Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
Aurore S
8 critiques
Suivre son activité
5,0
Publiée le 10 décembre 2021
Ce film divisé en 4 chapitres est une claque cinématographique. Le premier des chapitres étant le plus puissant et chacun des autres apportant un éclairage complémentaire sur son sujet. Un film important et magistral.
Le nouvel opus de Mohammad Rasoulof enfonce des portes ouvertes d'un point de vue moral : la peine de mort c'est mal, demander à des conscrits d'être les bourreaux c'est pas cool, et faire exécuter des opposants politiques par des innocents qui veulent juste une perm, c'est pire.
Les scénarios des quatre histoires complètement indépendantes qui composent ce film avancent comme des chars d'assaut, autour de ces quelques idées édifiantes. Leur effets sont tellement calculés qu'ils en paraissent au pire putassiers façon Michel Franco (le premier segment), au mieux simplement prévisibles et tristement sentimentaux (le troisième et le quatrième).
C'est le second chapitre qui m'a vraiment intéressé : il y a dans le huis clos du dortoir une vraie tension psychologique, puis dans la deuxième partie une effervescence sauvage qui rappelle un peu le très bon La loi de Téhéran, qui lui aussi traite (en partie) de la peine de mort, avec une autre puissance.
Pas le meilleur Rasoulof, loin s'en faut. Un homme intègre et Au revoir possédaient une profondeur psychologique bien supérieure. On peut supposer que l'Ours d'or lui a été donné sur une base plus politique qu'artistique.
Une œuvre d'une belle justesse, divisée en 4 histoires (pas si) différentes, et où la mise en scène s'adapte à chacune d'entre elles.
Quelque part entre le quotidien et la culpabilité, un plaidoyer contre la peine de mort et les lois autoritaires qui habitent la société Iranienne, et un film qui dépeint la volonté de certain.e.s de s'extraire de cette mécanique fataliste et mortifère.
Obéir ou désobéir. Donner la mort ou prendre le risque de (laisser) vivre. 7,5/10.
A travers le récit de quatre histoires qui se font écho, un conte moral iranien engagé et puissant, mais un peu trop démonstratif par moment, qui interroge sur la responsabilité personnelle et la liberté de conscience, dire non et risquer sa vie, ou affronter la réalité iranienne contemporaine et « banaliser » le mal selon le concept développé par Hannah Arendt.
Encore un chef-d'œuvre du cinéma iranien. Ces quatre courts métrages qui en forment un long sont un tout cohérent. Un bijou de tension narrative, montage, travail visuel et humanisme.
Le diable n'existe pas est à la fois un film très maîtrisé et très convenu. Moins on en sait, mieux c'est, donc je ne spoilerai pas. Le cinéaste propose ici un film à thèse, affrontant l'un des principaux travers de la société autoritaire iranienne. Il use pour cela d'une forme narrative originale et très bien agencée, qui impose au spectateur une certaine dose de patience. Difficile de saisir où l'on va pendant la première demi-heure, qui s'apparente à un documentaire sur la vie quotidienne en Iran. Le grand intérêt de cette partie est de découvrir que les Iraniens vivent exactement comme nous, ce qui permet de faire taire les délires xénophobes que nous inflige l'actuelle campagne présidentielle en France. Amateur de twist scénaristique, le cinéaste nous en réserve un joli à la fin de ce premier récit. Les suivants se démarquent par l'exceptionnelle beauté des plans qu'ils soient intérieurs, extérieurs, de jour ou de nuit. Il est rare de voir au cinéma une telle lumière, de telles couleurs, et ce n'est sans doute pas un hasard si le directeur de la photographie est la seconde personne citée au générique finale. Par des touches chromatiques savamment réparties à l'écran, le cinéaste illumine chaque plan. La beauté des comédiens, hommes et femmes, accentue ces effets. L'impression esthétique est si forte qu'on se croit vraiment en Iran (comme en son temps, Denis Villeneuve savait nous immerger dans le Liban de Incendies). Si Le Diable n'existe pas était sorti en 2000, ce serait un sommet du cinéma contemporain. Le petit souci est qu'on a déjà vu beaucoup de tels films ces dernières années. L'Asie mineure est largement représentée par Abbas Kiarostami, Nuri Bilge Ceylan et d'autres. Donc ce film-ci n'emporte pas vraiment par son originalité.
