J'avais apprécié "Le Caire Confidentiel" comme un film exotique et intéressant, mais sans plus. Ici, Tarik Saleh nous invite à suivre l’ascension d'Adam (Tawfeek Barhom formidable), sorte de Perceval le gallois, étudiant novice débarquant de sa campagne selon un destin qui lui échappe et qui accède à un univers dont les enjeux le dépassent. Cette université du Caire, avec ses murs antiques et hors du temps est presque un personnage en soi. Elle m'a fait penser à "Le nom de la Rose". Arrivé au Caire, Adam croise un temps la route de Mehdi Dehbi (vu dans la série Messiah et incroyable de charisme) puis se retrouve manipulé par les uns et les autres comme un chien dans un jeu de quilles. Le film traite surtout la question du pouvoir. L'illustration du poids de la religion dans cette société arabe est fascinant, et l'on voit que pouvoir militaire et pouvoir religieux s'appuient comme toujours l'un sur l'autre au mépris des individus qui sont sacrifiés et au mépris des textes sacrés qui sont le fondement même de toute cette mascarade. Celui qui connait les textes trouvera peut-être son salut. Au delà de l'aspect culturel, "La Conspiration du Caire" est un film passionnant. Qu'on s'intéresse ou non à l'islam, qu'on y comprenne quelque chose ou pas, peu importe car c'est avant tout un Thriller intelligent qui nous tient en haleine jusqu'au bout, avec des personnages forts, une très bonne distribution et une mise en scène soignée, qui offre de beaux plans et en fait une oeuvre visuellement plus aboutie que "Le Caire Confidentiel". Une réussite.
Sur le papier, ce film avait tout pour me plaire : un metteur en scène prometteur (j'avais bien aimé Le Caire confidentiel), un sujet intrigant, sorte de variante islamique du Nom de la rose, et un doux parfum d'exotisme.
Malheureusement, je trouve que La conspiration du Caire manque de crédibilité. Je n'ai jamais été vraiment captivé par l'intrigue, trop sage à mon goût. Le film avance plan-plan sans véritable tension dramatique et certaines évolutions du scénario m'ont paru très peu crédibles (comment un jeune inconnu peut faire changer d'avis un imam d'expérience avec deux pauvres citations ?).
De la même façon, la façon dont les frères musulmans abandonnent facilement la partie m'a interloqué.
Pour résumer mes sensations, et malgré une mise en scène très solide, j'ai globalement trouvé que ce film manquait d'originalité et suivait froidement un programme trop scolaire (et par ailleurs peut-être conçu en mode "je veux être en compétition à Cannes"), gommant toute la poisseuse tension qui irriguait le premier film de Saleh.
Le début m'a fait craindre au début une faiblesse vis à vis de l'embrigadement de la religion musulmane, la beauté des images de la mosquée al azhar et des centaines d'étudiants coraniques peut le faire croire, mais vite les méandres de l'intrigue politico-policière, la critique évidente de toutes les parties prenantes, prend le spectateur dans un thriller haletant. Les images la mise en scène et les acteurs sont tous au top, seule la c musique ne m'a pas emballé
Nouveau ici, j'ai pris la parole pour défendre "Une femme de notre temps" de J-P Civeyrac, film trahi par des commentaires peu respectueux de la belle complexité du film, de sa poésie (pas nécessairement contradictoire avec le genre du polar). Pourquoi nos chers internautes notent-ils La Conspiration à 4/5 quand ils allument le film ci-dessus nommé ? Le film de Tarik Saleh est irréprochable en termes de facture cinématographique, certes... mais que nous apporte-t-il que nous ne sachions déjà ? Qui ignore le caractère dictatorial de l'actuel pouvoir égyptien ? ... Et au fond s'il parvient à contrôler les extrémistes musulmans au sein de l'école islamique Al-Azhar n'est-ce pas positif ? Qui ignore les risques de l'enfermement dans les aveuglements, parfois, de la religion ? Ainsi ce film très bien ficelé, que nous apporte-t-il ? Je ne vais pas au cinéma pour me "divertir", je ne pense pas que la culture soit un "divertissement", elle irradie dans nos veines ou elle n'est pas. Je crains que le succès de ce film (dont je suis heureux pour le réalisateur qui connaît son métier sur le bout des ongles) ne le soit pour de mauvaises raisons : le confort du spectateur occidental n'y est en rien bousculé et encore moins dérangé !
Un film brillant, courageux qui , tout comme le jeune « ange » qui en est le héros, nous plonge tels des novices dans les bas fonds des magouilles religieuses et politiciennes autour de l’election du nouvel Grand Imam de l’université Al Azhar du Caire. Il faut s’accrocher au début pour en comprendre les enjeux et les protagonistes mais une fois dans le bain, on est à la fois dans un film politique et dans un passionnant thriller , le plus intéressant étant la description de cette corruption mafieuse qui gangrène aussi bien les religieux que le pouvoir politique. Utile, pédagogique et remarquablement mené, avec, en son centre, une scène très émouvante qui offre à notre regard le spectacle d’ un jeune étudiant psalmodiant une prière. Une brève pause poétique au cœur d’un infernal labyrinthe de compromissions et de trahisons.
