscar Martinez) est un homme de théâtre -il enseigne d'ailleurs, tendance introspection et approfondissement style Actors' studio, il revendique une vie dépouillée, refuse de voyager en première classe, et se prend très au sérieux, lui et son métier.
Felix Rivero (Antonio Banderas) est un bellâtre inculte qui ne s'intéresse qu'aux recettes (villa à Hollywood, villa à Saint Tropez) mais a un succès planétaire couronné par plusieurs Oscars grâce à sa capacité histrionesque de faire pleurer les salles sans rien ressentir lui même.
Naturellement les deux acteurs vont se détester dès la première entrevue... mais c'est très bien puisqu'ils doivent justement interpréter deux frères ennemis. Et, pour exacerber tout cela, Lola va les torturer un max, leur faire répéter cinquante fois la même phrase anodine, leur poser des lapins (ils ressentiront la puissance de l'attente...) ou les faire travailler sous un énorme rocher juste retenu par une petite corde.... Cette satyre d'un certain cinéma d'auteurs est réjouissante, et les trois protagonistes cabotinent à l'envie pour notre plus grand plaisir. On passe donc un moment délicieux....