Ce film est d'une force et d'une intelligence rare. Il a le mérite de poser des questions d'ordre moral et philosophique, telle la notion du libre arbitre et plus généralement de la liberté tout en convoquant des questions politiques. Empêché de faire son travail en Iran où il fut emprisonné, le cinéaste a pu réaliser ce beau film sous le manteau et poser la question de la peine de mort, pratiquée en Iran régulièrement. Mais ce questionnement va jusqu'à l'absurde, convoquant ainsi Camus, l'homme qui préfèrerait tuer plutôt que de faire son travail de bureau où sa liberté est entravée par l'état assassin. Joué avec force et professionnalisme par ses interprètes, Le diable n'existe pas effectue un vrai travail de cinéma. 4 histoires reliées par une même thématique, ce n'était pas évident, le problème des films à différentes histoires étant parfois le manque de cohésion entre les différents segments. Mais ici, la force de ces histoires est telle que le film reste très réussi (le quatrième récit, un peu trop aride et longue est le moins pertinent). 4 lieux : la ville et sa circulation, l'enfermement, un cadre bucolique, où un quasi désert... et à chaque fois des façons différentes de gérer un métier inhumain... Le refoulement, la culpabilité, l'action ou la fuite. Les lieux sont filmés d'une façon magnifique et les dialogues et expressions des acteurs sensationnels. Inoubliable.
Un film éminemment politique et critique, de la part d’un cinéaste, Mohammad Rasoulof, qui est censuré dans son pays, l’Iran, et qui tourne clandestinement. Le thème général est classique, la peine de mort, mais l’angle d’approche est original : le point de vue des bourreaux. Ce point de vue donne la matière à quatre histoires indépendantes aux accents évidemment dramatiques. La première décrit le quotidien d’un fonctionnaire au regard vide ; la deuxième porte sur un cas de conscience et une tentative d’évasion de prison ; la troisième tourne autour d’un deuil, d’une histoire d’amour et d’une demande en mariage contrariée ; la quatrième réunit un médecin isolé à la campagne et sa nièce venue d’Allemagne. Le propos de ce film, tourné dans pareil contexte, est on ne peut plus louable, et fait toujours mouche dans les grands festivals (ici, Ours d’or à Berlin en 2020). Un propos développé avec intelligence et précision dans le scénario, ou plutôt les scénarios, et concrétisé avec non moins d’intelligence et de précision par la mise en scène. Le bémol, c’est que cette intelligence, cette précision d’intention derrière chaque mot, chaque silence, chaque plan, chaque choix de montage, finissent par devenir un peu démonstratives sur la longueur du film (2 h 30) et par la répétition thématique. Le jeu appuyé de certains acteurs renforce aussi parfois cette impression. Pour alléger la chose, on aurait très bien pu se passer du quatrième sketch, longuet et mélodramatique. Ce film “de résistance” n’en demeure pas moins globalement fort et intéressant dans son regard.
Ours d’or à la Berlinale 2020, Le diable n’existe pas à été tourné clandestinement, en raison de la censure qui sévit en Iran. Mohammad Rasoulof, son courageux réalisateur, y fait régulièrement des séjours en prison, à l’instar de son complice et compatriote Jafar Panahi. Pour parvenir à ses fins, il a ici tourné quatre courts-métrages d’une quarantaine de minutes chacun, qui sont autant de fables sur la responsabilité individuelle et la possibilité de se révolter dans un pays qui exécute plusieurs centaines de personnes chaque année. Un brin didactique, ce film efficace et rythmé n’en constitue pas moins un formidable acte de résistance au régime théocratique en place depuis 1979.
Semi déception que ce film de Mohammad Rasoulof dont j’attendais beaucoup (sans doute trop) et qui se révèle par certains aspects bien décevant. Si la mise en scène et la qualité du jeu des acteurs ou encore la sincérité et la pertinence du propos du réalisateur iranien ne sont pas à mettre en cause, c’est plutôt la qualité des deux derniers récits qui m’incite à modérer mon enthousiasme pour ce film.