Un très bon film immersif dans le Caire contemporain et l'Egypte tiraillée entre gouvernement laïque et université Al-Azhar, phare international des sciences islamiques. Il s'agit à la fois d'un thriller, d'un film d’espionnage intérieur et aussi très politique. Le film est un peu long; c'est une question de ressenti. Le scénario est très ancré dans le temps réel et quotidien. Ce n'est pas un film sur l'Islam en tant que tel, il n"y aura pas de polémique à ce sujet, seulement quelques bribes de théologie très très générales. Un bon thriller à voir.
Un film magistral qui confirme Tarik Saleh comme l'un des réalisateurs majeurs de sa génération. Cet opus est à la fois intéressant, intelligent et esthétiquement irréprochable. Le sujet est d'ailleurs l'une des grandes qualités du film, tant il est agréable d'apprendre quelque chose sur une culture que l'on connaît mal : en s'attaquant aux manigances politiques à l'intérieur de l'Islam, Saleh montre qu'il n'est pas qu'un bon artisan, mais aussi un intellectuel courageux capable de produire des œuvres qui résonnent avec l'époque. Et cerise sur le gâteau, la musique fiche des frissons. On aurait pu mettre chef d'œuvre si le film avait été un peu plus innovant dans sa forme ; est-ce une erreur de ne pas avoir osé la 5e étoile ? Quoi qu'il en soit, on sort de la salle avec l'impression d'avoir vu quelque chose d'important. Et ce n'est pas rien.
C'est lent, très lent. L'intrigue est partiellement intense car le personnage principal n'est qu'un spectateur de sa propre mésaventure. C'est donc réaliste, mais ennuyant.
Vraiment un bon film. Il ne faut pas s attendre à un film dans le style le nom de la rose... non, ici il s agit d une peinture de la société égyptienne, de ses codes et de ses rivalités de pouvoir. On comprend que la religion est au centre d un puzzle complexe. Film surprenant, très bien réalisé, avec des acteurs au niveau, avec Le Caire et sa mosquée principale comme toile de fond.
Thriller ? Tension extrême ?... Non mais vous rigolez. Allez, je vous l'accorde, j'ai un peu stressé à la remontée du filet de pêche, mais sinon, on s'ennuie ferme. Les connexions scénaristiques sont peu crédibles, les acteurs sont frémissant comme les poulpes de mon poissonnier sur leur lit de glace et l'histoire aussi palpitante que l'odyssée de mémé de sa chambre au réfectoire de L'EPHAD. Le plus rigolo ? Les RDV entre le flic et la taupe dans le café. Pour faire genre OO7 qui parle incognito, ils s'assoient à deux tables voisines et font semblant de parler au téléphone. Mais ils n'arrêtent pas de se regarder !... C'est d'une naïveté incroyable. Le scénario est aussi plat que la poitrine de Charlotte Gzinsbourg et cousu de fil si blanc qu'on sait qu'elle sera la scène suivante avant le plan de coupe. On dirait un film réalisé par des étudiants en 1ere année de cinéma. Bref, je me suis ennuyé à mourir.
La critique entière ici : https://doisjelevoir.com/2022/10/28/la-conspiration-du-caire-la-lutte-du-pouvoir-entre-letat-et-la-religion/
C’est une réalisation de Tarik Saleh. La Conspiration du Caire a obtenu le Prix du scénario au Festival de Cannes 2022. Ce thriller suédois est sorti le 26 octobre 2022 en salle.
L’Egypte est un pays qui a été énormément secoué politiquement ces dernières années. La religion permet au peuple d’avoir une forme de stabilité et a une grande influence. C’est la raison pour laquelle l’Etat veut se mêler à cela.
Le Prix du meilleur scénario à Cannes n’est pas volé. L’histoire tient en haleine tout du long. Il y aura plusieurs étapes toutes intéressantes. Déjà la façon dont ce fils de pêcheur s’acclimate à l’Institut islamique. L’immersion à ses côtés est une réussite. Ensuite, vient la phase du complot quand le gouvernement interfère dans l’élection du Grand Imam. Commence alors un jeu de poker menteur fantastique. Plusieurs « camps » sont impliqués. Notre jeune pêcheur, la sécurité d’état, et les prétendants au trône, chacun aura son intérêt. Cela forme une valse passionnante avec de nombreux retournements de situation. Pour autant, ça reste claire.
Mouais. Après une brillante introduction, ou l'on suit le jeune Adam faire ses premiers pas dans l'université Al-Azhar, l'histoire va s'etiolier peu à peu avec des rebondissements pas toujours clairs et logiques. Il y a toujours un côté combinard dans la nature humaine, que les convictions religieuses ne modifient guère. Le film est efficace mais nébuleux et assez dictatique , on aurait préféré un questionnement spirituel plus profond qu'une intrigue à tiroir qui m'a un peu perdu. Dommage notamment pour le jeune acteur très convaincant, et qui reprend le dessus sur l'histoire dans son épilogue final.
Un film excellent, que ce soit par son scénario d'une complexité et d'une maîtrise impressionnante, par sa réalisation discrète mais splendide qui maintient habilement le suspens et happe le spectateur de bout en bout, ou encore par sa distribution parfaite, que ce soit un Tawfeek Bahrom à la fois attachant dans sa candeur et génialement trouble et intelligent, ou encore (et surtout) Fares Fares, qui, après Le Caire Confidentiel, film précédent de Tarik Saleh, confirme qu'il est un grand acteur, dans un personnage tour à tour rassurant et terrifiant, inoffensif et redoutable, dérisoire et magnétique.