Rien à dire donc sur les deux premiers chapitres qui ouvrent le diable n’existe pas. Le premier nous montre le quotidien d’une famille de tout ce qu’il y a de plus banal, et qui va pourtant se terminer d’une manière très brutale pour ne pas dire choquante. À peine remis du final ce premier court, on entame le second chapitre qui lui se présente sous la forme d’un huis clos carcéral, digne d’une petite pièce de théâtre, dans lequel on s’immerge avec là encore une évolution est une chute assez saisissantes. Les deux derniers chapitres sont plus discutables, car plus didactiques, plus simplistes, plus plan-plan aussi, tournant un peu à la démonstration et n’ont pas en tout cas la pertinence et la force des deux premiers récits. Reste malgré tout une œuvre pleine d’humanité qui, même si elle se révèle bien trop lisible et pas assez nuancée, a le mérite de nous offrir un beau moment de cinéma.
J'ai été agréablement surprise par le cinéma iranien que je connaissais absolument pas. On a ici 4 histoires différentes, toutes unies par la politique de l'Iran d'aujourd'hui. On n'a pas l'habitude de voir ce genre de film donc ça peut déstabiliser mais c'est vraiment à voir.
Ne vous fiez surtout pas aux premières minutes du film dont l'apparente banalité contraste avec la vertigineuse plongée dans l'âme humaine qui va suivre. Obéir? Désobéir? Avec quelles conséquences, pour soi, pour les siens, pour les autres? Quatres récits pour un même questionnement passionnant en fil rouge, qu'on se gardera de dévoiler entièrement ici... La narration est menée de main de maître, c'est superbement filmé. Un chef d'œuvre à voir absolument.
Le cinéaste iranien Mahmmad Rasoulof nous emmène dans son univers à travers quatre histoires qui vont voir le destin et les actes de ses personnages s'entremêler. Même si le film est déroutant parfois, le cinéaste nous rappelle que la peine de mort est toujours en vigueur en Iran et que, à travers les décisions prises par les protagonistes, cela peut donner lieu à des ricochets et des prises de position qui se recoupent. Les dommages collatéraux sont nombreux dans cette oeuvre qui n'hésite pas à critiquer les lois en vigueur dans le pays. Sa durée pourrait en rebuter certains (2h30) mais cela vaut la peine de vivre cette fresque jusqu'à la scène finale.
Le cinéaste Mohammad Rasoulouf est actuellement emprisonné, pour propagande anti-régime, et son dernier film, tourné clandestinement, jamais montré en Iran mais récompensé d’un Ours d’Or à Berlin, y a sans doute joué un rôle non négligeable. Contrairement à ses travaux précédents, ‘Le diable n’existe pas’ se présente sous la forme d’un film à sketches d’une longueur démesurée de deux heures et demie, chaque segment ayant donc la durée d’un moyen-métrage. Le choix de ce format répond aussi à des contraintes particulières puisque Rasoulof était déjà interdit de tournage à cette époque : les demandes d’autorisation de tournage ont donc été déposées pour quatre films réalisés par quatre réalisateurs différents, la censure iranienne s’inquiétant moins des courts et moyens métrages que des longs qui pourraient être visibles dans les cinémas. Ces segments fonctionnent indépendamment les uns des autres sur le plan narratif - les rendre cohérents aurait réclamé une logistique et une liberté de mouvement dont le réalisateur ne disposait pas - mais sont reliés par une thématique commune. On y trouve d’abord le portrait d’un homme tranquille et bienveillant, dans le segment qui donne son titre au film. S’ensuivent “Tu peux le faire” consacré aux manoeuvres d’un soldat pour éviter d’accomplir une certaine tâche et fuir le pays, “Anniversaire”, sur un couple qui va être bouleversé par la découverte qu’ils possèdent involontairement une connaissance commune et ‘Embrasse-moi” qui traite d’une histoire de révélation familiale. Ce qui plane au-dessus de ces quatre récits, c’est l’idée de la Peine capitale qui existe et est toujours fréquemment appliquée en Iran, et les réactions individuelles de citoyens ordinaires lorsqu’ils y sont directement ou indirectement confrontés. Visuellement cohérentes malgré les écueils techniques et logistiques, bénéficiant des dons de conteur qui caractérisent la plupart des auteurs-réalisateurs iraniens, ces histoires, au-delà de l’horreur que ce châtiment définitif inspire de toute évidence à Mohammad Rasoulof, en disent long sur l’enfermement mental qui caractérise la société iranienne, trop angoissée à l’idée de devenir une cible légitime pour le gouvernement autoritaire de la république islamique pour oser laisser parler ses sentiments et son humanisme. Pour le cinéaste, sous couvert de la fable et de la fiction, son ultime réalisation était un plaidoyer pour une société plus juste et plus humaine.